« Non à la coercition « ,  » Médecin, pas larbin « ,  » Coercition = fausse solution « ,  » On ne régule pas une pénurie « . Près de 500 blouses blanches en colère ont manifesté ce mardi à Nice, comme dans d’autres grandes villes en France. Une grande majorité d’internes en médecine, des étudiants mais aussi quelques médecins libéraux déjà installés en cabinet qui sont venus dire leur vive opposition à la proposition de loi Garot, du nom du député porteur, votée à l’Assemblée qui obligerait les jeunes médecins à s’installer dans les zones où l’offre de soins fait le plus défaut. Ils s’opposent aussi au « principe de solidarité obligatoire » que veut leur imposer le gouvernement de François Bayrou et qui les obligerait à faire deux jours par mois dans une zone sous-dotée.

« Il faut accompagner et non pas obliger »


Photos J. B..

« Nous n’avons pas envie de nous voir imposer des choses et nous voulons avoir la liberté de nous installer là où nous le souhaitons, confie une interne en médecine générale qui a pris part au cortège ce mardi matin après une garde d’une nuit à l’hôpital. Et pourquoi pas dans un désert médical dit-elle? Nous ne sommes pas contre, mais nous voulons le faire dans de bonnes conditions. Ce qui est bloquant dans ces zones c’est le manque d’attractivité et comme tous les Français nous avons aussi une vie de famille à construire, un conjoint qui doit aussi pouvoir travailler dans ces endroits. Il faut aussi favoriser les aides à l’installation qui ont été diminuées ces dernières années et pousser à la création de maisons de santé dans ces endroits pour nous permettre de travailler dans un exercice pluri-professionnel pour ne pas se retrouver seul à avoir la charge en soins de ces territoires. Il faut inciter et accompagner. Et non pas obliger! C’est comme ça qu’on y arrivera. »

« La Côte d’Azur est à elle seule un désert médical »


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Camille est une jeune médecin généraliste installée dans un cabinet à Nice. Ce mardi matin, elle a tenu à prendre part à ce mouvement de colère. « Je trouve aberrant, même deux jours par mois, qu’on m’impose d’aller consulter dans un désert médical. Je dis quoi à mes patients? Et puis la Côte d’Azur est à elle seule un désert médical. A Antibes, les médecins qui sont partis à la retraite n’ont pas été remplacés, à Nice, c’est compliqué aussi dans certains quartiers de la ville. La solution, c’est plus de médecins et une revalorisation de notre métier qui devient de plus en plus difficile. Il faut inciter les jeunes à s’installer et non pas les contraindre. C’est ce genre de mesure qui met à mal l’attractivité de la médecine libérale qui est déjà au plus bas et qui reste aujourd’hui le premier rempart du système de santé. »

« Il faut plus de médecins, c’est tout »


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« C’est un sujet qui revient régulièrement sur notre dos, explique Marc-Adrien, le président du bureau des internes niçois. Tout récemment, on a d’abord eu cette proposition de loi qui prône une régulation des installations en faveur des déserts médicaux. Puis le gouvernement a allumé son contre-feu vendredi, en présentant comme une alternative à la fin de la liberté d’installation ces deux jours imposés par mois aux médecins dans les zones prioritaires du territoire. Et c’est encore et toujours des annonces en demi-teinte! On n’a pas besoin de l’avis du gouvernement pour savoir que quand il manque des médecins à un endroit, d’autres y vont. Cela se fait déjà.

Face à ces déserts médicaux, et tout le pays est un désert médical, la seule solution c’est qu’il y ait plus de médecins demain. Ça fait trente ans qu’on prévient qu’il y aura un manque, 30 ans qu’on crie à l’aide et que personne n’écoute les professionnels de santé. Et au final on se retrouve aujourd’hui devant ce manque de médecins et avec les mêmes fausses mesures. Il serait temps qu’on prenne les choses en main avec de vraies solutions. »


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