Si vous êtes parfois resté bloqué au supermarché devant deux paquets de pâtes, l’un indiquant un « A » vert, et l’autre dévoilant une empreinte carbone précise (1,8 kg de CO2 par kilo), vous n’êtes pas seul. L’éco-étiquetage se développe partout en Europe, ce qui est une bonne nouvelle, mais les initiatives sont trop fragmentées. Il est donc urgent de l’harmoniser au sein de l’Union européenne, affirme dans une étude récente la chercheuse Camilla Galacho de l’Université d’Aarhus (Danemark).
Capharnaüm
« Les systèmes alimentaires contribuent à hauteur d’environ 30 % aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. Sans changements majeurs dans nos habitudes alimentaires et nos modes de production, les objectifs climatiques resteront hors d’atteinte, rappelle le communiqué. Ces petits pictogrammes et scores apposés sur les emballages, promettent d’orienter les consommateurs vers des choix plus écologiques et d’inciter les producteurs à adopter des pratiques plus durables. »
L’étude se base sur 31 écolabels alimentaires basés sur l’analyse du cycle de vie (ACV) dans l’Union européenne ainsi qu’au Royaume-Uni, en Suisse et en Norvège. Le constat est accablant. Les écolabels n’utilisent pas les mêmes unités fonctionnelles : impact par kilogramme, par portion ou par « unité alimentaire journalière ».
Seuls 34 % des labels prennent en compte la cuisson à domicile et la gestion des déchets. Enfin, certains sont focalisés sur l’impact climatique, alors que d’autres intègrent jusqu’à 16 paramètres environnementaux (eau, impact sur les sols, toxicité), et parfois des critères sociaux (bien être animal, droits humains).
Pistes de réforme
« Le paysage européen des écolabels est un ensemble disparate de systèmes indépendants, chacun avec ses propres indicateurs, méthodes de calcul et stratégie de communication, cingle l’étude. Deux labels évaluent le même produit, mais aboutissent à des résultats totalement différents, simplement parce qu’ils utilisent des méthodes de calcul différentes. Pour les consommateurs, c’est plus que déroutant ; cela mine la confiance dans le concept même d’écolabellisation. »
Par ailleurs, 74 % des labels utilisent un système de notation (couleurs, lettres) alors que d’autres sont binaires (soit le produit est « écolo », soit il ne l’est pas), tandis que certains combinent les grammes de CO2 et les notes. Selon le label, le bœuf peut être affiché à 0,15 kg de CO2 par kg ou à 24,4 kg par kg, soit un rapport de 1 à 163. Ce qui pose un gros souci de crédibilité.
« Les auteurs plaident pour une action urgente sur plusieurs points : des lignes directrices méthodologiques claires adaptées aux produits alimentaires, des règles transparentes concernant la qualité des données et des formats d’étiquetage normalisés qui concilient rigueur scientifique et clarté pour le consommateur », conclut le communiqué.