Laurent Ciubini coordonne Place publique pour les Alpes-Maritimes. Il est aussi un des négociateurs, en vue des élections municipales de Nice, pour le parti politique de centre gauche avec lequel Raphaël Glucksmann s’est classé troisième aux européennes de 2024.

Une ville que le cadre supérieur de 45 ans connaît bien pour avoir dirigé plusieurs de ses services, de 2007 à 2017, notamment les sports durant sept ans.

Christian Estrosi et Eric Ciotti ont tous deux quitté Les Républicains.

Où en est Place publique par rapport à la liste « Unis pour Nice » que conduit Juliette Chesnel-Le Roux, avec l’investiture des Ecologistes, du Parti communiste français et du Parti socialiste ?

Place publique milite depuis janvier pour l’union de la gauche. On a participé à toutes les réunions auxquelles on a été invité. Mais il n’y a pas d’accord possible. Plusieurs points nous posent problème. 1) La volonté de ne pas se retirer du deuxième tour en cas de triangulaire qui pourrait conduire à l’élection du Rassemblement national [RN]. 2) Juliette Chesnel-Le Roux veut fusionner avec La France insoumise au second tour. 3) Elle renvoie dos à dos Christian Estrosi et Éric Ciotti alors que ce dernier a fait le choix de s’allier au RN. 4) L’interdiction des jets privés, le retrait de Nice de l’organisation des Jeux olympiques de 2030 ne sont pas pour nous des priorités.

Alors quelles sont vos priorités ?

Rendre le logement abordable et diversifier les emplois, en dehors du tertiaire et du tourisme. Trop de gens, comme moi, partent de Nice pour travailler ou se loger. On n’est pas capables de garder nos talents à cause de ces deux facteurs. Viennent ensuite la sécurité, la propreté, la pauvreté.

Quels sont vos points de convergence ?

La sécurité avec laquelle la gauche ne doit pas avoir de complexe en militant pour la police de proximité insuffisamment mise en œuvre à Nice. La culture avec l’accès aux plus jeunes, un vrai théâtre. La volonté d’avoir un sport de proximité plus fort avec des structures en libre accès dans tous les quartiers…

C’est l’expertise de l’ancien directeur du service des sports ?

Il faut globalement qu’on réinvestisse dans la qualité de nos équipements sportifs, culturels, éducatifs, mais aussi nos routes, nos trottoirs. La municipalité sortante a travaillé mais il y a encore des choses à améliorer. L’action publique est difficile. Mettons notre énergie à construire plutôt qu’à détruire ce qui ne nous plaît pas.

Avez-vous échangé avec Christian Estrosi ?

Oui mais Place publique n’a pas la volonté de travailler avec la droite. C’est impossible. Place publique est à gauche, sur des valeurs écologistes, européennes, féministes… Humainement, je m’entends avec Christian Estrosi ; politiquement, non.

« Unis pour Nice » se fera donc sans Place publique ?

La porte n’est pas définitivement fermée. Mais on n’a aucun signal positif. La confiance ne s’est pas établie. Ils ont voulu créer une liste d’appareils et se sont réparti les places entre eux. Le grand vainqueur c’est le PC, au détriment du PS complètement cornérisé. Je ne comprends d’ailleurs pas comment il peut l’accepter. Les trois quarts de cette liste seront composés de gens issus des partis ; ce n’est pas la bonne démarche. La priorité devrait être de chercher des talents qui ont envie de faire progresser Nice. Tout l’aspect social-démocrate est oublié par la gauche, comme par la droite. Des Niçois ne sont pas représentés et ont envie de l’être. Il y a un vrai besoin.

Entendez-vous leur apporter une réponse ?

Place publique ne va pas faire une liste. On ne peut pas prôner la coconstruction et partir seuls. Mais une liste social-démocrate est en train de se monter.

Qui en est à l’initiative ?

Des gens de l’aile gauche d’Emmanuel Macron, de Territoires de progrès, du PS, des Verts et de Place publique. Mais ce n’est pas à l’initiative d’un parti. On est beaucoup à penser que c’est la solution. Il y a des gens très bien. Une cinquantaine. Ce n’est pas de l’esbroufe ou pour négocier des places sur la liste « Unis pour Nice. » Est-elle prête à changer de mode de travail ? Je n’en suis pas sûr. C’est pour ça que cette liste se monte.

En prendrez-vous la tête ?

Je n’ai pas cet ego. Si je devais choisir, ce serait Xavier Garcia [ex-secrétaire départemental du PS qui a rallié Place publique]. Il fait partie des discussions.

En avez-vous les moyens ?

On n’a pas des moyens considérables mais suffisants pour faire campagne.

Les ralliements de personnalités à la liste d’Éric Ciotti vous rassurent-ils ?

C’est une liste RN : c’est important de le dire. Je ne crois pas à la modération de cette liste que je combats. J’ai beaucoup d’affection pour Jean-Pierre Rivère [premier adjoint au maire en cas d’élection d’Éric Ciotti] qui a fait un travail incroyable à l’OGC Nice. Je ne sais pas ce qu’il fait là-dedans. Il ne veut pas être associé aux chefs du RN et je le comprends ! Éric Ciotti a voulu vendre le parti gaulliste aux poujadistes, il doit assumer. Rien ne me rassurera au sujet de cette liste d’extrême droite.

C’était un homme de droite qui avait peut-être des idées extrêmes mais qu’il n’exprimait pas. Aujourd’hui, il les exprime. Quand il annonce un audit des marchés publics, il met pour des raisons bassement populistes en doute la probité de 15 000 fonctionnaires de la Ville de Nice dont j’ai fait partie car ce n’est pas Christian Estrosi qui fait les marchés publics. Ça montre qui est Éric Ciotti. Et la politique d’austérité qu’il a mise en œuvre contre les plus démunis au Département, je n’en veux pas à la Ville de Nice.

Cette liste social-démocrate n’affaiblit-elle pas l’opposition à Éric Ciotti ?

Il faut répondre au désintérêt. Le pire serait que des gens raisonnables ne viennent pas voter. Une liste social-démocrate forte permettra de rééquilibrer les choses. Le débat est trop bas aujourd’hui.

C’est tous sauf Éric Ciotti ?

Il est évident que si Éric Ciotti est en mesure de l’emporter au second tour, on apportera notre soutien à celle ou celui qui pourra le battre.

Les échéances pressent…

Il faut que la tête de liste et ses principaux artisans soient connues au 15 janvier. Il reste peu de temps mais beaucoup de travail a déjà été fait sur le programme, les personnes…