l’essentiel
Assoiffé de vers, amateur de belles lettres et de rap mélancolique, mélodique et contestataire, le rappeur Dooz Kawa nous a quittés, non sans avoir marqué la musique et de nombreux Toulousains.

« Celui qui faisait partie du parti des oiseaux s’est envolé […] Il laisse derrière lui le rap en PLS et une tristesse infinie. » La triste annonce, tombée en fin d’après-midi le 29 décembre 2025, vient de Modulor Records, le label de l’artiste. Connu pour ses textes sophistiqués et ses instrumentales organiques aux influences tsiganes, Dooz Kawa était un rappeur unique. « J’essaie d’apporter quelque chose en plus, comme une approche philosophique ou poétique », nous avait confié Franck, de son vrai prénom.

"La musique n’est que partage", nous a un jour glissé l’artiste, résumant sa vision du monde.

« La musique n’est que partage », nous a un jour glissé l’artiste, résumant sa vision du monde.
Modulor Record

Le quadragénaire a débuté le rap durant son adolescence à Strasbourg, via le collectif T-Kaï Cee. Depuis 2010, il a rappé auprès de noms d’horizons très variés, tels Gaël Faye, Hippocampe Fou, l’Académie de mandoline de Marseille ou Dorian Astor (philosophe et dramaturge de l’Opéra national du Capitole de Toulouse). Il avait aussi rejoint le collectif Soleil Noir en 2022.

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Dooz Kawa, c’est neuf projets remplis de « bouquets de proses », avec un goût pour les contrastes et les changements de registres. La douceur ne serait pas la même sans la vulgarité, aimait nuancer la « mauvaise graine », invitée par Normal Sup et Sciences Po pour des conférences sur l’art de la plume. Également engagé dans la protection de l’enfance, le lyriciste avait cofondé Étoiles du Sol, une association à Cadillac (Gironde) œuvrant pour l’éducation populaire à l’aide du rap et de la philo.

Papa d’un petit Toulousain, Dooz Kawa a donné quelques cours d’écriture poétique au Conservatoire de Blagnac, a joué sur les scènes du Metronum ou du Bikini et a vécu quelques années dans les travées d’une ville qu’il évoquait parfois au fil des rimes.

Soignant le jour, « Étoile du sol » et du rap la nuit, Dooz Kawa vivra toujours à travers une discographie à la poésie infinie, trempée dans une sensibilité à fleur de peau. Des poèmes rappés (« Histoire d’Eau »), aux envolées à guitare manouche (« Me faire la belle », « La Résistance »), en passant par les pamphlets engagés (« Dieu d’amour »), ses textes nourris de références littéraires, philosophiques, scientifiques ou culturelles continueront de s’écouter avec le cœur dans une main… et une encyclopédie dans l’autre.