l’essentiel
L’automobiliste sans permis qui a failli percuter de plein fouet une gendarme tarn-et-garonnaise à Noël a comparu ce mardi 30 décembre 2025 devant le tribunal correctionnel de Montauban. Il a été condamné à 18 mois de prison dont 12 de sursis probatoire pendant 2 ans.
La voix chevrotante, Sean, 25 ans, se confond en excuses. Pourquoi a-t-il refusé d’obtempérer aux gendarmes du peloton mobile qui tentaient de le contrôler, le 25 décembre, à Bioule ? « J’ai paniqué, je ne sais pas ce qui m’a pris. J’ai bien ralenti avant d’accélérer mais je vous assure que je ne l’ai pas vue », sanglote-t-il, ce mardi 30 décembre, face au tribunal correctionnel de Montauban.
À lire aussi :
Arrêté après avoir foncé sur une gendarme le jour de Noël : il encourt 14 ans d’emprisonnement
« Je sortais de chez ma belle-famille et j’ai voulu souhaiter la Noël à mes proches. Je crois que j’ai eu peur de tout perdre », poursuit celui qui circulait à bord d’une Peugeot 308, dont il n’est pas le propriétaire, sans permis. Et qui risquait donc, tout au plus, d’être reconvoqué ultérieurement par la justice. Même s’il semble empreint de remords, ce discours, la gendarme qui a failli être fauchée dans la manœuvre a bien du mal à l’entendre.
« Je n’aurai plus jamais la même appréhension »
Droite comme un I, elle débite. « J’ai intégré une unité de sécurité routière, je suis formée pour ça. En une fraction de seconde, j’ai vu arriver un véhicule foncer droit sur moi. Mais je n’ai pas signé pour risquer ma vie dès que quelqu’un veut se soustraire à un contrôle routier. Cela fait un an que je suis gendarme mais qu’est-ce qu’il me serait arrivé si mes collègues n’avaient pas crié mon nom ? » Son sang-froid est sidérant. « Pour moi aussi le 25, c’est la fête. Mais mon conjoint étant en Irak, quand je suis rentrée ce soir-là, j’étais seule. Et ç’a été compliqué… Désormais, je n’aurai plus jamais la même appréhension », observe la jeune militaire.
Son avocate enfonce le clou. « Le 25 décembre, tout le monde a envie d’être en famille. Mais les gendarmes sont présents sur les routes pour que chacun puisse rentrer en toute sécurité. Ce jour-là, elle était parfaitement visible, elle a tout mis en œuvre pour exercer son métier en toute sécurité. Suite à ces faits, c’est l’ensemble de sa carrière qui sera affectée. Les répercussions psychologiques sont à la fois immédiates et à venir », relève Me Elodie Monnet.
« Ces conducteurs qui considèrent que la vie est un jeu vidéo »
Ce n’est pas la procureure Alice Gardair qui affirmera le contraire. « Un espace de 30 à 50 cm. C’est ce qui a fait la différence entre une victime présente aujourd’hui et une infirme. Ou une table d’autopsie. C’est uniquement la chance, son professionnalisme et sa réactivité qui lui permettent d’être ici », analyse la représentante du ministère public. Selon elle, il y en a assez de tous « ces conducteurs qui considèrent que la vie est un jeu vidéo ». « Et quand on voit des gyrophares et un véhicule sérigraphié, on appuie sur l’accélérateur et on tente sa chance ! »
Puis la procureure rappelle que Sean a, à plusieurs reprises, nié sa responsabilité dans les faits qui lui sont reprochés. « Le refus d’obtempérer s’est produit vers 17 h 15 et à 18 h 14, il se filmait à bord d’une grosse cylindrée sur une route départementale. Ce n’est pas l’attitude de quelqu’un qui prend conscience qu’il a fait quelque chose de grave », regrette Alice Gardair qui requiert notamment 18 mois de prison, dont 6 ferme et assortis d’un mandat de dépôt.
En défense, Me Alexia Rossiqué encaisse. « Il faut une peine qui le marque mais pas qui l’empêche », insiste l’avocate qui plaide pour un aménagement de peine. Elle rappelle ainsi les garanties de son client, son contrat de travail en cours, les difficultés rencontrées lorsque son fils prématuré est né. Pour autant, sur son casier, une seule mention datée de 2023 : conduite sans permis et usage de stupéfiants. Cette seule infraction entraîne donc l’état de récidive légale retenu par le parquet. Peine encourue : jusqu’à 14 ans d’emprisonnement.
La cour de la présidente Emmanuelle Yvert n’est pas allée jusque-là. Sean est condamné à 18 mois de prison, dont 12 de sursis probatoire pendant 2 ans. La partie ferme pourra être aménagée sous le régime de la détention électronique. Travail, soins, dédommagement de la partie civile : telles sont ses obligations pendant 2 ans. En outre, le jeune homme devra participer, à ses frais, à un stage de sensibilisation à la sécurité routière. Enfin, il devra s’acquitter de 1 500 € au titre du préjudice moral de la gendarme et 600 € pour qu’elle honore ses frais d’avocat.