CRITIQUE – Pour Netflix, Alain Chabat est aux commandes d’une adaptation en série animée de l’album « Le Combat des chefs ». Encore une réussite.
Mission Cléopâtre , qu’il a écrit et réalisé, est devenu un film culte, avec quelque 15 millions de spectateurs en salle à sa sortie, en 2002, et des cartons d’audience à chaque diffusion sur le petit écran. Mais, Alain Chabat le répète à l’envi, il n’en aura jamais fini avec Astérix et Obélix . Le voilà donc aux commandes d’une série d’animation basée sur Le Combat des chefs (album paru en 1966), sur laquelle il a travaillé comme auteur et coréalisateur durant cinq années pour Netflix .
« C’est un album “village” et j’avais déjà adapté un album “voyage” avec Mission Cléopâtre, en Égypte, confie-t-il au Figaro pour expliquer son choix. Ça me permettait d’explorer quelque chose de nouveau. Je ne peux réfléchir qu’en me demandant : “Qu’est-ce qui me motive et me fait plaisir, surtout que l’aventure est longue ?” Par ailleurs, il s’agit d’un album où les Gaulois sont vraiment en danger, car le druide est fou et amnésique et n’a plus aucune idée de la façon de fabriquer la potion magique. Enfin, il y a toujours un commentaire sociétal dans les albums d’Astérix, et celui-là offre des résistants, des envahisseurs et des collaborateurs. Il permet une bonne dynamique, avec des méchants rigolos. »
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Troupe de Romains
La série s’ouvre sur un papillon dans un champ de marguerites. Le sol vibre. Une troupe de Romains arrive… Tabassage en règle par les irréductibles Gaulois, musique jazzy, bulles d’onomatopées vintage très pop art… Nous sommes évidemment en 50 avant Jésus-Christ. Mais, divine surprise, pas seulement. Alain Chabat nous offre un savoureux flash-back vingt-huit ans plus tôt, avec Astérix et Obélix enfants, le secret de la potion magique et la fameuse chute dans la marmite de Panoramix… Une époque où Idéfix n’est encore qu’un charmant petit jouet en bois ! « Il existe une aventure illustrée, avec des textes et quelques dessins, qui s’appelle Comment Obélix est tombé dans la marmite du druide quand il était petit, précise-t-il. Cette version n’est pas exactement la même que celle que je propose, mais nous sommes partis de là. Ce sont deux comédiennes qui ont fait les voix ».
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Le casting ? Un des plaisirs de cette série, qui n’a pas été doublée, mais dont l’animation a été faite sur les voix des comédiens. Alain Chabat prête son timbre à l’irréductible petit héros. Face à lui, Gilles Lellouche retrouve Obélix, qu’il a incarné, avec bonheur, dans le film de Guillaume Canet. « Quand j’ai proposé à Gilles de faire Obélix, il m’a tout de suite dit : “Et donc, toi, tu fais Astérix ?” Cela a créé la dynamique de ce duo », note Alain Chabat. Jérôme Commandeur joue la maman de César et Black Angus, hilarant commentateur du fameux combat. Jeanne Balibar est un druide aux accents délicieusement psy. Laurent Lafitte, lui, porte haut les lauriers de César. « C’est un grand méchant, comme les méchants de Disney, très théâtral. Quand on enregistre les voix, si on reste dans un naturalisme cinématographique, ça paraît très plat. Il faut pousser le jeu assez loin pour être au niveau de l’énergie de l’animation. On peut en faire des caisses, j’adore ! », s’enthousiasme l’ancien pensionnaire de la Comédie-Française.
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Alain Chabat se plaît à jouer sur tous les registres de l’humour avec un égal talent. Sa BO est soignée et punchy. La qualité de l’animation d’une incroyable finesse – jusqu’à la reprise des braies d’Obélix ! Avec, en filigrane, des réflexions sur le pouvoir, la médiatisation, l’émancipation des femmes via notamment une charmante et futée petite héroïne, une jolie ode à l’amitié et un final à suspense d’une dimension épique dans un parc d’attractions : « l’assurancetourix » de 5 × 26 minutes de pur plaisir pour tous les publics !
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