L’enseignante du lycée Jean-Monnet de Libourne était prétendument visée par des menaces de mort et de viol, sur fond de racisme, depuis décembre 2023. Les enquêteurs ont découvert qu’elle avait acheté la carte SIM qui a émis les derniers SMS de menaces.

Si les faits sont avérés, l’histoire est ubuesque. Une enseignante du lycée Jean Monet à Libourne a été placée en garde à vue, mardi, des chefs de «dénonciation mensongère à une autorité judiciaire entraînant des recherches inutiles» et «d’escroquerie aggravée», déclare le procureur de la République de Libourne, Loïs Raschel, confirmant une information révélée par Le Résistant .

À quatre reprises, depuis le 4 décembre 2023, la suspecte s’était dite victime de menaces de morts et de viols ayant naturellement conduit l’Éducation nationale à la soutenir et à la faire disposer de la protection fonctionnelle. Elle avait aussi bénéficié de plusieurs arrêts maladies, indiquant être en état de choc. Et pour cause : violente et raciste, la première missive présentée à l’époque comme la visant indiquait par exemple : «Les Arabes du lycée, on doit les tuer. Je vais les saigner comme les cochons de mon grand-père.» Les deux courriers suivants qui étaient de teneur similaire, avaient entraîné de vives réactions de soutien du corps professoral – comme la première fois.

Lors de la quatrième salve dans ce dossier, les menaces de mort et les incitations au viol – toujours ponctuées d’insultes racistes – avaient pris une autre forme… Celle d’un SMS anonyme, envoyé à un étudiant, qui était incité à relayer sur les réseaux sociaux ces menaces envers sa professeur. C’est ainsi que la victime est devenue suspecte aux yeux de la section de recherches de la gendarmerie nationale.

Prise la main dans le sac

Selon plusieurs sources concordantes du Figaro, les enquêteurs ont en effet découvert le pot aux roses en étudiant la téléphonie de ce dossier. Envoyé depuis un portable Lyca (communément utilisé par les trafiquants de drogue car il peut être acheté sans justificatif d’identité), le quatrième message avait pour émetteur une carte SIM prépayée et achetée dans un bureau de tabac. Or, les enquêteurs sont parvenus à identifier ce dernier. En consultant les archives de la caméra de vidéosurveillance de l’établissement, ils ont alors découvert une image où la professeur était en train d’acheter ladite carte SIM.

Bien que les preuves soient accablantes, l’enseignante demeure présumée innocente jusqu’à son jugement. Toujours entendue par les enquêteurs ce mercredi, elle a déjà partiellement avoué les faits d’après les informations dont nous disposons. Contacté, le rectorat de Bordeaux se refuse pour l’instant à commenter les faits.