Par

Anaelle Montagne

Publié le

1 mai 2025 à 6h32

Les crimes et délits, qui étaient en hausse depuis plusieurs années à Bordeaux, semblent se stabiliser. C’est en tout cas la tendance qui se dessine, d’après derniers chiffres du ministère de l’Intérieur sur l’année 2024. Mais le sentiment d’insécurité des Bordelais ne se dissipe pas. Et pour cause : les années précédentes, la Belle endormie a rattrapé les autres métropoles en matière d’insécurité. Une situation sur laquelle la mairie écolo planche… insuffisamment, selon la droite.

« Refaire de Bordeaux une ville forte »

« Les Bordelais se sentent en insécurité et nous devrions nous concentrer à refaire de Bordeaux une ville forte, dans laquelle ne se rajoute pas à l’insécurité mondiale, l’insécurité du quotidien », soutenait Alexandra Siarri, élue du groupe d’opposition Bordeaux Ensemble, lors du dernier conseil municipal.

Les chiffres du service statistiques du ministère de l’Intérieur vont dans son sens, jusqu’en 2023 : la délinquance a augmenté d’environ 25% entre 2016 et 2019 dans la capitale girondine. Elle a connu une nouvelle hausse de 9%, plus légère donc, entre 2019 et 2023. 

En cause ? « On a observé une augmentation des flux », notamment par la LGV et les programmes immobiliers développés par Alain Juppé sur la fin de son mandat, « et cela implique une hausse des phénomènes de délinquance dans les métropoles », indique Marc Etcheverry, adjoint au maire en charge de la sécurité. 

Sans oublier l‘augmentation de la précarité et des pathologies mentales en France : l’État « ne met pas assez de moyens pour accueillir, héberger et soigner les personnes en difficulté, ce qui se traduit par des difficultés qu’on doit gérer dans nos rues, sur la voie publique », soutient l’adjoint au maire.

Bordeaux « se banalise » en termes de délinquance

L’augmentation de la délinquance entre 2016 et 2023 est un signe évident que Bordeaux, autrefois la Belle endormie, a rattrapé son retard en matière d’insécurité par rapport aux autres grandes métropoles. 

Suite à l’attaque au couteau sur le miroir d’eau, Pierre Hurmic s’était exprimé à ce propos : « Bordeaux se banalise : après avoir été relativement épargnée pendant très longtemps, on rejoint les plus grandes villes de France dans lesquelles il y a une violence très préoccupante. »

En effet, d’après le classement du Figaro, Bordeaux se place dans le top 10 des villes les plus touchées par de nombreux délits (cambriolages, escroqueries, vols violents avec et sans arme, vols sans violence contre les personnes, vols dans les véhicules et dégradations volontaires). 

Peu après sa prise de fonction début 2025, le procureur Renaud Gaudel confirmait cet effet de « normalisation ». Il relatait toutefois que Bordeaux reste plus calme que d’autres grandes villes, comme Toulouse ou Nantes (où il exerçait précédemment ses fonctions), plus touchées par la grande délinquance.

Bordeaux devient-elle Chicago ?

« Non, Bordeaux, ce n’est pas Chicago », tranche de son côté l’adjoint en charge de la sécurité en référence à un récent article du Parisien. Il rappelle l’investissement de la mairie en matière de sécurité, insistant sur le fait que sa prévention et sa gestion s’améliorent depuis l’arrivée de Pierre Hurmic.

Les chiffres du ministère de l’Intérieur de 2024 indiquent en effet que la délinquance se stabilise en ce qui concerne plusieurs types de délits : comparé à 2023, le nombre de cambriolages a baissé de 0,74%, tout comme le nombre d’escroqueries (-0,54%), les violences sexuelles et intrafamiliales (-0,23% pour chaque), et les vols dans les véhicules (-1,39%).

Attention, cependant. L’usage de stupéfiants a augmenté de 0,43%, les vols violents sans arme de 0,26%, même si Bordeaux reste loin derrière les autres grandes métropoles sur ce type de délit. Les chiffres du trafic de stupéfiants et ceux des vols avec arme, eux, n’ont quasiment pas évolué. 

Le budget en matière de sécurité questionné

Dans une longue analyse de ces données, le groupe d’opposition Renouveau Bordeaux mené par Thomas Cazenave fustige la gestion de la sécurité par la mairie. Il déplore notamment le budget de Bordeaux en la matière : 39 euros par habitant, tandis qu’en moyenne, les autres grandes villes investissent 72 euros par habitant.

Thomas Cazenave propose donc d’investir 15 à 20 millions d’euros du budget annuel de la ville dans la gestion de la sécurité. Pour rappel, le budget global de Bordeaux était de 619 millions d’euros en 2024.

La mairie, elle, insiste sur la viabilité de sa stratégie en matière de sécurité. Pour rappel, le premier édile a récemment annoncé la création d’une brigade de police municipale équipée d’armes létales, qui devrait arpenter les rues de la ville dès la mi-juillet. Marc Etcheverry continue de réclamer davantage de moyens de la part des services de l’État. 

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