Les avocats de la famille d’Aboubakar Cissé, tué dans une mosquée à la Grand-Combe (Gard), vont déposer plainte pour assassinat à caractère terroriste ce vendredi 2 mai, a appris BFMTV de source proche de l’enquête, confirmant une information du Parisien. Ils souhaitent que des magistrats spécialisés se penchent sur le dossier et évaluent le caractère potentiellement terroriste de cet assassinat.

Dans cette plainte avec constitution de partie civile que BFMTV a pu consulter, les avocats, Me Battikh et Me Bouzrou, rappellent les conditions dans lesquelles le jeune homme, d’origine malienne, a été assassiné dans une mosquée « de plus d’une quarantaine de coups de couteau » par un homme qui ne le connaissait pas.

Alors qu’il se savait filmé par des caméras de vidéosurveillance, l’assaillant n’a pas tenté de dissimuler son acte. « Le mode opératoire de cet assassinat a été choisi pour terroriser les personnes qui trouveraient son corps, qui auraient accès aux images de la vidéo surveillance et qui seraient informées des circonstances », estiment-ils.

« Terroriser le grand public »

Le lieu du crime est aussi de nature à révéler une entreprise terroriste, selon eux: « Le choix de commettre un assassinat dans un lieu de culte censé représenter un lieu de paix pour les croyants démontre que l’auteur des faits avait, outre l’intention de tuer, une intention de troubler plus hautement l’ordre public en intimidant et terrorisant notamment les personnes de religion musulmane. »

Juste après les faits, l’assaillant a réalisé une vidéo montrant « le grand couteau » ensanglanté, arme du crime, et le jeune homme « au sol agonisant ». « Dans cette vidéo publiée sur les réseaux sociaux, il revendique son acte en tenant les propos suivants ‘ton allah de merde… je lui ai planté les fesses (…) ton allah de merde… enculé' », détaillent les avocats.

« Il indique également envisager de commettre d’autres assassinats, ce qui est de nature à intimider et terroriser le grand public, et notamment les personnes de confession musulmane se rendant à la mosquée », précisent encore Me Battikh et Me Bouzrou.

« Au regard des circonstances des faits, il est incompréhensible que le caractère terroriste de cet assassinat n’ait pas été retenu dans la qualification juridique des faits », écrivent-ils pour justifier cette nouvelle plainte.

Le suspect va être remis à la France

Par la suite, le magistrat qui sera destinataire de cette plainte, vendredi, peut, après analyse, soit rendre une ordonnance de refus d’informer, laissant l’instruction actuelle se poursuivre au parquet de Nîmes, soit il ouvrira une nouvelle instruction judiciaire pour assassinat à caractère terroriste et nommera un juge d’instruction à Paris, spécialisé dans l’antiterrorisme.

Aboubakar Cissé, un Malien âgé d’une vingtaine d’années, a été tué de plusieurs dizaines de coups de couteau par un homme alors qu’il se trouvait dans une mosquée à La Grand-Combe, vendredi matin.

Olivier A., 21 ans, soupçonné d’être l’auteur des faits, a pris la fuite après le meurtre. Répéré dans l’Hérault dimanche matin, il avait échappé aux autorités et avait pris la direction de l’Italie. Il s’est finalement rendu de lui-même dans un commissariat à Pistioa, au nord de Florence, dimanche soir.

Présenté à un juge mercredi, le jeune homme a accepté d’être reconduit en France, où il doit être mis en examen. Son retour devrait être possible mi-mai, selon son avocat.

Article original publié sur BFMTV.com