Par
Jessie Leclerc
Publié le
1 mai 2025 à 17h57
On fait un saut au marché ? Celui du Clos Saint-Marc, à Rouen (Seine-Maritime), est un marché pas comme les autres, un monde à part en plein cœur de la ville. C’est en se rendant sur place que l’on comprend toute la ferveur qui l’entoure, toute sa vie, toute son importance. À travers les allées, les étals, les senteurs et les couleurs, rencontre avec certains de ceux qui le font vivre.
Retour sur ses origines
Avant toute chose, un peu d’histoire ne fait pas de mal. Le marché du Clos Saint-Marc, installé tout bonnement sur la Place Saint-Marc, est devenu, avec le temps, l’un de ces lieux emblématiques de la ville où nombre d’habitués ne se lassent pas d’aller. Son origine remonte au Moyen Âge, lorsque la place était déjà un centre de commerce animé. Une chapelle dédiée à Saint Marc y était présente, donnant à l’endroit un droit de marché.
Chaque allée du marché a une atmosphère différente. Sous les halles, c’est l’alimentaire qui prime. (©JL/76actu)
Finalement, le marché Saint-Marc tel que nous le connaissons aujourd’hui a été établi en 1834. Au fil des siècles, le marché a évolué, avec la construction de halles en 1846 puis d’une salle de sport, plus d’un siècle après. Cette dernière a été démolie en 1990 pour laisser place à son aménagement actuel. Aujourd’hui, le marché Saint-Marc est l’un des plus grands marchés de l’agglomération rouennaise. Ce qui a fait de lui le « plus beau marché de Haute-Normandie » en 2024 et l’un des 24 marchés en France ayant reçu le plus de votes pour la finale nationale du concours « Votre plus beau marché » organisé par TF1 cette même année.
Une ambiance particulière
Nous nous sommes rendus sur place deux jours de suite, un samedi et un dimanche matin, dernier week-end d’avril, aux alentours de midi. En ce week-end ensoleillé, les étals sont remplis de produits de saisons tous aussi alléchants les uns que les autres. Les allées sont noircies par la foule, les voix des marchands résonnent de part et d’autre de la place.
Ça crie, ça rigole, ça bavarde, ça se hèle par les prénoms ou les surnoms. Les habitués croisent les touristes, les familles viennent en bande, les amis et voisins s’y retrouvent. C’est vivant, comme un village éphémère qui renaît plusieurs fois par semaine, un lieu où producteurs, commerçants, artisans et clients créent ensemble une ambiance unique.
Et on y trouve de tout !
Dès qu’on pose un pied sur la place, on est saisi par le tourbillon des couleurs, des odeurs et des sons. Il faut dire que l’on y trouve de tout. Des traditionnels fruits et légumes aux objets plus insolites, il y a tout un tas de choses. Ici, chaque allée a sa propre ambiance. On passe des bouquets de fleurs aux stands de vêtements et d’accessoires, des étals de fromages aux traiteurs exotiques, du pain d’épices aux plantes en pot. Les drapeaux flottent, les ceintures s’alignent, les livres et les DVD attendent d’être chinés. C’est un peu comme un joyeux désordre organisé.
Les visages du marché
Au cœur de cette effervescence, ce sont les producteurs qui donnent le ton. Leur travail, souvent invisible, est loin d’être de tout repos. Ils se lèvent à l’aube, préparent leurs marchandises, se déplacent et font parfois pas mal de kilomètres avant d’arriver à bon port, installent tout, puis commencent à vendre jusqu’au moment de tout remballer. Tout ça presque sans pause. À côté, ils travaillent toute la semaine pour produire ce qu’ils proposent le week-end. Malgré la fatigue, ils sont là, souriants, passionnés, toujours prêts à conseiller et à discuter.
Parmi eux, on retrouve Christophe 68 ans, de la ferme de Beaulieu et sa femme Nadine. Ils s’installent chaque semaine sur le marché depuis 1984 et y proposent leurs fromages de chèvre, cendrés, frais, secs, en forme de cœur ou de pyramide. Christophe, bientôt à la retraite, reste attaché au marché : « C’est vital pour le commerce et pour ce que l’on appelle le lien social. »
Christophe continue de vendre son fromage de chèvre sur le Clos Saint-Marc, bien que sa retraite approche. (©JL/76actu)
Il nous explique être fatigué par les naissances des chevreaux, mais malgré son manque de sommeil, il ne s’arrête pas. « On cherche des repreneurs depuis 4 ans. En attendant, on continue de venir ici, on est des amoureux du Clos », confie-t-il.
Nguyet, elle, fait de la cuisine vietnamienne. À 38 ans, elle tient son stand depuis mai 2015, soit bientôt 10 ans, avec une belle énergie et toujours avec le sourire. Elle aime Rouen, et surtout l’ambiance du marché : « Les gens ici sont très gentils. Je vis à Louviers, mais ici il y a plus de travail, plus de vie. »
Nguyet gère un étal de traiteur vietnamien, un stand plein de bonnes odeurs. (©JL/76actu)
Et puis un peu plus loin, on peut apercevoir Alina et Laurent, maraîchers depuis bientôt vingt ans. Ils cultivent leurs légumes à Émanville, un village au-dessus de Barentin. C’est d’abord Laurent qui a commencé à s’installer au Clos Saint-Marc. « Mon mari y était déjà en 2006 », raconte Alina, 41 ans. Pour elle, « on ne vient pas que vendre ici. L’ambiance est très particulière ».
Alina aime venir sur le marché Saint-Marc, chaque semaine, pour y vendre ses légumes bios. (©JL/76actu)
Ce que la productrice aime ici, c’est « l’éducation des gens, ils aiment échanger, cuisiner, et respectent notre travail, ils savent que l’on propose des légumes uniquement de saison et sont compréhensifs sur ça, car, oui, chez nous on ne trouve pas des tomates en avril. »
Le choix de vendre en direct
Tous ces producteurs tiennent à ces moments de vente en direct. Pour certains, c’est une contrainte, mais pour beaucoup, une vraie volonté. Ce qu’ils veulent ici, c’est remettre leur travail en main propre, parler avec leurs clients et recevoir des retours. On les entend prendre des nouvelles des uns des autres, partager des recettes et des astuces.
Ils créent du lien. Alors certes, c’est moins rapide qu’au supermarché, devant certains étals, les files d’attente s’allongent un peu, mais finalement n’est-ce pas ça qui fait son charme ? On prend son temps. On vient au marché pour les bons produits, mais on y reste pour l’ambiance. On s’y attarde un peu pour un mot sur le pantalon qui nous va le mieux, sur la fleur du moment, pour un conseil de cuisson… Bref, pour du partage.
Infos pratiques :
Mardi, vendredi et samedi : de 6h à 18h et dimanche : de 6h à 13h30.
La brocante, lieu de prédilection des chineurs, est présente du vendredi au dimanche.
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