Un pont du 1er Mai au parfum estival. Après des températures « dignes du plein été » mercredi, notamment sur la moitié nord où il a fait entre 25 à 29 °C, le thermomètre va encore grimper ce jeudi, pour atteindre fréquemment 26 à 30 °C, selon Météo France.

Une fois n’est pas coutume, les Nordistes vont encore transpirer un peu plus que la moyenne. « Depuis le début de cet épisode de chaleur mardi, c’est au nord de la Seine qu’on trouve les températures les plus élevées », confirme au Parisien Gilles Matricon, météorologue pour La Chaîne Météo, précisant que « des records de chaleur ont été battus mercredi à Rouen, Lille, Dunkerque ». « C’est un peu la France à l’envers », ajoute le spécialiste.

Une chaleur due à la combinaison de deux phénomènes

Ce jeudi, c’est bien la capitale qui sera « la ville la plus chaude de France », avec un thermomètre qui pourrait afficher plus de 30 °C dans l’après-midi, selon l’expert. « On est sur des températures de 10 degrés au-dessus des normales de saison en moyenne, qui seront même supérieures à celle d’un plein été dans l’après-midi », explique Gilles Matricon.

Mais si la partie nord de la France a des airs de mois d’août cette semaine, ce n’est pas un hasard. Cette chaleur est due à la combinaison de deux phénomènes : « La première raison, c’est la présence d’un anticyclone qui persiste sur le nord de la France et qui réchauffe l’air sur place, ça fait un effet de pompe à chaleur », liste le météorologue.

La deuxième raison, « c’est la présence d’un vent du Sud, issu d’une dépression au Portugal, qui accentue ce phénomène », ajoute-t-il. C’est d’ailleurs pour cette raison que le sud de la France est moins touché par cet épisode de chaleur, selon l’expert : « Les régions méditerranéennes reçoivent un vent plus frais, venant de la mer, donc ça tempère la hausse des températures. »

Un phénomène précoce

Ce niveau de chaleur est-il pour autant hors-norme ? « Il n’est pas exceptionnel, mais il est remarquable », estime Gilles Matricon. D’abord par sa durée, selon le spécialiste, qui rappelle que l’épisode « a débuté mardi et qu’il doit durer jusqu’à vendredi, soit quatre jours ». Ensuite, par sa localisation, « le Nord étant souvent moins concerné par les épisodes de chaleur que le Sud », ajoute-t-il.

Mais ce qui le rend remarquable, c’est « surtout sa précocité et ses records battus », estime l’expert. À Paris, où le thermomètre pourrait atteindre les 30 °C ce jeudi, le précédent record de température un 1er mai est survenu en 2005 avec 28,7 °C enregistré à l’époque. « 30 °C dans la capitale un 1er mai, ça n’est jamais arrivé depuis la création des relevés », note Gilles Matricon. En moyenne, depuis 1991, c’est le 16 juin que la température atteint pour la première fois à Paris les 30 °C dans l’année, selon les données de Météo France.

Si ces épisodes de chaleurs ne sont pas inhabituels, « ils sont de plus en plus fréquents et de plus en précoces » en France depuis la fin des années 1980, estime l’expert, « notamment en raison du réchauffement climatique ». Et pour les prochains jours ? À partir de samedi, « l’été, c’est terminé », note Gilles Matricon. Le temps va se dégrader entre samedi et dimanche et les températures vont chuter en dessous des normales de saison. « Ça va être brutal, on va passer de l’été à l’automne au cours du week-end », prévient le spécialiste.