Par

Juliette Cardinale

Publié le

2 mai 2025 à 6h36

En février 2023, Hedi Ghozzi avait tout pour être un heureux propriétaire. À 32 ans, son logement neuf venait d’être livré dans une nouvelle résidence de la rue Mouneyra à Bordeaux. Mais il a rapidement déchanté : les semaines et les mois passent, les catastrophes s’enchaînent. Deux ans après la livraison du logement, lors du week-end de Pâques, il a passé son temps à éponger chez lui, sans électricité. « J’ai des infiltrations dans chaque chambre, dans la cuisine et dans le placard électrique », liste le propriétaire. Ce n’est pas faute d’avoir alerté le promoteur.

Des problèmes « dès le premier jour »

Les infiltrations sont apparues « dès le premier jour ». En fait, avant même la livraison, il avait repéré des problèmes. « Quand je suis venu avant, on voyait des taches de moisissures dans le haut du placard d’électricité », explique Hedi Ghozzi. « À la livraison, ils m’ont dit qu’ils avaient fait des recherches et que le problème venait d’une fenêtre laissée ouverte pendant le chantier. »

Les infiltrations à l'étage dans le logement neuf d'Hedi.
Les infiltrations à l’étage dans le logement neuf d’Hedi. (©actu Bordeaux / Juliette Cardinale)

Problème : en octobre 2023, l’électricité saute et il constate que des taches de moisissures sont réapparues. « Ils ont dit qu’ils étaient désolés et ils ont envoyé un artisan », concède Hedi Ghozzi, « mais rien n’a été réglé ». Pendant un an, il signale chaque souci au promoteur car la garantie de parfait achèvement est valable. Il se doute que les problèmes sont liés à l’étanchéité du balcon, mais rien n’est prouvé.

« Au bout d’un an, ils m’ont dit qu’ils n’ont pas réussi à trouver et de voir avec l’assurance. Et je me suis retrouvé seul avec l’assurance de la garantie décennale », soupire Hedi Ghozzi.

Mais l’assurance prend également du temps : « Finalement, ça traîne depuis deux ans. L’électricité qui saute parfois, c’est quand même dangereux. Je pensais que ça allait être considéré comme urgent, mais rien ne bouge… »

En février 2025, des recherches de l’assurance s’intéressent à l’étanchéité du balcon mais d’après Hedi, les problèmes se sont aggravés. Le 23 du mois, l’électricité saute sans arrêt. « Il y a eu des trous de faits, ça a été remis mais sans bien être réparé au-dessus. J’ai dû faire venir un électricien en urgence. Et à Pâques ça recommence, mais avec beaucoup plus d’eau parce qu’on a laissé traîner. »

Le week-end de Pâques, « la catastrophe »

Ce week-end-là, des trombes d’eau s’abattent sur la métropole girondine et c’est le déluge. La pluie s’accumule sur le balcon, et tombe plus fort que jamais à l’intérieur du placard d’électricité. Mais elle suit aussi des câbles, et des infiltrations apparaissent sur le plafond. Pire, il pleut dans sa cuisine.

Je ne savais pas quoi faire. L’eau tombait de partout et l’assurance ne marchait pas le week-end. C’était la catastrophe. J’ai rappelé l’électricien et on a fait une installation temporaire.

Hedi Ghozzi
Propriétaire

Dans le placard d’électricité, des bâches permettent de recueillir et dévier l’eau vers une bassine. Comme ça ne suffisait pas, de la mousse expansive a été utilisée pour empêcher l’eau d’accéder aux tuyaux.

« J’ai acheté des bâches en catastrophe pour le balcon », ajoute le propriétaire. Une fois installées, il allait les vider régulièrement. « Les planches étaient penchées à cause de l’eau ». Quelques jours après, l’assurance fait venir une société pour établir un devis et pomper toute l’eau : des litres sortent de la machine.

Chez lui, la plupart des plafonniers ne fonctionnent pas, tout comme les volets roulants. Très peu de prises électriques marchent : deux dans la cuisine, celles de la salle de bains.

Hedi s’est créé un bureau de fortune sur son îlot de cuisine, avec des rallonges et en évitant les gouttes du plafond. Il n’a pas internet et utilise constamment le partage de connexion de son téléphone. Pratique, pour un ingénieur informatique en télétravail. « Depuis Pâques, je bosse sous les gouttes », explique Hedi Ghozzi.

Rien n’avance

Impossible de revendre le bien en l’état, ni d’arrêter de rembourser son prêt à la banque. Deux ans après la livraison de son logement acheté presque 400 000 euros, le néo propriétaire a dépensé près de 2 000 euros en frais d’avocats et judiciaires. La situation pèse sur son travail, ses finances et son moral.

Le balcon est entièrement recouvert de bâches, qu'Hedi doit régulièrement vider.
Le balcon est entièrement recouvert de bâches, qu’Hedi doit régulièrement vider. (©actu Bordeaux / Juliette Cardinale)

Son assurance habitation ne prend pas tout en charge : « Je n’arrive pas à faire avancer les choses, c’est mon quotidien depuis deux ans. » En février 2023, à la fin de la première année, Hedi a participé au recours lancé par la copropriété en raison de problèmes d’infiltrations dans plusieurs logements.

« L’expert judiciaire n’est pas encore passé, il ne doit venir qu’en mai. Ensuite, il faudra deux ou trois mois pour avoir le rapport, nous a expliqué l’avocate », soupire le propriétaire. D’après lui, la société qui s’est occupée de l’étanchéité est en redressement judiciaire, compliquant les démarches.

Ça prend beaucoup d’énergie et de temps. La nuit, je me réveille dès que j’entends du bruit, j’ai peur que ça recommence à chaque fois. C’est un cauchemar.

Hedi Ghozzi
Propriétaire d’un logement dans une nouvelle résidence à Bordeaux

Aujourd’hui, Hedi désespère de ce premier achat : « On achète du neuf pour éviter les problèmes de l’ancien, et finalement on en a presque plus… »

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