« Une avancée significative ». C’est en ces termes que le groupe Quartus vient d’écrire aux propriétaires qui ont acheté, sur plan, un logement à L’Avant-Scène. Ils auraient dû prendre possession de leur bien fin 2023. Mais ce méga chantier dans le quartier du Grand Arenas a connu une avarie. L’aile est de ce paquebot de béton de 36.000m2s’était enfoncée de près de 16cm dans les sables mouvants de l’ancien lit du Var.
Depuis, les travaux sont à l’arrêt et un expert a été désigné par la justice. C’est lui qui doit valider la solution susceptible de mener ce projet immobilier à son terme. Or, depuis des mois, les avis divergent sur le sujet. Le promoteur parisien prône une reprise en sous-œuvre des fondations afin de conforter le bâtiment à l’aide de micropieux. Mais son assureur préférerait opter pour une démolition/reconstruction de la partie qui s’est affaissée. Sauf que le président de la Métropole Nice Côte d’Azur, Christian Estrosi, a annoncé qu’il n’accorderait pas de nouveau permis à l’Avant-Scène.
Un « avis favorable » à une réparation
Cette « contrainte administrative » semble, au final, avoir pesé dans la balance en faveur de Quartus et de sa « solution réparatoire ». Le groupe vient, en effet, d’écrire à ses clients qu’au terme d’une ultime réunion technique, qui s’est tenue le 16 avril dernier, l’expert lui avait « donné un avis favorable ». Alors qu’il se serait montré « plus réservé… s’agissant de l’alternative de démolition/reconstruction ». C’est en tout cas la lecture que fait le promoteur de ce rendez-vous qui selon lui marque « l’aboutissement du volet technique des opérations d’expertise ». Son compte rendu officiel est d’ailleurs « attendu très prochainement ».
Si le rapport de l’expert confirme l’option des micropieux, il ne restera plus qu’à mobiliser les assurances du chantier pour s’assurer qu’elles prendront en charge les surcoûts engendrés. Une facture qui pourrait osciller entre plusieurs centaines de milliers et quelques millions d’euros. « Immédiatement après cette étape inhérente au financement de ces travaux, nous assurerons une mobilisation complète des intervenants, déjà initiée, pour permettre le redémarrage des travaux », promet Quartus.
Assurances, responsabilités et indemnisations
Aucune date de reprise du chantier, et encore moins d’achèvement, n’est pour l’heure avancée. C’est pourquoi, Soizic Roquier, le porte-parole du collectif des propriétaires, se montre prudent. Même s’il convient que ces dernières nouvelles fournies par le promoteur sont plutôt « un signal positif ». Un « autre élément » de nature « à rassurer », selon lui, est « la poursuite des travaux d’expertise ». Quartus annonce en effet qu’indépendamment du « volet opérationnel », la mission judiciaire se poursuit pour confirmer « les causes du sinistre et la détermination corrélative des responsabilités des intervenants ».
À qui la faute? Là est la question. Et le représentant des dizaines de propriétaires, qui attendent toujours de pouvoir jouir du bien qu’ils ont acheté, sait bien que c’est d’elle dont dépend « l’indemnisation du préjudice » qu’ils ont subi.
Au moins quatre ans de retard
Le complexe immobilier de l’Avant-Scène devait initialement être livré fin 2023. Confronté à l’arrêt du chantier, le président de Quartus, Emmanuel Launiau, espérait en décembre de cette même année arriver à livrer son projet phare sur la Côte d’Azur avant le sommet de l’Océan qui doit se tenir à Nice… dans quelques semaines. Mais c’était avant que l’assureur du chantier ne demande à l’expert d’envisager et de chiffrer une démolition, tout au moins partielle du bâtiment.
Des pieux de 25 à 45mètres
Si l’hypothèse d’une démolition semble aujourd’hui s’éloigner, il va encore falloir mettre en œuvre l’option initialement prévue par le promoteur pour remédier aux désordres. Pour cela, l’ensemble du bâtiment – d’une emprise au sol de 7.000m2 – va être ceinturé à l’aide de micropieux qui n’ont de micro que le nom. Ces tiges d’acier de 30 à 40cm de diamètre s’enfonceront de 25 à 45m dans le sol.
En décembre 2023, Quartus tablait sur un calendrier d’un an et demi pour réaliser ces travaux de confortement et achever le bâtiment. Dès lors, on voit mal comment la livraison de l’Avant-Scène pourrait intervenir avant 2027… à condition que de nouveaux contretemps ne viennent pas encore retarder ce calendrier.