Le quartier bordelais en développement Canopia entre dans le vif du sujet. Le site de 4 ha a désormais été libéré de ses bâtiments : seules deux façades ont été conservées en place, et contreventées ou maintenues avec des micropieux. Le gros œuvre peut donc commencer, le lancement des travaux ayant été officialisé le 11 avril par la cérémonie de pose de la première pierre.

L’objectif de cette opération, menée par Apsys et conçue par la Maison Edouard François et le paysagiste Michel Desvigne, est de relier la gare Saint-Jean à la Garonne. Ce lien se matérialisera par une rue-parc piétonne de 600 m de long dont les dimensions correspondent à celles du cours d’Alsace-et-Lorraine, grande avenue du centre de Bordeaux, dans le souci de respecter les codes urbains de la ville historique. Le projet prévoit 1,3 ha d’espaces extérieurs, 30 000 m² de commerces, 15 000 m² de restauration et loisirs, 6 600 m² de bureaux, 12 000 m² d’hôtellerie, 6 400 m² de logements et six rooftops. Les entreprises GCC (mandataire) et Demathieu-Bard, constituées en groupement, réaliseront le gros œuvre tandis qu’Equans, Hervé Thermique et Ceme se chargeront des lots techniques.

Six mois gagnés grâce au « top and down »

Pour répondre aux délais – non extensibles car l’investisseur a déjà annoncé la livraison du site en une seule phase et son ouverture à l’automne 2027 -, GCC et Demathieu-Bard auront recours à la technique du « top and down ». Mathieu Chatenet, architecte associé de la Maison Edouard François, explique : « Sur l’îlot Descas, nous construisons la superstructure et l’infrastructure en même temps. Les entreprises vont réaliser les parois moulées du parking souterrain de 630 places et couleront ensuite une dalle afin que les travaux du bâtiment puissent démarrer. Les quatre sous-sols du parking seront creusés au fur et à mesure. » La fosse de 18 à 20 m de profondeur ne sera jamais visible. « Cette méthode, demandée par le client, va nous faire gagner six mois », ajoute Patrick Dubourg, directeur général adjoint de GCC. Onze grues – dont dix déployées en même temps – s’installeront sur le chantier des deux premiers îlots, Descas et Saget. Le troisième, Les Terrasses, plus modeste et situé en bord de Garonne, ne commencera qu’en fin d’année, voire début 2026. L’appel d’offres est en cours.

Les essais pour réaliser les façades en pierres réemployées, éléments essentiels de l’opération Canopia, vont démarrer ce mois-ci au sein du CSTB. Une fois les process validés, l’entreprise qui sera choisie par Apsys dans le courant de l’été pourra alors remonter les façades avec les pierres déposées entre novembre 2023 et mars 2025 par la société girondine TMH, spécialiste de la restauration du patrimoine.

Pour Maurice Bansay, président fondateur du groupe Apsys, qui investit plus de 500 M€ dans ce projet (dont un financement de 70 M€ de la Banque des territoires), Canopia est « le fruit d’une triple ambition : architecturale, car le quartier rend hommage à l’architecture classique bordelaise ; environnementale, avec ses 600 arbres et 12 000 m² de végétalisation ; et urbaine, enfin, parce que nous créons un nouveau pôle du centre-ville, essentiellement piéton. »