Une déclaration glaçante, une indignation légitime. Lucy Powell, ministre du gouvernement travailliste britannique, est sous le feu des critiques depuis sa sortie polémique lors d’une émission diffusée le 2 mai sur la BBC Radio 4. Interpellée sur les scandales des Grooming Gangs commis par des groupes d’hommes majoritairement d’origine pakistanaise en Angleterre, elle a répondu par l’ironie et le mépris, provoquant la colère des victimes et de leurs familles.

Lors du programme Any Questions, Tim Montgomerie, représentant du parti anti-système Reform UK, évoquait les nombreux échecs des autorités locales à protéger les jeunes filles blanches victimes de viols collectifs à Rochdale, Telford, Rotherham, Oxford ou encore Manchester. Des crimes documentés dans le récent reportage-choc de Channel 4, Groomed: A National Scandal, qui donne la parole à cinq survivantes ayant subi de multiples agressions sexuelles durant leur adolescence.

Plutôt que de manifester son soutien ou de reconnaître la gravité des faits, Lucy Powell a lancé d’un ton sarcastique : « Oh, we want to blow that little trumpet now, do we? Yeah, OK, let’s get that dog whistle out » ce qui indiquait que derrière les plaintes des victimes se cacheraient leur racisme.

Une sortie perçue comme une insulte directe aux victimes et à leurs proches. Pour Marlon, père de Scarlett, l’une des jeunes femmes ayant témoigné dans le documentaire, cette réaction est un nouveau traumatisme : « Scarlett et moi, qui avons eu le courage de raconter notre histoire malgré les souffrances, sommes scandalisés par Lucy Powell. Nous nous sentons à nouveau méprisés, trahis, et nous ne pensions pas être ainsi traités par des responsables politiques. »

Le tollé a rapidement gagné les réseaux sociaux et certaines voix réclament désormais la démission de la ministre. Ce nouvel épisode jette une lumière crue sur le refus persistant d’une partie de la classe politique britannique – en particulier au sein du Parti travailliste – d’affronter le sujet des gangs de violeurs d’origine étrangère, de peur de « stigmatiser ».

La droite britannique, Reform UK en tête, a immédiatement réclamé la démission de Lucy Powell. Le député conservateur Chris Philp a dénoncé une sortie qui « minimise et insulte les milliers de jeunes filles victimes de viols en bande pendant des décennies ».

Mais malgré l’indignation, ni excuses claires ni prise de responsabilité. Lucy Powell a publié un communiqué le lendemain, expliquant qu’elle « prenait très au sérieux les abus sexuels sur mineurs », mais que sa remarque visait « la récupération politique, pas les faits eux-mêmes ». Elle s’est dite « désolée si ce n’était pas clair », évoquant « la chaleur du débat ».

L’exécutif travailliste s’est empressé de la soutenir. Wes Streeting, ministre de la Santé, a minimisé l’affaire : « Elle a fait une erreur, elle l’a reconnue. Passons à autre chose. »

Downing Street a confirmé accepter ses excuses, rejetant les appels à sa démission. Une attitude dénoncée par le parti Reform UK comme « un signe que le Labour ne prend pas au sérieux ces crimes monstrueux ».

Un tabou tenace sur les origines des agresseurs

Depuis plus de dix ans, plusieurs villes britanniques (Rochdale, Rotherham, Oxford, Telford…) sont secouées par des scandales de viols organisés. Les enquêtes ont révélé que des centaines de jeunes filles — souvent issues de milieux modestes — ont été abusées, parfois pendant des années, sans réaction sérieuse des institutions, paralysées par la peur d’être accusées de racisme.

L’affaire Powell illustre une fracture profonde au sein de la société britannique. Une partie de la gauche semble toujours incapable de nommer les faits, préférant dénoncer la récupération politique ou le racisme plutôt que d’écouter les cris des victimes. Les mots de la ministre sont révélateurs d’un malaise idéologique : face à des crimes de masse motivés par un mépris ethnique et sexiste, on choisit encore le silence, ou pire, le sarcasme.

À une époque où la justice exige clarté et courage, le Parti travailliste offre relativisme et déni. Le scandale des gangs de violeurs n’est pas une affaire marginale ou instrumentalisable : c’est une honte nationale. Et tant que des figures politiques traiteront ces crimes avec désinvolture, la colère populaire ne cessera de croître.

Pour rappel, de nombreux rapports officiels ont mis en évidence une paralysie des institutions (police, services sociaux, collectivités locales) face à ces crimes de masse, par crainte de raviver des tensions communautaires ou d’être taxés de racisme. La remarque de Lucy Powell, au-delà de son ton méprisant, reflète le malaise profond d’une gauche britannique prête à sacrifier la vérité et la justice sur l’autel du politiquement correct. Une fois encore, les victimes sont les grandes oubliées de cette guerre culturelle.

Un scandale qui dépasse les partis. Une fracture morale au sein de la société. Et une question, plus que jamais urgente : combien de temps encore les élites vont-elles détourner le regard ?