Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron ont annoncé lundi des enveloppes de plusieurs centaines de millions d’euros. Ils souhaitent attirer en Europe et en France les scientifiques étrangers, particulièrement menacés aux Etats-Unis.
Remettre en cause le rôle de la science « est une énorme erreur d’appréciation », a estimé la présidente de la Commission européenne, en clôture de l’événement « Choose Europe for science » organisé à Paris à l’initiative du président français. « Personne ne pouvait penser que cette très grande démocratie du monde, dont le modèle économique repose si fortement sur la science libre », « allait faire une telle erreur », a abondé Emmanuel Macron. Il a dénoncé tout « diktat qui consisterait à dire qu’un gouvernement » puisse interdire « de chercher ceci ou cela ».
« Investissements stables et soutenus »
Pour les inciter à « choisir l’Europe », la Commission européenne va proposer « une nouvelle enveloppe de 500 millions d’euros » pour la période 2025-2027. Vantant les « investissements stables et soutenus » et l’« infrastructure » favorable à la recherche en Europe, Ursula von der Leyen a annoncé « une nouvelle « super-subvention » d’une durée de sept ans ». Ainsi que le doublement jusqu’en 2027 du « complément » versé aux bourses de recherche. « Nous voulons atteindre l’objectif de 3 % du PIB pour l’investissement dans la recherche et le développement d’ici à 2030 ».
De son côté, l’Etat français va investir 100 millions d’euros « supplémentaires », a annoncé Emmanuel Macron. Ils seront financés par une réserve du programme d’investissement public France 2030 qui n’était jusqu’ici pas affectée, a précisé l’Elysée. Il a aussi exprimé un soutien aux « propositions, y compris législatives, visant à mieux protéger les réfugiés scientifiques », dans une allusion au texte de loi déposé par François Hollande à l’Assemblée nationale.
Initiative « choquante, voire indécente »
Le chef de l’Etat avait annoncé la tenue de la conférence mi-avril, au moment où était lancée une plateforme Choose France for Science, qui a depuis « suscité plus de 30.000 connexions, dont un tiers depuis les Etats-Unis », a-t-il indiqué. L’initiative a fait grincer les dents des syndicats français de l’enseignement supérieur et de la recherche qui la jugent « choquante, voire indécente ». Ceux-ci dénoncent notamment le « sous-financement chronique » du secteur.
Pour le directeur de l’Inserm, Didier Samuel, « il y a eu un réinvestissement sur la recherche » ces dernières années mais « on n’a pas encore comblé le trou ». Il s’agit de rendre plus attractifs la France et le Vieux Continent, où les rémunérations et les montants consacrés à la recherche sont très en deçà des Etats-Unis.
Notre dossier sur la recherche
L’Union européenne accueille déjà « 25 % des chercheurs mondiaux » et « chaque euro investi aujourd’hui générera 11 euros de gain de PIB d’ici 2045 », a rappelé en ouverture de la conférence la commissaire européenne pour la Recherche Ekaterina Zaharieva.