Professionnel depuis dix ans, Romain Combaud affiche toujours un grand sourire au départ des courses. C’était encore le cas la semaine passée sur le Tour de Romandie, qui marquait la fin d’un gros bloc débuté à Milan-San Remo. Fidèle équipier au sein du Team Picnic-PostNL, où il est arrivé en 2021, le coureur de 34 ans, qui arrive en fin de contrat avec la WorldTeam néerlandaise, espère bien continuer l’aventure au moins une saison supplémentaire. À l’occasion du Tour de Romandie, DirectVelo a fait le point avec l’Auvergnat.
DirectVelo : Comment juges-tu ta saison pour le moment ?
Romain Combaud : C’est plutôt pas mal. Je suis assez content de mon rôle. Le Tour de Romandie, c’était une fin de bloc. Depuis Milan-San Remo, je suis très peu à la maison. J’ai enchaîné avec le Catalogne, Indurain, le Pays Basque, les trois Ardennaises et le Romandie. Ça commençait à faire beaucoup. Je vais avoir un bon break après le Romandie pour repartir sur la seconde partie de saison. Je reprendrai sur le Dauphiné, ça c’est sûr, et après je sais que je vais faire la nouvelle course à Copenhague, mi-juin, puis certainement le Championnat de France, même si je n’ai pas encore pris ma décision. Pour le reste, je ne sais pas encore. J’aurai un entretien avec mon directeur sportif début juin.
« AUTANT SE METTRE DANS UNE FONCTION OÙ ON PEUT AIDER ET APPORTER »
Le Tour de France pourrait être à ton programme ?
Ce n’est pas dans les plans, mais on sait comment ça se passe, il peut toujours y avoir des blessés. L’équipe tournait avec très peu de coureurs ces dernières semaines, c’est pour ça que j’ai fait pas mal de courses d’ailleurs. Ce n’est pas prévu que je sois au Tour mais il faut rester concentré sur cette possibilité. Même si là je pense plus à ma coupure actuelle…
Tu parlais de ton rôle. Après cinq années dans l’équipe, quel est-il aujourd’hui ?
Les jeunes arrivent avec de plus en plus d’expérience, avec les oreillettes c’est également beaucoup plus facile. Moi, je suis là pour coacher pendant la course. Sur la première étape du Tour de Romandie, j’ai pris la responsabilité d’aller contrôler le peloton comme nous avions Pavel (Bittner) dans l’équipe, c’est quelque chose que j’aime bien faire. À un moment donné, il a fallu l’attendre. J’étais là pour coacher les gars pour rentrer sans s’affoler. Au Tour de Romandie, notre leader était Oscar Onley. C’est un coureur que j’apprécie, je donne le meilleur pour lui.
Pendant longtemps, on a eu l’impression que les Français avaient du mal à accepter d’être des équipiers, c’était plus ancré à l’étranger…
Je pense que la mentalité est en train de changer dans les équipes françaises. On ne peut pas être tous des leaders, moi le premier j’ai failli gagner des courses quand j’étais à Marseille, maintenant ça roule de plus en plus vite, les courses sont pré-établies, il y a des sprinteurs, il y a des purs grimpeurs pour gagner des étapes vraiment dures. Je suis dans un rôle un peu intermédiaire, j’ai envie de dire un peu « bâtard », donc autant se mettre dans une fonction où on peut aider et apporter à l’équipe. C’est ce qui me plaît et ce qui me motive.
« FINIR SUR UNE BONNE NOTE »
Est-ce que tu as parfois ta carte pour aller dans une échappée ?
Oui, c’était le cas sur l’Amstel mais malheureusement, j’ai loupé le coup. Disons que sur 60-70 jours de course, je vais avoir deux ou trois opportunités. Ça reste très peu si on compare au moment où je courais à Marseille. Mais honnêtement, c’est aussi de plus en plus difficile d’espérer quelque chose en étant dans une échappée. Maintenant, les grosses équipes contrôlent en laissant peu de libertés. Au maximum, c’est quatre minutes d’avance. Il y a donc de moins en moins de chance qu’une échappée joue la victoire.
Tu prends toujours autant de plaisir au fil des années ?
Ça dépend des courses, mais oui j’arrive encore à trouver du plaisir. C’est aussi pour ça que je suis encore là. À mon âge, s’il n’y avait plus de plaisir, même s’il y a des jours où c’est plus dur que d’autres sur le vélo… C’est toujours agréable d’aller s’entraîner quand je suis à la maison et de courir. Tant que la motivation est là, j’ai envie de continuer. Je suis papa depuis cinq mois, la vie change un peu à la maison, alors le mot clé c’est la motivation et je l’ai encore, donc c’est bon signe.
Tu es en fin de contrat justement, comment vois-tu ton avenir ?
Sincèrement, j’espère refaire au moins un an. Comme je l’ai dit, j’ai toujours la motivation. En 2026, ce sera l’une des dernières années. Il ne faut jamais dire jamais, mais j’ai envie de finir sur une bonne note, en gardant un bon souvenir de ma carrière. Je veux continuer d’être dans un rôle dans lequel je m’investis jusqu’au bout de ma carrière.
« ÇA NE ME VEXE PAS »
Romain Bardet a choisi d’arrêter en juin prochain. As-tu imaginé arrêter la même saison que lui ?
On me pose souvent la question, et c’est ce qui me motive encore plus. Beaucoup de gens m’associent à lui, mais on a vraiment deux rôles différents. Lui est arrivé pour être leader, gagner des courses et être performant. Moi, je suis arrivé dans cette équipe pour coacher les jeunes. Rien que pour ça, j’ai envie de continuer une année. Je veux montrer que je ne suis pas juste associé à Romain. On est très amis dans la vie, je suis très content de courir avec lui, je vais être sur sa dernière course, le Dauphiné, et c’est un honneur pour moi. Mais j’ai encore l’envie de continuer.
Ça t’agace d’être souvent associé à Romain ?
Il y a des gens un peu « bruts », mais ça ne me vexe pas. Je ne suis pas quelqu’un qu’on vexe facilement (sourire). Certes sa présence a aidé pour que j’arrive dans l’équipe, mais dès la première année ils nous ont bien dissociés l’un de l’autre. Ça se passe super bien avec l’équipe, sinon ils ne m’auraient pas gardé depuis tout ce temps. Mon rôle dans l’équipe me plaît, j’aime bien la façon dont l’équipe est managée. C’est ce qui me donne encore la motivation.
As-tu déjà parlé de ton avenir avec l’équipe ?
Il n’y a pas encore eu de discussion. Je vais avoir ces prochains jours une période un peu off. Je vais pouvoir en profiter pour discuter avec mon agent. Dans tous les cas, je finirai dans cette équipe. À 34 ans, dans le cyclisme actuel, pour retrouver une autre équipe, ce serait très dur.