par Thomas Escritt
Friedrich Merz, qui a conduit
le bloc conservateur CDU/CSU à la victoire lors des élections
législatives du mois de février, a échoué mardi à la surprise
générale à obtenir la majorité parlementaire nécessaire pour
être élu chancelier au premier tour du scrutin.
Le chef de file des conservateurs semblait pourtant assuré
de devenir le 10e chancelier de l’Allemagne moderne au lendemain
de la signature d’un contrat de coalition avec le Parti
social-démocrate (SPD) du chancelier sortant Olaf Scholz.
PREMIÈRE TENTATIVE
Le processus de l’élection du chancelier fédéral est régi
par l’article 63 de la Loi fondamentale allemande, selon lequel,
pour être élu au premier tour, un chancelier doit obtenir la
majorité absolue au Bundestag, la chambre basse du parlement
allemand.
Si Friedrich Merz pouvait théoriquement compter sur une
majorité de 328 sièges grâce à l’alliance entre le CDU/CSU et le
SPD, il n’en a obtenu que 310 au premier tour, soit six de moins
que la majorité absolue au Bundestag composé de 630 sièges.
Cela signifie que 18 membres de sa coalition n’ont pas voté
pour lui.
C’est la première fois dans l’histoire de l’Allemagne
après-guerre qu’un candidat à la chancellerie échoue à obtenir
le feu vert du Parlement dès le premier tour.
PROCHAIN VOTE
Selon la Constitution, le Bundestag dispose désormais de 14
jours pour élire Friedrich Merz ou tout autre candidat à la
chancellerie. Un second tour de scrutin pourrait être rapidement
organisé.
Le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine a toutefois
rapporté que cela n’aurait pas lieu dans la journée de mardi, un
avis partagé par plusieurs parlementaires.
Le vice-président du Bundestag, Bodo Ramelow, a émis le
souhait qu’un deuxième vote se tienne dès mercredi.
AUTRES CANDIDATS ?
En principe, d’autres candidats à la chancellerie pourraient
être proposés, même si l’alliance entre le CDU/CSU et le SPD
constitue le seul bloc bilatéral capable de réunir une majorité
sans le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne
(AfD), arrivé en deuxième position des élections de février.
D’autres partis pourraient constituer une alliance en vue
d’élire un chancelier, mais cela nécessiterait de longues
négociations et une éventuelle alliance avec l’AfD, encore
taboue pour les dirigeants des principaux partis.
Friedrich Merz, qui a permis l’adoption d’une résolution
anti-immigration avec le soutien de l’AfD en janvier, ne fera
probablement pas appel pour être élu à ce parti d’extrême
droite, désigné depuis la semaine dernière comme « entité
extrémiste » par les services de renseignement intérieur.
EN CAS D’ÉCHEC
Si, après 14 jours, Friedrich Merz n’a toujours pas obtenu
la majorité absolue des membres du Bundestag, il pourra être élu
lors d’un nouveau tour de scrutin ne nécessitant qu’une majorité
simple des votants.
À ce stade, Friedrich Merz serait assuré de l’emporter s’il
parvenait à conserver le soutien dont il bénéficiait jusqu’à
présent.
En attendant, le chancelier sortant Olaf Scholz reste en
fonction en tant que chancelier intérimaire jusqu’à l’élection
d’un nouveau représentant.
(Rédigé par Thomas Escritt, version française Etienne Breban,
édité par Blandine Hénault)