S.F. – Les équipages présentent leur drapeau aux sept dagues représentant les sept missions opérations spéciales du Casabianca menées en Corse.
Lundi 5 mai, Un vent orageux agite les drapeaux des deux voiliers encore à quai. Les équipages sont à terre, dans les derniers préparatifs. Dans quelques heures, ils vont traverser les flots de Toulon à la Corse.
Pendant quatre nuits, six officiers de l’École de guerre et cinq orphelins de militaire, âgés de 19 à 24 ans, vont suivre les traces du sous-marin Casabianca. Ce bâtiment de la Marine Nationale est célèbre pour s’être échappé du port militaire de Toulon, lors du sabordage de la flotte le 27 novembre 1942.
Un hommage à l’équipage de résistants du sous-marin Casabianca
Pour le capitaine de corvette Charles, initiateur de cette opération, il s’agit d’un projet sportif, mémoriel et solidaire : « Le sous-marin Casabianca est le fil rouge de notre projet. Il fallait un exemple à suivre : l’histoire de ce sous-marin est forte. C’est un équipage qui a refusé le sabordage de la flotte de Toulon en novembre 1942, qui s’est échappé pour combattre à Alger. Il a participé à la libération de la Corse en 1943. »
Musée de l’Ordre de la Libération – Le sous-marin Casabianca en Méditerranée.
À leur arrivée en Corse, une cérémonie d’hommage doit se tenir mercredi 7 mai à Cargèse, devant la stèle rendant honneur à l’équipage mené par le commandant L’Herminier. Fer de lance de l’opérationPearl Harbour, le sous-marin Casabianca a effectué des missions clandestines entre la Corse et l’état-major français, basé à Alger, avant de rallier le premier le port d’Ajaccio libre, le 13 septembre 1943.
A Toulon, un défi solidaire avec les orphelins de la nation
Florian, 23 ans, est l’un des orphelins de l’aventure : « Je participe car c’est important pour la mémoire et pour découvrir bien plus ce qu’est la vie de marin. » Originaire de Brignoles, le fils d’un militaire mort en opération en 2018 souhaite rejoindre la Marine Nationale dans les prochaines années. Ce voyage est donc un premier pas dans cet univers qui sera bientôt le sien. Il a rejoint le projet grâce à l’association Entraide Marine-Adosm, qui vient en aide aux veuves et aux orphelins de personnels de la Marine : « Grâce à eux, j’ai assisté à l’arrivée de la Mission Jeanne d’Arc l’année dernière, j’ai fait des cérémonies à l’École de guerre, des soirées cohésion. »
© S.F.- Les équipages naviguent entre Toulon et la Corse avec deux croiseurs habitables : Orion et Cybèle.
Mais plus que la découverte du monde marin, cette traversée permet surtout à Florian de nouer des amitiés fortes grâce à la création d’un esprit d’équipage nécessaire à toute vie sur un bateau.
« Cela me permet de connaître des personnes qui ont une histoire assez similaire à la mienne. Eux aussi ont perdu un parent » avoue Florian
Une levée de fonds pour l’entraide militaire
En parallèle de la traversée, une campagne de dons et une cagnotte ont été lancées pour concrétiser le lien avec les associations d’entraide militaire. Plus de cinq mille euros ont déjà été récoltés. Une cérémonie officielle de remise de chèque au Comité de l’entraide défense (CED) aura lieu à l’École Militaire à Paris à l’issue de la récolte de dons en présence des participants à l’Opération.
Mais pas de précipitation, avant ce rendez-vous, les équipages doivent braver le vent méditerranéen. Bien que la météo s’annonce volatile, les onze marins s’embarquent sereinement dans cette aventure chargée d’histoire.