Par
Léa Pippinato
Publié le
6 mai 2025 à 13h39
Un canapé design, une lumière tamisée, des murs élégants. Chez Roche Bobois, à Lattes, le mobilier haut de gamme partage désormais l’espace avec une autre forme de beauté : celle de quarante femmes photographiées entre ombre et lumière. Geneviève Motsch, portraitiste, a voulu donner à ces femmes un miroir, au sens fort du terme. Son objectif : révéler ce que les autres, et elles-mêmes, ne regardaient plus. « C’est une vraie démarche, pas juste une séance photo. Elles s’y engagent pour se réconcilier avec leur image. »
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Après 40 ans, une femme disparaît souvent des radars. Invisibilisée dans la société, dans sa famille, dans les photos. « Le patrimoine photo des femmes est incroyablement pauvre. Parce que, bien souvent, c’est la mère qui tient l’appareil. » Geneviève Motsch l’a constaté en studio : peu de femmes ont un portrait d’elles seules. Ce projet est aussi né de ce manque. Certaines séances ont été offertes par leurs enfants. D’autres femmes sont venues après une maladie, une séparation, un changement de vie. Le profil des modèles est aussi varié que leur âge : mères au foyer, retraitées, entrepreneures, salariées, femmes en transition. La plus âgée, Françoise, a 83 ans.
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Trois heures pour se redécouvrir
Avant la séance photo, une rencontre permet d’expliquer le déroulé. Ce moment sert à tisser un lien. Le jour de la séance, dans un studio installé dans un hôtel, les femmes arrivent avec une valise pleine de vêtements. Elles se maquillent elles-mêmes, selon leurs habitudes. Les poses varient, les fonds aussi. Noir, blanc, gris. Une laine ou un tailleur n’envoient pas la même énergie. La séance dure trois heures. Ensuite vient la projection des images sur grand écran, moment souvent redouté. Les femmes choisissent une photo. Pas la plus flatteuse, mais celle qui touche. Certaines y voient un écho à leur mère ou leur grand-mère. D’autres y trouvent un trait oublié. Mais pour l’exposition chez Roche Bobois, le choix final revient à Geneviève. Elle envoie aux participantes une planche contact et leur laisse écarter quelques clichés. La photo exposée reste ensuite une surprise, révélée lors du vernissage. « Et là, il y a toujours de belles réactions. »
Chaque portrait raconte un tournant, une reconquête de soi. (©Métropolitain / LP)Vidéos : en ce moment sur ActuUne étoile dans le décor
L’exposition, visible jusqu’au jeudi 15 mai 2025, présente 40 femmes. Les formats varient : carrés, rectangulaires, 60×60, 60×80, en vertical ou horizontal. Le projet est né en 2016, grâce à une amie de Geneviève. La toute première à accepter de poser. Elle est décédée avant la première exposition. « C’est ma marraine. Elle est toujours présente. Une petite photo d’elle accompagne chaque édition. C’est ma belle étoile. » Aujourd’hui, Geneviève Motsch est reconnue portraitiste internationale. Une distinction obtenue grâce à plusieurs séries de photos, dont ce projet. Mais pour elle, la plus grande récompense reste ailleurs : dans le regard changé de celles qu’elle photographie.
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