Islamabad dit avoir abattu cinq avions de combat indiens après des bombardements contre son territoire dans la nuit de mardi à mercredi.

L’Inde et le Pakistan se sont lancés dans la nuit de mardi à mercredi dans l’affrontement militaire le plus intense depuis la guerre de Kargil en 1999. Il est 1h44 du matin ce mercredi lorsque le ministère indien de la Défense publie un communiqué d’à peine dix lignes : «Les forces armées ont lancé l’opération Sindoor et frappé des cibles terroristes au Pakistan ainsi que dans la partie du Cachemire  occupée par le Pakistan. […] Aucune infrastructure militaire n’a été ciblée. L’Inde a fait preuve d’énormément de retenue en choisissant les cibles et la méthode pour les détruire.»

Peu après, le gouvernement pakistanais confirme les bombardements dans un communiqué : «L’Indian Air Force, sans entrer dans l’espace aérien pakistanais, a violé la souveraineté nationale en utilisant des armes à longue portée contre la population à Muridke et Bahawalpur, ainsi que de l’autre côté de la ligne de contrôle à Kotli et Muzaffarabad.» Tout porte à croire que l’armée de l’air indienne a utilisé des missiles de croisière qui équipent notamment ses Rafale. Les agglomérations de Muridke et Bahawalpur sont situées, respectivement, à 30 et 120 km de la frontière, dans l’est du Pakistan.

L’attaque indienne intervient en représailles à l’attentat du 22 avril qui a tué 26 touristes à Pahalgam, au Cachemire indien, et que New Delhi impute à des djihadistes pakistanais soutenus par Islamabad. En insistant sur la «retenue» dont son armée aurait fait preuve, l’Inde indique qu’elle ne cherche pas l’escalade militaire. Problème : cette escalade que New Delhi voulait éviter semble avoir commencé sitôt les bombardements lancés.

Les agissements inconsidérés de l’Inde ont rapproché deux puissances nucléaires d’un conflit majeur. […] Le Pakistan se réserve le droit de répondre de manière appropriée quand, et où il le décidera. »

Le ministère des Affaires étrangères pakistanais

Le Pakistan scrutait les appels aux représailles qui se sont étalés dans la presse indienne peu après l’attentat du 22 avril. Le pays se préparait à une attaque. «On ne connaît pas les cibles, mais peut-être vont-ils bombarder des écoles coraniques», nous indiquait une source gouvernementale pakistanaise la semaine dernière. Ces derniers jours, les militaires avaient enchaîné les exercices de tirs près de la frontière indienne. Du coup, l’attaque indienne a déclenché une riposte immédiate.

Le porte-parole de l’armée pakistanaise, le général Ahmed Sharif Chaudhry, ainsi que le ministre de la Défense Khawaja Asif, ont affirmé que cinq avions de combat indiens avaient été abattus. Un poste de commandement indien aurait aussi été détruit selon la presse locale, des informations que New Delhi n’a pas commentées. Les deux armées ont également confirmé que des échanges de tirs avaient eu lieu le long de la ligne de contrôle qui coupe le Cachemire en deux.

Le flou demeure ce matin sur la riposte que le Pakistan déclenchera en représailles. «Les agissements inconsidérés de l’Inde ont rapproché deux puissances nucléaires d’un conflit majeur. […] Le Pakistan se réserve le droit de répondre de manière appropriée quand, et où il le décidera», a prévenu le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué cette nuit.

L’Inde dit avoir frappé neuf cibles. Islamabad indique que des mosquées ont été détruites à Muridke et Bahawalpur. Les deux villes sont réputées pour abriter les sièges du Lashkar-e-Taiba et du Jaish-e-Mohammed. Ces deux groupes djihadistes, fondés il y a plus de vingt ans, sont responsables de plusieurs attentats en Inde. L’attaque indienne a fait huit morts et 35 blessés selon le bilan dressé par l’armée pakistanaise.

Islamabad pourrait frapper dans les prochaines heures

Par le passé, Islamabad a toujours riposté de façon similaire à des bombardements contre son territoire. Une manière pour son armée de démontrer qu’elle possède les mêmes capacités militaires que son voisin afin de le dissuader d’attaquer à l’avenir. En janvier 2024, après que l’Iran a lancé des missiles contre des bases d’un groupe indépendantiste baloutche dans l’ouest du Pakistan, l’armée avait bombardé l’est de l’Iran à coups de drones kamikazes, de roquettes et de munitions longue portée moins de 48 heures après.

Et lorsque des Mirage indiens avaient tenté, en vain, de détruire un bâtiment soupçonné d’appartenir à un groupe djihadiste à Balakot, à moins de 50 kilomètres de la ligne de contrôle, en 2019, l’aviation pakistanaise avait ciblé les abords d’installations militaires indiennes dès le lendemain, sans faire de victimes.

Soucieux de démontrer que son arsenal conventionnel est aussi puissant que celui de l’Inde, l’armée pakistanaise pourrait frapper le territoire adverse dans les prochaines heures ou les prochains jours. Une telle opération devrait être bien plus puissante que celle de 2019 vue l’intensité des bombardements de la nuit dernière.