Posted On 7 mai 2025

Alors que Grenoble est confrontée à une pénurie de médecins qui ne va pas en s’arrangeant et que des collectifs et habitants se mobilisent à ce sujet, le sujet de la santé devrait être au cœur des élections municipales à venir. Parce qu’ils considèrent cyniquement que ce peut-être un problème électoral, l’équipe Piolle fait mine de se mobiliser à l’approche des élections.

UN « PLAN DE SANTÉ »… APRÈS 10 ANS DE MANDAT

Les manœuvres ont commencé il y a un an, avec la pompeuse présentation d’un « plan municipal de santé » par l’adjoint-sociologue Pierre-André Juven (Verts/LFI). Un long catalogue d’intentions, comme d’habitude avec ce genre de « délibération-cadre », dont les élus ne tirent ensuite jamais aucun bilan. Il aura fallu 10 ans de mandat pour accoucher de ce qui ne sont que des « objectifs » de changement, selon  les aveux de l’adjoint, qui n’aboutiront évidemment à quasi rien d’ici les élections. 

GRENOBLE EN PÉNURIE DE MÉDECINS

Il faut croire que les longues litanies auto satisfaisantes en conseil municipal n’ont aucun impact sur la vraie vie puisque ça n’a pas empêché le problème de la pénurie de médecins d’enfler à Grenoble dans les mois suivants la présentation du fameux plan. Alors qu’en France on dénombre 8,7 médecins pour 10 000 habitants (9,4 pour le département de l’Isère), la moyenne chez nous chute à 6,1 praticiens pour 10 000 Grenoblois. Moyenne qui s’est encore aggravée avec la fermeture de cabinet laissant sur le carreau des milliers de patients fin 2024.

En conseil municipal, intervention de Charah Bentaleb, élue d’opposition du groupe d’Alain Carignon, à propos de l’accès aux soins à Grenoble.

EN CAUSE : LE MANQUE D’ANTICIPATION DES ÉLUS

Dans un article de « La Tribune Auvergne-Rhône-Alpes », les causes du problème grenoblois étaient clairement pointées par les experts : « c’est une situation qui était anticipable et n’a pas été anticipée (…) les experts du secteur y voient plusieurs causes. Et déjà, contrairement à d’autres territoires, un manque d’anticipation (…) alors que d’autres communes offrent un cabinet ou proposent une location ». Difficile, pour ce sujet encore, de s’abriter derrière le faux argument selon lequel ce serait partout pareil.

DES DÉCISIONS QUI VONT CONTRE LA SANTÉ DES GRENOBLOIS

Les élus locaux peuvent jouer un rôle en s’attaquant à l’accessibilité des locaux, les aides pour s’y installer, l’attractivité de la ville pour exercer… Non seulement les nôtres n’ont rien anticipé mais on peut mettre à leur passif qu’ils ont carrément joué contre la santé des Grenoblois avec des décisions comme la réduction du service de santé scolaire avec le plan d’austérité de 2016 ou le refus du projet privé de centre de santé dans les locaux de l’ex CCI place André Malraux.

Place des Géants, les travaux du centre de santé interrompus et retardés pendant des années à cause de l’insécurité ambiante..
LES GRENOBLOIS SE MOBILISENT

Aujourd’hui les habitants se mobilisent, et pour certains s’organisent en collectifs pour faire avancer les choses en matière de santé à Grenoble. Des Grenoblois ont lancé une pétition face au départ de médecin dans le secteur Gustave Rivet (et ont dû abandonné le dispositif de pétition usine à gaz des Verts/LFI, « le système de pétition de la mairie ayant rebuté plus d’une volonté de signature »…). À Saint-Bruno, un groupe s’est créé et travaille depuis des mois pour demander un centre de santé : l’adjoint en promet un sans toutefois préciser où et à quel horizon. Paroles, paroles…

PLASTIQUES DANS LES ÉCOLES : INCAPABLES DE TROUVER UNE ALTERNATIVE EN 7 ANS

On retrouve ce même manque d’anticipation avec le sujet du plastique pour la réchauffe des plats des cantines. Il y a quelques semaines dans le Dauphiné, une mère de famille de famille très étonnée alertait sur le fait que c’est encore en vigueur alors que « la loi Egalim est sortie en 2018 et donnait aux collectivités jusqu’au 1er janvier 2025 pour éliminer tous les contenants plastiques ».

L’adjointe aux écoles Christine Garnier (Verts/ADES), l’une des plus sectaires, était bien forcée d’admettre que la ville manque en effet à son obligation mais assurait « étudier plusieurs solutions », vouloir travailler à des « expérimentations » mais n’avoir « pas encore de dates » à communiquer. 7 ans après le passage de la loi on ne peut qu’être soufflés par une telle volonté et une telle efficacité.

UNE MUTUELLE COMMUNALE…

Un an après le lancement du plan santé qui ne produit rien, les Verts/LFI ont accouché d’une nouvelle idée entérinée lors du dernier conseil municipal, en mars. Une mutuelle communale pour proposer une complémentaire santé à ceux qui n’en ont pas. Cette fois, sur le papier, l’idée, à nouveau présentée par Pierre-André Juven, est tout à fait louable et parait bien plus concrète. Mais encore une fois, elle est révélatrice des travers de cette équipe municipale…

… QUE LA RÉGION PROPOSE DÉJÀ

… car la Région Auvergne-Rhône-Alpes a déjà lancé son propre dispositif de mutuelle, avec précisément les mêmes objectifs et quasiment les mêmes conditions que ce que la ville de Grenoble a fait. Le doublon est donc tout à fait inutile, ce qu’avait soulevé la conseillère municipale d’opposition et conseillère régionale Nathalie Béranger lors du conseil : « la Région a proposé aux communes d’être le relais auprès de leurs habitants, le CCAS, etc. Le travail avait été fait. Ensemble, on aurait été plus efficaces ». 

L’intervention de Nathalie Béranger en conseil municipal.

LA VILLE AURAIT PU ÉCONOMISER

« Cela aurait évité aussi des frais d’études pour la Ville : entre 20 000 et 30 000 euros » avait-elle également rappelé. Dépenses d’études auxquelles se cumulent les sommes engagées pour la communication autour de la mutuelle communale et le coût des agents de la ville mobilisés à cette fin. Alors qu’en s’appuyant sur le travail de la région, la ville exsangue financièrement aurait pu économiser et décupler l’utilité du dispositif régional, plutôt que d’embrouiller les citoyens avec une deuxième idée identique. 

POUR LES VERTS/LFI, LA SANTÉ PERMET DE COMMUNIQUER COMME LE RESTE

Mais si l’objectif des Verts/LFI était l’efficacité du service et de la dépense, nous n’en serions pas là en matière d’état des finances de la ville et de qualité du service rendu aux Grenoblois. La thématique de la santé est instrumentalisée, de manière de plus en plus visible, à l’approche des élections. Comme tous les autres sujets, elle n’est qu’un prétexte au déploiement d’opérations de comm’ pour tromper les Grenoblois.

Mais derrière, les faits attestés par les chiffres et les dossiers sont têtus : l’offre de soin à Grenoble a empiré depuis leur arrivée aux manettes. Les Grenoblois se laisseront-ils avoir par la propagande ?