Par

Yann Rivallan

Publié le

7 mai 2025 à 7h46

Elle est la 16ᵉ intercommunalité de France dans le classement des plus gros parcs sociaux. La Métropole Rouen Normandie, c’est un fait, possède beaucoup de logements sociaux.
Selon une récente étude de l’Insee sur des statistiques de 2022, la Métropole et ses 71 communes comptent près de 30 % de ses ménages comme locataires du parc social. 29,5 % pour être exact. Pour autant, ces logements restent une denrée rare. Comment l’expliquer ? On a mené l’enquête.

Des délais d’attente de plus en plus longs

Déjà, si le parc social est aussi développé dans notre métropole, c’est parce qu’il y a, vraisemblablement, un besoin. Selon Karim Belhaj, directeur de l’Agence départementale d’information sur le logement (Adil) de Seine-Maritime, le nombre de demandes augmente.

Malgré la part importante de logements sociaux, « les délais d’attente se rallongent », remarque-t-il. Ils atteignent facilement entre 1 an et 18 mois. Et cela peut en partie s’expliquer par « la paupérisation d’une partie de la population », poursuit le directeur de l’Adil 76.

Certains diront peut-être que c’est parce qu’on ne construit pas assez de logements sociaux.

Karim Belhaj
Directeur de l’Adil 76

« Il n’y en a peut-être pas assez partout, pense le directeur de l’Adil. Mais il y a surtout des disparités entre des communes très bien dotées, comme Grand-Quevilly, et d’autres qui sont encore sous la barre obligatoire des 20 % [de logements sociaux] comme Bois-Guillaume. »

À noter que cette barre des 20 % est obligatoire uniquement dans les communes de plus de 3 500 habitants (hors Île-de-France) comprises dans une agglomération d’au moins 50 000 habitants et comprenant au moins une commune de plus de 15 000 habitants.

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Par ailleurs, le directeur de l’Adil 76 remarque que de nombreux locataires du parc social ont tendance à rester « plus longtemps dans leur logement », principalement pour des raisons économiques.

Toujours beaucoup de logements sociaux

Cette hausse des demandes de logements sociaux peut aussi s’expliquer par les volontés politiques. Joachim Moyse, maire de Saint-Étienne-du-Rouvray et vice-président de la Métropole en charge du logement, de l’habitat et de la politique de la Ville, confirme que la part reste importante, mais qu’elle a tout de même tendance à baisser ces dernières années.

D’après lui, on avait plutôt une part de « 36 % de logement social » dans la Métropole avant 2018. Mais avec l’arrivée de la loi Elan et « la réduction des loyers de solidarité », entre autres, le budget des bailleurs sociaux a été « impacté », assure le vice-président.

Les constructions ou les réhabilitations ont logiquement diminué « pour faire face », pointe l’édile. Ce qui conduit aujourd’hui la part de ménages locataires d’un logement social à avoir baissé jusqu’à 29,5 % dans la Métropole.

Constructions et mixité pour répondre à la demande

Pour y remédier, la Métropole s’est fixée un objectif ambitieux de construction et de rénovation de logements sociaux. Un total de « 4 200 logements sur six ans, soit 700 par an », précise Joachim Moyse. Mais pour le moment, le programme local de l’habitat avance plus lentement que prévu.

L’objectif de 700 logements par an dans la Métropole tourne plutôt autour de « 370 par an seulement », ajoute le vice-président. Et cela est lié au contexte économique tendu que l’on traverse depuis plusieurs années, mais aussi à l’augmentation du prix du foncier, selon l’élu.

Pour autant, l’objectif sur le long terme de la Métropole est bien de construire de nouveaux logements sociaux ou d’en rénover, mais pas n’importe où et n’importe comment.

On cherche plus de mixité et un rééquilibrage.

Joachim Moyse
Vice-président de la Métropole en charge du logement, de l’habitat et de la politique de la Ville

En bref, les constructions de logements sociaux sont faites en priorité dans les communes encore en dessous du quota fixé par la loi solidarité et renouvellement urbain. À l’inverse, dans les communes très bien dotées, on cherche la « dédensification de certains quartiers », explique Joachim Moyse.

Dans le cadre du renouvellement urbain de la Métropole de Rouen, 1 600 logements sociaux vont être démolis dans neuf communes différentes parce qu’ils sont vieillissants ou inutilisables. Un moyen de rééquilibrer l’offre dans les 71 communes de la Métropole.

Mais si vous cherchez à intégrer ce parc social, il va falloir continuer à s’armer de patience.

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