“De la naissance à la mort, le textile nous accompagne”. C’est par ces mots que la commissaire de l’exposition, Audrey Demarre, clôt la visite. Si le textile accompagne les femmes et les hommes tout au long de leur vie, il devient un objet de choix de la réflexion et de la création. Les travaux de seize créateurs sont ainsi regroupés à la Galerie des Ateliers de Paris depuis le 27 mars et jusqu’au 28 mai 2025, au sein de l’exposition “Fils et Filiations”.

Œuvre de La FilatureŒuvre de La Filature – La Galerie des Arts de Paris

Le textile, lien entre la création et les ressentis

Sur l’ensemble du rez-de-chaussée de la galerie, les œuvres sont installées au-dessus d’une mosaïque dédiée au couturier Jean-Paul Gaultier. Le bleu de cette voûte céleste résonne avec la teinte bleue électrique d’une pièce sculptée de l’atelier parisien Font & Romani, accrochée à une structure en bois par des fils beiges. À ses côtés, l’œuvre “Le champ” (2024) de Mérigot Sanzay retranscrit l’atmosphère du cimetière où ont été enterrées les grands-mères de l’artiste quelques mois auparavant, et se compose de deux clichés en noir et blanc et de deux pièces tissées dans des tons marrons et orangés.

Sandrine Torredemer, qui se fait appeler La Filature, interroge également ses ressentis, d’une différente manière. À travers trois pièces, l’artiste brode des paysages méditerranéens de mer ou de piscine, en créant des patchworks textiles. La Filature utilise des bouts de charlottes d’hôpital et une base de morceaux de chemises de son ancien compagnon et de son compagnon actuel, et tisse ainsi un lien entre la broderie, ses souvenirs et son parcours sentimental.

Pièce tirée de la série 'J'adore me perdre', de Aurélie MathigotPièce tirée de la série « J’adore me perdre », de Aurélie Mathigot – La Galerie des Arts de Paris

Les cheveux, témoins de la vie

Face aux pièces de Sandrine Torredemer se trouvent celles d’Antonin Mongin, qui présente cinq monochromes, mélanges de cheveux et de chanvre. Cette œuvre est une commande passée par une famille, dont la mère a conservé ses cheveux coupés tout au long de sa vie. Les cinq objets, de teintes différentes, représentent les différentes périodes de la vie de la femme.

L’artiste Laura Sánchez Filomeno utilise également les cheveux, qu’elle traite pour les rendre abîmés dans sa série “Atlas”. Elle les dispose ensuite sur des cartes anciennes, et les brode sur les tracés des frontières. Le cheveu est le témoin de la vie de son porteur et est marqué par les épreuves qu’il traverse. Ici, l’utilisation de cheveux de différentes personnes souffle un message sur la diversité et la remise en question des frontières.

'Monochromes capillaires gris, brun, blond, roux et châtain', œuvre de Antonin Mongin« Monochromes capillaires gris, brun, blond, roux et châtain », œuvre de Antonin Mongin – La Galerie des Arts de Paris

Une extension à la médiathèque Violette Leduc

L’exposition “Fils et Filiations” accueille également le verre marin d’Aurélie Leblanc et Lucile Viaud, créé à partir de coquilles d’huîtres ; Solenne Jolivet, virtuose de la sculpture de fils ; ou encore Aurélie Mathigot et sa série “J’adore me perdre”, des broderies sur des photographies floues qui leur donnent une nouvelle dimension, et dont l’aspect pictural semble empêcher les visiteurs de se les approprier par le toucher. Gratuite, l’exposition présente une extension à la médiathèque Violette Leduc dans le XIème arrondissement de Paris, avec une sélection d’œuvres de l’artisane tisserande Hanako Stubbe.

Galerie des Ateliers de Paris
30 rue du Faubourg Saint-Antoine, Paris 12e
 

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