Elles garantissent nos déplacements. Assurent nos communications. Et permettent à l’économie de fonctionner. Eau, électricité, routes, ponts : les infrastructures sont vitales pour nos sociétés. Le moindre incident technique ressemble à un caillot de sang dans nos artères et peut déboucher sur des catastrophes.

Le sujet revient dans l’actualité avec une conférence nationale dédiée aux transports. Pendant une dizaine de semaines, en s’appuyant sur des ateliers techniques, les acteurs concernés vont réfléchir à l’adaptation de réseaux parfois vieillissants. C’est le cas par exemple des ponts. En 2019, un rapport sénatorial avait jeté un pavé dans la mare obligeant le gouvernement à débloquer des crédits. Beaucoup reste à faire. Sur 45 000 ponts examinés par le Cerema (le Centre d’études et d’expertises sur les risques, la mobilité et l’aménagement), 10 % nécessitent aujourd’hui encore « des mesures de sécurité immédiate » .

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Il importe d’abord de rattraper un retard massif d’investissement. Un phénomène qu’on retrouve dans de nombreux pays, en Allemagne et aux États-Unis par exemple. L’urgence est aussi de décarboner un secteur qui représente 30 % des émissions de gaz à effet de serre en France. Un virage en épingle à cheveux, à négocier en intégrant ces deux paramètres, avec 2040 comme horizon.

La hausse des températures, l’intensification des canicules et des événements extrêmes créent par ailleurs des points de fragilité. Une crue de la Seine pourrait représenter 30 milliards d’euros de dommages directs, souligne ainsi un rapport réalisé en 2022 par France Stratégie. Et l’interdépendance des réseaux peut entraîner « des dommages en cascade », soulignent les auteurs. Nécessitant ainsi une approche transversale de ces questions.

Un sujet politiquement sensible

Où trouver les moyens nécessaires dans un pays dont les finances publiques sont déjà sous tension ? Comment mobiliser plusieurs milliards d’euros supplémentaires chaque année alors même que le gouvernement peine à dégager 40 milliards d’euros d’économies pour le budget 2026 ? « Notre modèle de financement des infrastructures de transport est à bout de souffle », a reconnu le Premier ministre François Bayrou, lundi à Marseille (Bouches-du-Rhône), lors du lancement de cette initiative. Et le sujet est politiquement sensible, comme l’ont aussi montré les frondes des Gilets jaunes ou de l’écotaxe.

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Parmi les différents ateliers, la fin des concessions autoroutières, programmée entre 2031 et 2036, promet des débats animés. Plusieurs rapports ont démontré la relation déséquilibrée nouée entre l’État et les sociétés concessionnaires lors des opérations de privatisation. Si ces dernières ont entretenu ce réseau, elles ont aussi bénéficié d’une confortable rente de situation qui a profité à leurs actionnaires. Sur ce sujet, il y a du grain à moudre, rappelle la Cour des comptes. Et de nouvelles relations plus équilibrées à imaginer.

Autre sujet, stratégique pour l’aménagement du territoire : celui des RER métropolitains. Vingt-six agglomérations sont sur les rangs. Leur déploiement peut être une façon de désengorger les routes et de mieux relier les agglomérations avec les territoires ruraux. Pour l’ensemble du réseau ferroviaire, Élisabeth Borne, alors Première ministre, avait annoncé en 2023 un plan d’investissements de 100 milliards d’euros d’ici à 2040. Une partie de son fléchage semble s’être égarée sur des voies de garage. La crédibilité de la parole politique passe aussi par sa capacité à être au rendez-vous des engagements pris.