Le 31 mars dernier, Pierre Jakubowicz présentait à la presse 25 délégué(e)s de quartiers de son mouvement « Strasbourg on y croit ! ». Choisi(e)s principalement dans le vivier des collectifs et associations d’habitant(e)s, ils et elles devront assurer la présence du mouvement du conseiller municipal d’opposition dans tous les quartiers de la ville.
Si Pierre Jakubowicz n’est pas encore officiellement candidat, il fait tout pour en avoir la stature. Tel un entraîneur de foot à sa causerie d’avant-match, il motive ses troupes rassemblées en cercle par un discours de mobilisation, une dizaine de minutes avant une nouvelle conférence de presse de son mouvement « Strasbourg on y croit ! ».
Car cette fois-ci, présent au Neudorf sur la place de la Ziegelau, l’élu municipal d’opposition Horizons n’est plus seul. Et si, autour de lui, ils et elles ne sont pas encore des milliers, son équipe commence à se former : ce 31 mars, il présentait à la presse 25 délégué(e)s de quartiers, chargé(e)s d’être présent(e)s sur le terrain dans l’ensemble des quartiers strasbourgeois.
© Samuel Compion / Pokaa
Le cortège des déçu(e)s de Jeanne Barseghian
Après une photo de groupe façon photo de classe, Pierre Jakubowicz commence sa conférence de presse en remerciant Jeanne Barseghian. Connaissant le personnage, on pouvait presque deviner la suite : « Sans cette absence d’ancrage des élus de proximité, je n’aurais pas eu la chance de rencontrer celles et ceux à mes côtés aujourd’hui. »
Dans sa liste de sélectionneur, les 25 délégué(e)s de quartiers sont très souvent issu(e)s de collectifs ou d’associations de riverains qui ont mené des combats contre des mesures de la municipalité : sécurité au quartier Gare, l’affaire du bois de Bussière, la piste cyclable rue Mélanie, le tram Nord ou l’éclairage public. Surtout, ils et elles ont un point commun : « Face à l’adversité, ils n’ont jamais baissé ni la tête ni les bras. »
On n’a pas attendu les élections pour être utiles.
Pierre Jakubowicz
Affirmant pour la plupart ne pas être engagé(e)s politiquement, on retrouve tout de même dans la liste Patrick Depyl, ancien maire de La Wantzenau et candidat de la majorité présidentielle aux législatives de 2022 [deux informations qui n’ont pas été précisées lors de la présentation, ndlr].
À chaque prise de parole, les délégué(e)s de quartiers mettent en avant l’écoute et le soutien du candidat pas encore déclaré aux municipales sur différents sujets. Le conseiller municipal d’opposition tire ainsi les bénéfices de sa présence et de son hyperactivité face à la municipalité durant maintenant 5 ans de mandat, qui lui ont permis de rallier à son mouvement les déçu(e)s de Jeanne Barseghian.
La photo de classe avant la rentrée. © Nicolas Kaspar / Pokaa
Être visibles dans les différents quartiers et relayer les signaux faibles
La mission des 25 délégué(e)s de quartiers, s’ils et elles l’acceptent : « Être ancrés sur le terrain, être à l’écoute, relayer les alertes et les points sur lesquels on doit travailler et réagir. » Et si possible, se montrer visibles et à l’écoute, pour profiter du contrexemple d’une municipalité jugée absente et sourde aux revendications des habitant(e)s.
Une ville doit donner les mêmes chances et le même niveau d’ambition à chaque quartier qui la compose.
Pierre Jakubowicz
Quadrillant les différents quartiers de la ville, les délégué(e)s fonctionnent parfois en solo, parfois en binôme, selon la taille du secteur. Pierre Jakubowicz l’assure : à terme, tous les quartiers auront un binôme pour le représenter.
Au niveau des propositions futures, le mot d’ordre est le pragmatisme, en privilégiant « les actions concrètes, sans idéologie ». Écouter certain(e)s délégué(e)s a permis de s’en faire une petite idée : agir sur l’insécurité du quartier Gare, présenter un « programme sécuritaire ambitieux » à l’Elsau, mais surtout être présent(e)s pour les habitant(e)s.
© Nicolas Kaspar / Pokaa
À l’horizon 2026, la question des adjoint(e)s de quartiers
Si cette présentation d’équipe faisait très officielle, toutes les personnes qui participeront au mouvement ne se retrouveront pas sur une potentielle future liste électorale pour les municipales de 2026. Néanmoins, elle pose la question du rôle et du poids des élu(e)s de quartiers, dont le fonctionnement a été chamboulé sous la mandature écologiste.
En 2020, au sortir de la victoire de Jeanne Barseghian, les élu(e)s de quartiers ont disparu, laissant la place à des référent(e)s. Un changement qui n’est pas seulement de l’ordre de la syntaxe : sur ces 19 référent(e)s, huit sont des adjoint(e)s, 11 sont des conseillers/ères délégué(e)s, tandis que la coordination est organisée par Benjamin Soulet et Carole Zielinski [Hervé Polesi s’est vu retirer ses fonctions après avoir été mis en cause pour un comportement sexiste à la municipalité de Strasbourg mais aussi à l’Université de Strasbourg, ndlr].
Un élu de quartier est efficace quand il a des moyens d’action, un lien hiérarchique direct avec sa direction de territoire.
Pierre Jakubowicz
À l’origine, le changement devait transformer les référent(e)s en porte-voix des habitant(e)s en remplacement des « barons locaux » qui s’occupaient des quartiers sous les anciennes mandatures. Mais l’expérimentation n’a, semble-t-il, pas beaucoup fonctionné, les référent(e)s manquant de pouvoir décisionnel, si l’on s’en tient aux propos de Pierre Jakubowicz : « Un élu de quartier est efficace quand il a des moyens d’action, un lien hiérarchique direct avec sa direction de territoire. Ce n’était pas le cas, et nous voulons que ce le soit à l’avenir, en essayant de trouver le bon équilibre. »
En attendant, « Strasbourg on y croit ! » commence son quadrillage de la ville, en amont de la grande restitution des 2 000 contributions citoyennes reçues, prévue dans quelques semaines. Petit à petit, le mouvement fait son nid.