Publié le
7 mai 2025 à 18h42
; mis à jour le 7 mai 2025 à 18h43
C’est en l’an 836 que naît le lien entre la ville du Mans (Sarthe) et celle de Paderborn au centre de l’Allemagne.
Alain Moro, historien ayant travaillé sur ce jumelage, explique : « À l’époque, la ville de Paderborn avait besoin d’un saint. Alors, l’évêque du Mans a offert les ossements de saint Liboire à la commune allemande. »
Grâce à cette offrande, le tourisme a ainsi pu naître dans la ville, permettant de la développer. « C’est de là qu’est né le lien éternel entre les deux ! »
L’évêque du Mans fuit vers Paderborn à la Révolution française
L’union persiste durant tout le Moyen-Âge et jusqu’aux guerres modernes. « Pendant la guerre de Sept Ans (1957-1963), 400 000 Français vont s’emparer de Paderborn dont des Manceaux. » Ces derniers en profitent donc pour découvrir la ville avec laquelle ils sont jumelés.
Puis, la Révolution française réaffirme la relation Le Mans-Paderborn. À cette époque, les révolutionnaires tentent d’effacer toute trace monarchique et menacent l’Église.
L’évêque du Mans, et d’autres Manceaux craignaient le nouveau régime et ils ont donc fui la France pour rejoindre Paderborn. C’est hautement symbolique !
Alain Moro
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Près d’un millénaire après l’offrande des reliques à Paderborn, le nouvel évêque du Mans trouve refuge vers la ville qui prie saint Liboire. Pour l’historien, cet épisode est la preuve que le lien entre les deux communes a toujours existé.
Qui était saint Liboire ?
Saint Liboire était l’évêque du Mans au IVe siècle. À la suite du transfert des ses ossements vers Paderborn, il est devenu le saint patron de cette ville allemande. Il est fêté par l’Église catholique le 9 avril.
Une amitié même lors des conflits
Ensuite, les guerres répétées entre la France et l’Allemagne n’affaiblissent pas pour autant la relation entre les villes. « En 1870, Le Mans est le lieu d’une défaite de l’armée française. Les Paderbornois se présentent aux Manceaux qui les accueillent plus facilement, indique l’historien, On leur prépare même le souper. Cela montre que même durant les guerres ce lien persiste. »
Le Sarthois relate même qu’une famille de Changé loge volontairement ces Paderbornois, malgré la guerre qui les oppose aux Allemands.
Ensuite, la relation entre les deux villes ne sera plus aussi chaleureuse jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
La guerre de 39-45 était beaucoup plus idéologique. En 1 870 et lors de la Première Guerre mondiale, les Français combattaient l’Allemagne, c’était différent, ce n’étaient pas des guerres contre Hitler par exemple.
Alain Moro
L’historien n’a donc pas retrouvé de preuves de Paderbornois recueillis chaleureusement par des Manceaux contrairement à 1 870.
Un jumelage officiel en 1967
C’est après la Seconde Guerre mondiale que les relations franco-allemandes se réchauffent. « Les autorités ecclésiastiques des deux villes reprennent contact en 1951. Puis, le maire de Paderborn Christoph Tölle est accueilli à La Flèche en 1953 pour fêter la saint Liboire. Il y invite le maire du Mans de l’époque : Jean-Yves Chapalain. » Pour l’historien, ce dernier sera un grand artisan du rapprochement moderne entre les deux villes.
Dans les années 60, des échanges culturels s’organisent avec l’envoi d’une délégation sarthoise à Paderborn.
Le jumelage intervient officiellement le 3 juin 1967. Et, symboliquement, l’ancienne rue de Tessé est devenue l’avenue de Paderborn.
Alain Moro
Autre incarnation de l’amitié entre les deux communes, le maire de Paderborn, Christoph Tölle est devenu le sixième citoyen d’honneur du Mans.
« Ce lien est plus fort que les guerres »
Aujourd’hui, l’historien sarthois se sent concerné par ce jumelage. « Dans les années 2000, ma fille jouait au conservatoire du Mans. Elle a été invitée à représenter en Allemagne à Paderborn. Une année sur l’autre les conservatoires des deux villes se recueillaient pour jouer ensemble. C’est un exemple du lien moderne entre Paderborn et Le Mans ! »
Le Sarthois, originaire de La Ferté-Bernard, s’étonne du lien persistant des deux communes. « La pérennité du jumelage est impressionnante. On l’a vu, ce lien est plus fort que les guerres. Il a rendu chaque conflit franco-allemand absurde ! »
Lilian Ballu
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