Le procès de Sohaib Teima, 22 ans et originaire de Fermo a débuté ce mercredi matin devant la Cour d’assises d’Aoste, en Italie. Le jeune homme est accusé d’avoir tué au couteau, fin mars 2024, sa compagne, Auriane Laisné, une Lyonnaise également âgée de 22 ans, dans une chapelle abandonnée de La Salle dans le nord-ouest de l’Italie. Le 10 avril 2024, cinq jours après la découverte du corps d’Auriane, Sohaib Teima avait été arrêté à Lyon puis extradé en Italie, son pays d’origine. Contrairement aux assises françaises, les audiences ne se tiennent pas de manière continue.

Lors de cette première journée, la Cour d’Aoste a rejeté la demande d’expertise psychiatrique formulée par les avocats de l’accusé, qui clame toujours son innocence, selon l’agence de presse italienne Ansa.

Aucune preuve de nature à justifier une évaluation

Une requête contestée par le procureur Manlio D’Ambrosi, qui a rappelé que, dans le cadre du procès pour violences conjugales en novembre 2024 à Grenoble , pour des plaintes d’Auriane remontant à 2023, l’autorité judiciaire française avait estimé que « le sujet était capable de comprendre et de vouloir ». De plus, selon les juges Giuseppe Colazingari et Marco Tornator, il n’existe à ce jour « aucune preuve de nature à justifier une évaluation de l’état mental de l’accusé ».

Ordonnance falsifiée pour obtenir du Xanax

Selon le parquet, le meurtre aurait eu lieu entre le 26 et le 27 mars 2024. Déjà en 2022, Auriane Laisné s’était plainte du « comportement violent » de Sohaib Teima, évoquant « la possibilité qu’il puisse la tuer ».

L’enquête révèle une relation toxique, marquée par des tentatives de surveillance étroite exercées par Sohaib Teima sur Auriane. L’accusé aurait utilisé un logiciel de surveillance pour espionner les échanges téléphoniques de la jeune femme. Les analyses menées sur son ordinateur ont également révélé des traces d’un programme espion, utilisé entre fin janvier et le 20 février 2024, ainsi qu’un logiciel de masquage d’adresse IP et un accès au compte email d’Auriane. De plus, une ordonnance falsifiée pour obtenir du Xanax, un anxiolytique, a été retrouvée dans ses fichiers. Les enquêteurs ont également découvert des vidéos à caractère sexuel du couple sur une carte mémoire. Enfin, une note manuscrite retrouvée près du corps de la victime et qui mentionnait le compte Instagram d’un jeune Chilien, finalement sans lien avec l’affaire, poste toujours question. Sohaib Teima aurait-il tenté de faire accuser un autre homme ?

« Une confiance totale dans la justice italienne »

L’avocate de la défense, Me Lucia Lupi, accompagnée de Me Luca Tommaso Calabrò, dénonce un « procès à charge, reposant sur des éléments indirects », et réaffirme que son client conteste les faits qui lui sont reprochés.

Deux expertises, qui devront avoir lieu au cours du mois de mai : l’une pour retranscrire une quinzaine d’écoutes téléphoniques, dont plusieurs en arabe, et l’autre pour extraire les données de deux iPhones appartenant à Sohaib Teima. « Nous saluons l’excellent travail des carabiniers et avons une confiance totale dans la justice italienne », a déclaré Agnès, la mère d’Auriane, à la presse devant le tribunal. Les prochaines audiences sont programmées au mardi 27 mai, mercredi 18 juin, mercredi 23 juillet, mardi 16 septembre et mercredi 17 septembre 2025.