VinFast, le constructeur vietnamien de voitures électriques, traverse une passe difficile en Europe. Son avenir sur le continent semble incertain, marqué par des ventes décevantes et un changement radical de modèle de distribution.

EN BREF

  • VinFast, soutenu par Vingroup, a annoncé son arrivée en Europe en 2022 avec des modèles comme le VF 8 et VF 9.

  • Face à des pertes financières, VinFast abandonne la vente directe pour un réseau de concessionnaires franchisés dès mai 2025.

  • La transition vers des concessionnaires vise à réduire les coûts et améliorer le service, mais la concurrence reste un défi majeur.

VinFast, après un lancement prometteur, peine à s’imposer en Europe avec seulement six véhicules immatriculés en France en 2025. Face à des pertes financières massives, la marque abandonne son modèle de vente directe pour adopter un réseau de concessionnaires franchisés. Cette transition est à l’étude, mais les faibles volumes de ventes interrogent sur la viabilité de la marque. Le marché asiatique, où 80 % des véhicules sont écoulés, reste son bastion.

Une entrée en Europe vite freinée

Quand VinFast a annoncé son arrivée en Europe en 2022, l’enthousiasme était palpable. Ce constructeur vietnamien, soutenu par le puissant conglomérat Vingroup, promettait de secouer le marché des véhicules électriques avec des SUV comme le VF8 et le VF9. Lors du salon EVS 35 à Oslo, la marque avait même annoncé l’ouverture de 50 points de vente en propre, dont 20 en France, 25 en Allemagne et 5 aux Pays-Bas. Les showrooms, à l’image de ceux de Tesla, devaient offrir une expérience client fluide. Mais trois ans plus tard, le tableau est différent. En France, par exemple, seulement six véhicules ont été immatriculés depuis janvier 2025, un chiffre qui illustre l’ampleur des difficultés. En Allemagne et aux Pays-Bas, les résultats ne sont guère plus encourageants. Malgré des lancements médiatisés, VinFast n’a pas réussi à séduire l’attention des consommateurs européens.

Les chiffres financiers racontent une histoire encore plus sombre. En 2024, VinFast a vendu près de 97 400 véhicules électriques dans le monde, un volume honorable pour une marque aussi jeune. Pourtant, cela n’a pas empêché une perte nette de 3,2 milliards de dollars, contre 2,4 milliards en 2023. Ces pertes, aggravées par des investissements massifs pour son expansion à l’international, ont forcé la marque à revoir ses priorités. Alors que 80 % de ses ventes se concentrent en Asie, principalement au Vietnam, l’Europe apparaît comme un marché secondaire, difficile à conquérir.

Un virage vers les concessionnaires franchisés

VinFast n’avait pas le choix et a pris une décision radicale. En effet, le constructeur abandonne son modèle de vente directe en Europe. Dès le 9 mai 2025, tous les showrooms et centres de service du continent devraient fermer, selon des informations relayées par le média allemand Elektroauto-News.net. Cette fermeture s’accompagne d’une réduction drastique des effectifs, avec environ 90 % des employés européens licenciés. Une réunion interne, tenue début mai, aurait détaillé un calendrier précis : liquidation des actifs au deuxième trimestre 2025 et résiliation des baux dans la foulée. Est-ce que la marque se retire de l’Europe ? Non ! La marque mise désormais sur un réseau de concessionnaires franchisés, un modèle plus traditionnel déjà adopté par les grands constructeurs. En Allemagne, un partenariat avec Autohaus Hübsch, un distributeur reconnu, marque le début de cette transition. Deux showrooms, à Chemnitz et Werdau, opèrent désormais sous le modèle 3S (Sales, Services, Support), offrant une expérience complète, de la vente à l’après-vente. Aux Pays-Bas, un partenariat avec LKQ pour l’après-vente montre une volonté similaire de s’appuyer sur des acteurs locaux. En France, rien n’est encore acté, mais des discussions sont en cours pour adopter un modèle comparable.

Ce changement doit permettre à Vinfast de réduire les coûts. Gérer des showrooms en propre, surtout dans des marchés où les ventes peinent, est une charge lourde. Le constructeur veut aussi s’appuyer sur l’expertise locale. Enfin, le constructeur vietanamien veut améliorer le service après-vente, un point souvent critiqué. Le Thi Thu Trang, CEO de VinFast Europe, souligne que ce réseau permettra d’accompagner les clients à chaque étape, de la découverte des modèles à l’entretien. Cela dit, le constructeur n’est pas encore sorti d »affaires car les obstacles restent nombreux. La concurrence en Europe est féroce, avec des acteurs bien établis, et des nouveaux venus chinois comme BYD gagnent du terrain. De plus, la fermeture des showrooms risque de semer la confusion parmi les clients existants, même si VinFast assure que les services après-vente seront maintenus via des partenaires.