Un texte commun, publié à l’occasion du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les maires de Strasbourg (Bas-Rhin) et de Kehl, ville allemande située de l’autre côté du Rhin, ont dénoncé jeudi les contrôles aux frontières renforcés par le nouveau gouvernement du chancelier allemand conservateur Friedrich Merz qui « compliquent » la vie des frontaliers.

« Nous ne pouvons accepter que le nouveau gouvernement fédéral renforce les contrôles au point de compliquer la vie de milliers de frontaliers, de centaines d’écoliers et d’écolières, ainsi que de familles réparties des deux côtés du Rhin », écrivent Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, et Wolfram Britz, maire de Kehl, dans une déclaration commune.

« Le fait qu’il le fasse le jour où nous commémorons ensemble le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale avec des messages de paix et de réconciliation — et à la veille de la Journée de l’Europe — témoigne, à notre avis, d’un manque de conscience historique et de tact », ont-ils poursuivi. Les deux élus demandent au chancelier allemand et à son ministre de l’Intérieur Alexander Dobrindt « de ramener les contrôles à un niveau qui permette de préserver notre cohabitation transrhénane ».

Politique migratoire durcie

En temps normal, Français et Allemands traversent facilement la frontière, empruntant le Pont de l’Europe qui traverse le Rhin, principal point de passage, en voiture, à vélo ou empruntant la ligne de tramway qui relie Strasbourg et Kehl. Mais les contrôles ont été renforcés par le nouveau gouvernement allemand qui, à peine en place, a durci sa politique migratoire et annoncé mercredi que la plupart des demandeurs d’asile vont être refoulés aux frontières. Ainsi, ce jeudi matin, selon Les Dernières Nouvelles d’Alsace, ces nouveaux contrôles ont occasionné des embouteillages d’environ 30 minutes.

En septembre, Berlin avait déjà rétabli pour six mois les contrôles aux frontières pour lutter contre l’immigration illégale, suscitant des critiques au sein de l’Union européenne. « À l’époque, on nous avait assuré que les contrôles au pont de l’Europe, dans le tram et dans le train régional Ortenau-S-Bahn seraient organisés de manière à ne pas perturber la vie quotidienne dans notre bassin de vie rhénan », ont rappelé Barseghian et Britz.

« À l’exception de retards ponctuels du tramway et du train régional Ortenau-S-Bahn dus aux contrôles, ces promesses ont été tenues », ont reconnu les deux élus qui ont regretté que « cela a changé du jour au lendemain, ce 8 mai ».