Le premier ministre polonais Donald Tusk a estimé que la signature, vendredi 9 mai 2025, du traité renforçant la coopération de défense entre son pays et la France face à une Russie belliqueuse était « un événement historique ». « Je suis profondément convaincu […] que la France et la Pologne pourront compter l’une sur l’autre dans toutes les circonstances, les bonnes et les difficiles », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse alors que le texte comprend une clause d’assistance mutuelle en cas d’attaque armée.

Ce traité marque « une nouvelle page », a souligné de son côté Emmanuel Macron, évoquant « une solidarité irréversible ». Il a en outre martelé que les « intérêts vitaux » de la France, à la base de sa stratégie de dissuasion nucléaire, intégraient aussi ceux de ses « principaux partenaires » en Europe. « Depuis les années 60, avec les propos du général de Gaulle, la dimension européenne de cette dissuasion a été affirmée et elle a été constamment réaffirmée par tous mes prédécesseurs », a rappelé le président français.

Une dissuasion nucléaire pour les partenaires de la France

La France est le seul pays d’Europe occidentale, avec le Royaume-Uni, à être doté de l’arme nucléaire. Les autres pays européens membres de l’Otan sont jusqu’ici sous le parapluie nucléaire américain. La signature de ce traité intervient alors que la Pologne est devenu un acteur clé sur le flanc est de l’Otan et se sent menacée par Moscou. Les retrouvailles à Nancy se sont déroulées au moment où, à Moscou, Vladimir Poutine a défié les Occidentaux avec un imposant défilé militaire pour les 80 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie.

« Le président Poutine est du côté de la guerre, pas du côté de la paix […] et ceux qui ont pu croire qu’il avait une velléité de paix en sont pour leur compte », a lancé Emmanuel Macron alors que la guerre en Ukraine ne faiblit pas malgré la promesse de Donald Trump d’y mettre fin. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé qu’un sommet de dirigeants européens soutenant Kiev aurait lieu ce samedi en Ukraine.

Clause de défense mutuelle

Avant de s’envoler pour la France, Donald Tusk avait annoncé que le traité inclurait une clause de défense mutuelle, qui « ouvre la possibilité d’une coopération » en matière de dissuasion nucléaire. Interrogé sur une aide concrète en cas d’agression de la Pologne par la Russie, Emmanuel Macron a assuré qu’un « déploiement serait possible face à une agression et si le pire devait advenir ». « J’en veux pour preuve que lorsque la Russie a décidé de cette guerre d’agression contre l’Ukraine en février 2022, nous avons pu en cinq jours déployer des troupes en Roumanie », a-t-il rappelé. Paris et Varsovie avaient déjà conclu un traité en 1991, alors que la Pologne sortait du glacis soviétique, après la chute du Rideau de fer. Mais il était moins ambitieux que le texte du jour.