Rencontre avec les dirigeants européens et le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy sur la paix et la sécurité pour l'Ukraine au Palais de l'Elysée à Paris

Rencontre avec les dirigeants européens et le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy sur la paix et la sécurité pour l’Ukraine au Palais de l’Elysée à Paris

par Elizabeth Pineau

NANCY, Meurthe-et-Moselle (Reuters) -Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre polonais Donald Tusk ont signé à Nancy (Meurthe-et-Moselle) vendredi un traité renforçant dans des domaines comme la sécurité et l’énergie la coopération de leurs deux pays sur fond d’inquiétudes liées au conflit en Ukraine.

« C’est un traité qui, sur l’énergie, l’économie, la défense, va nous permettre d’avancer ensemble et aussi de tirer toutes les conséquences de ce nouvel ordre du monde », a dit Emmanuel Macron, qui a déjeuné avec Donald Tusk avant la signature du traité et une conférence de presse où les dirigeants ont insisté sur les liens historiques unissant leurs nations.

A l’image des traités d’Aix-la-Chapelle, du Quirinal et de Barcelone, signés avec l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne respectivement, ce « traité d’amitié et de coopération renforcée » paraphé lors de la journée de l’Europe entend consolider la relation entre la France, pays fondateur de l’Union européenne, et la Pologne, membre depuis 2004.

Il intervient à un moment riche en symboles, le jour où Moscou organise un grand défilé militaire en présence du président chinois Xi Jinping et à la veille d’un sommet des dirigeants de la « coalition des volontaires » annoncé par le président ukrainien Volodimir Zelensky.

La France sera présente à cette réunion « pour partie virtuelle et pour partie physique », a dit Emmanuel Macron à Nancy sans préciser s’il y participerait en personne.

« En cas d’agression armée sur leurs territoires, les Parties s’assistent mutuellement, y compris par des moyens militaires », peut-on lire dans le traité d’amitié qui invoque « la fraternité d’armes » entre la France et la Pologne, et leur « lutte commune contre les régimes totalitaires ».

Donald Tusk a particulièrement insisté sur l’assistance mutuelle en matière de défense, évoquant l’idée d’une éventuelle extension du parapluie nucléaire français à la Pologne.

DISSUASION NUCLÉAIRE

« Les dispositions du traité sont révolutionnaires du point de vue de notre sécurité », a-t-il dit à la presse avant de quitter Varsovie, ajoutant toutefois qu’il ne saurait constituer une « alternative » aux liens traditionnels entre la Pologne et les Etats-Unis.

« Nous avons besoin à la fois de l’Amérique et d’une Union européenne forte », a-t-il souligné.

Le traité franco-polonais intervient alors qu’Emmanuel Macron a proposé en mars d’étendre les capacités nucléaires françaises à d’autres pays européens.

« La dissuasion nucléaire française a une composante européenne et dans ce traité, c’est une solidarité encore plus forte que nous scellons, qui permet de rendre opérationnelle ce qu’il y a déjà dans l’article 5 de l’Otan et le traité de l’Union européenne », a dit le président français place Stanislas à Nancy, où il a pris un bain de foule avec le Premier ministre polonais.

A l’heure où l’Europe s’inquiète de la volonté exprimée par le président américain Donald Trump de se désengager de la sécurité du Vieux continent, le gouvernement pro-européen de Varsovie souhaite diversifier ses partenariats en la matière pour éviter de trop dépendre de Washington.

Le traité franco-polonais témoigne du rôle de plus en plus important joué par la Pologne sur la scène européenne, grâce à sa position stratégique sur le flanc oriental du continent bouleversé par le conflit en Ukraine.

Membre de l’Otan, la Pologne consacre 4,12% de sa production économique à la défense, le pourcentage le plus élevé de l’alliance.

Le traité instaure une journée de l’amitié franco-polonaise, chaque 20 avril, et prévoit un sommet annuel entre les deux pays.

L’histoire de Nancy est liée à celle de la Pologne grâce à Stanislas Leszczynski, roi de Pologne (1704-1709) devenu duc de Lorraine et de Bar en 1737.

(Reportage Elizabeth Pineau à Nancy, avec Anna Koper et Pawel Florkiewicz à Varsovie, édité par Kate Entringer et Blandine Hénault)