« On n’en peut plus, on ne peut plus dormir. » « Aucune sanction n’est prise, il y a pourtant des lois. » La colère monte. Les témoignages fusent et se ressemblent à travers la ville. La raison de ce ras-le-bol: les établissements qui reçoivent du public sur leurs terrasses ou leurs rooftops.
La cohabitation entre les habitants et les établissements est une réalité avec laquelle il faut composer lorsqu’on vit en centre-ville. Comme dit l’adage: « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. »
Dans plusieurs quartiers de Nice, ils ont décidé d’unir leurs forces en créant notamment des collectifs pour dénoncer des situations qu’ils ne supportent plus.
« À partir de Pâques, c’est tous les soirs »
« La piétonnisation de la rue Saint-François-de-Paule a permis à plusieurs restaurants d’avoir un espace extérieur, explique Bertrand Salles, le président du comité de quartier du Vieux-Nice. Cette occupation du domaine public perturbe tout le quartier. » Car, poursuit-il, « ces établissements sortent d’une activité simple de restaurant pour devenir de véritables boîtes de nuit à ciel ouvert ».
Dans le collimateur du comité de quartier du Vieux-Nice: le restaurant La Petite maison. Le comité a d’ailleurs adressé plusieurs courriers à la mairie de Nice pour demander « que la loi soit appliquée et que le maire fasse respecter ses arrêtés municipaux ». « partir de Pâques, c’est tous les soirs, soupire Bertrand Salles. Car, au-delà de la musique, il y a les cris des clients. »
« Trouver une solution acceptable pour toutes les parties »
Même constat à l’est de la ville, du côté du boulevard de Riquier. Les riverains de l’hôtel Mama Shelter ont décidé de monter au créneau en adressant, eux aussi, un courrier à la Ville, doublé d’une pétition signée par près de 80 riverains.
« Il n’est évidemment pas question de fermer l’hôtel mais de trouver une solution acceptable pour toutes les parties », déclare le collectif du quartier Riquier, qui s’est formé en septembre 2024 pour dénoncer les nuisances.
« Depuis notre ouverture, nous avons toujours respecté l’environnement local et entretenu des relations positives avec la communauté, affirme l’équipe du Mama Shelter. Nous prenons très au sérieux les préoccupations exprimées par certains riverains et nous nous engageons pleinement à mettre en place des solutions pour minimiser toute nuisance. » Elle poursuit: « Nous restons pleinement ouverts au dialogue avec nos voisins et les autorités locales pour trouver ensemble les solutions les plus adaptées ».
« On sait déjà qu’on ne pourra plus ouvrir nos fenêtres l’été »
Du côté de l’hôtel Anantara, à deux pas de la rue piétonne, le torchon brûle depuis l’été 2024. Les habitants des immeubles situés à l’arrière de l’établissement, qui donnent tous sur une même cour, n’en pouvaient plus de subir la musique diffusée sur le rooftop de l’établissement. Si le dialogue semblait avoir été rétabli à la fin de l’été, le problème est de nouveau d’actualité. « Rien n’a changé, constate Sébastien, un des riverains de la rue Paradis. On aime notre appartement et notre quartier mais on appréhende l’été à venir car on sait déjà qu’on ne pourra plus ouvrir nos fenêtres. »
« Les Niçois doivent pouvoir jouir de la tranquillité à laquelle ils ont droit »
La municipalité se dit « particulièrement attentive » à ce dossier. Elle souhaite « permettre aux établissements de continuer à attirer du public dans le respect de la réglementation en vigueur » tout en insistant sur le fait que « tous les Niçois doivent pouvoir jouir de la tranquillité à laquelle ils ont légitimement le droit dans leur domicile ».
La Ville rappelle que deux arrêtés municipaux réglementent le bruit en ville. Le premier concerne « la lutte contre le bruit », quelle que soit son origine. Le second réglemente « la production des artistes de rue sur le territoire communal ».
« Dès qu’elle est sollicitée, la Ville suit avec une attention particulière les plaintes des riverains liées aux nuisances sonores des établissements », assure-t-elle. Pour preuve, l’intervention du maire Christian Estrosi, qui indiquait la semaine dernière être « scandalisé par la direction de l’Anantara ». Il affirmait alors: « Cela ne va pas durer. Il risque d’y avoir des sanctions extrêmement lourdes s’ils continuent à assumer ce type de pratiques ». Tout en annonçant les avoir « mis en demeure ».