Par

Inès Cussac

Publié le

10 mai 2025 à 7h50

Comme l’on danse sur le pont d’Avignon, on circule sur le pont des Souverains à Paris. Ce dernier est pourtant en plein chantier pour remplacer ses 25 tabliers. La SNCF Réseau profite du week-end prolongé du 8 mai 2025 pour moderniser ce viaduc qui enjambe le boulevard Berthier dans le 17e arrondissement. Dessus, 1 600 trains quotidiens roulent depuis la gare Saint-Lazare. Dessous, les milliers de voitures du périphérique se croisent et longent le RER C et le tram T3B.
Grâce à un nouvel engin conçu spécialement pour ce chantier, baptisé Léonard en référence au maître de la Renaissance, la SNCF mène ses opérations d’envergure sans impacter le trafic. 90 % des trains continuent de naviguer sur les rails. « Nous n’avons pas employé une méthodologie classique avec une grue. On a imaginé un outil pour passer en dessous du pont », précise Gilles Gautrin, directeur modernisation et développement SNCF Réseau Île-de-France.

Un pont plus vieux que la tour Eiffel

Plus de six ans et 34 millions d’euros ont été nécessaires pour permettre au groupe ferroviaire de lancer ce projet devenu indispensable afin d’assurer la fiabilité du pont construit en 1868, 20 ans avant la tour Eiffel. « L’ouvrage est resté mais tout l’environnement a changé, au-dessus et en dessous », rappelle le chef de projet, Abderrazak Yaya.

Il est en effet devenu un point de transit massif des lignes Transiliens L, J et des trains du réseau Nomad, mais aussi du RER C qui roule en dessous. Les rails de ce dernier ont d’ailleurs été réquisitionnés pour y installer les roues de Léonard. L’appareil peut ainsi acheminer et positionner chaque partie du tablier grâce aux quatre vérins hydrauliques dont il dispose. « L’engin est assez compact pour passer sur les voies du RER C et assez solide pour porter tous les matériaux », résume Abderrazak Yaya. Il évite surtout de recourir aux équipements de levage traditionnels, plus onéreux et qui nécessiterait de couper une plus grande partie de la circulation des trains.

Léonard circule sur les rails du RER C pour acheminer chaque partie du tablier.
Léonard circule sur les rails du RER C pour acheminer chaque partie du tablier. (©IC / actu Paris)« Jongler avec les calendriers »

Le remplacement des tabliers se fait en trois grandes opérations « coup de poing », après trois mois de travaux préparatoires. Pendant que les Parisiens jouissent d’un week-end prolongé, la SNCF Réseau met à profit leur désertion pour œuvrer sur le chantier. Une première opération avait eu lieu du 30 avril au 4 mai. La deuxième est en cours, jusqu’au 11 mai. Une troisième, enfin, se déroulera du 1er au 12 août. « Il faut jongler avec les calendriers. Par exemple, pour un week-end comme l’Ascension, les trains normands doivent rouler. C’est en revanche un bon moment pour les Transilien qui vont à La Défense », illustre Gilles Gautrin pour qui « le chantier cumule beaucoup de complexités ».

« Même si on a des plans de l’époque, aussi précis soient-ils, on peut encore avoir des surprises », indique-t-il. Comme la semaine dernière, lorsque les ouvriers ont découvert des poutres métalliques cachées dans les voûtes en briques et non mentionnées dans les dessins.

Les voûtes de briques sont démolies par les ouvriers avant d'être remplacées.
Les voûtes de briques sont démolies par les ouvriers avant d’être remplacées. (©IC / actu Paris)

D’autres incidents ont aussi donné quelques sueurs froides à ceux qui mènent le projet. Tel que l’incendie du centre de tri Syctom, début avril. Le boulevard Berthier, où il est situé, est utilisé par la SNCF Réseau comme axe de logistique pour les camions et la petite grue de levage. « Ils ont rouvert la circulation le lundi qui précédait le lancement de l’opération », se souvient Gilles Gautrin. L’épisode de grêle qui a déferlé sur Paris samedi 3 mai a suscité quelques inquiétudes vis-à-vis du calendrier à tenir. Sur ce chantier express de quatre jours, chaque heure est comptée. Ce vendredi, un trou béant laisse voir les rails du RER C depuis les rails du Transilien. Lundi, il doit être rebouché pour que tous les Parisiens de retour de week-end n’y voient que du feu.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.