Et si la fin des hostilités était en vue en Ukraine, plus de trois ans après l’agression de la Russie ? C’est l’espoir né samedi à Kiev, où les dirigeants de la France, l’Allemagne, la Pologne et le Royaume-Uni ont retrouvé le président de l’Ukraine pour lancer un ultimatum à la Russie sur un cessez-le-feu de trente jours à partir de lundi. Une démarche, précision décisive, appuyée par le président des États-Unis, consulté par téléphone depuis la capitale ukrainienne.

La menace de « sanctions massives »

Que va répondre Vladimir Poutine, qui faisait la veille une démonstration de puissance militaire sur la Place Rouge avec son allié le président chinois Xi Jinping ? Le Kremlin a affirmé samedi soir qu’il allait « réfléchir » à la proposition.

« Il s’agit d’un nouveau développement », a reconnu son porte-parole, Dmitri Peskov, ajoutant toutefois : « Mais essayer de faire pression sur nous est tout à fait inutile ».

Les quatre « Grands » européens ont donc fédéré autour de l’Ukraine, lors d’une visioconférence, une vingtaine de pays pour soutenir un cessez-le-feu « complet et inconditionnel » de trente jours. La surveillance du cessez-le-feu sera « assurée principalement par les États-Unis d’Amérique », et « tous les Européens contribueront », a détaillé Emmanuel Macron. Si la Russie refuse ce cessez-le-feu, ou si elle l’accepte puis le viole, « nous sommes agréés que des sanctions massives seraient préparées et coordonnées entre Européens et Américains ».

La volte-face de Trump

Ensuite pourront s’ouvrir des négociations de paix abordant tous les sujets, dont d’éventuels échanges de territoires. L’objectif en sera bien une « paix durable et robuste », donc assortie de garanties, a insisté le président français : aide financière à l’Ukraine, soutien au développement et à l’équipement de son armée, et en « deuxième rideau » une « force de réassurance […] qui dissuade (la Russie) de toute agression à venir ». C’est ici que se posera la question d’une présence de troupes européennes en Ukraine, évoquée une première fois par Emmanuel Macron en février 2024.

L’espoir né samedi à Kiev vient du changement d’attitude de Donald Trump. Alors que début février, il sermonnait Volodymyr Zelenski dans son Bureau ovale en reprenant la thèse russe, fin avril il échangeait calmement avec lui au Vatican, pour enfin exhorter ce jeudi Vladimir Poutine à accepter « un cessez-le-feu inconditionnel ». Le président américain, agacé des palinodies russes, a aussi empoché le gain d’une exploitation des minerais ukrainiens.

Macron à la manœuvre

Côté européen, l’impulsion est venue du tandem franco-britannique, qui travaille depuis des semaines à mobiliser une « coalition des volontaires ». Le Brexit est dépassé, le Royaume-Uni et sa force nucléaire sont plus que jamais nécessaires à la sécurité du continent. Et c’est l’Europe des grands États qui agit, pas l’Union de Bruxelles. L’Europe avec la Pologne, rassurée par la présence des États-Unis, récente signataire d’un traité d’assistance militaire mutuelle avec la France. L’Europe avec l’Allemagne et son nouveau chancelier, moins pusillanime que son prédécesseur : « Cette guerre ne menace pas seulement l’intégrité territoriale de l’Ukraine, (elle) vise à détruire l’ordre politique européen tout entier », a martelé Friedrich Merz.

Mention spéciale doit être faite enfin d’Emmanuel Macron, constamment à la manœuvre. La semaine dernière, il déclarait dans Paris Match : « Dans les huit à dix jours prochains, nous allons accroître la pression sur la Russie », avec les États-Unis. Mission accomplie sur ce point.

Reste maintenant à connaître la réponse de Vladimir Poutine lui-même.