Les entraîneurs français de volley ont la cote au Japon. Il y a eu, d’abord, Philippe Blain, le champion olympique Laurent Tillie au Panasonic Panthers puis à l’Osaka Bluteon avant d’être nommé sélectionneur de l’équipe nationale nippone, comme Blain avant lui, avec pour mission d’accrocher le podium pour les prochains Jeux de Los Angeles en 2028. Depuis deux ans aux Suntory Sunbirds d’Osaka, Olivier Lecat (58 ans) suit le chemin tracé par ses deux illustres prédécesseurs. Avec un certain succès.
L’ancien passeur de Tours et Poitiers, notamment, champion de France comme coach du Stade Poitevin en 2011 puis de Montpellier en 2022, vient de conserver le titre national japonais, déjà remporté en 2024. Un doublé auxquels s’ajoutent une médaille de bronze au Mondial des clubs en 2023, une Coupe du Japon et une Coupe de l’empereur. Avant de participer à la Ligue des Champions asiatique à partir de ce dimanche où il pourrait croiser la route du club iranien de Sirjan d’un certain Earvin Ngapeth. « On y va afin de chercher une nouvelle qualification pour les championnats du monde des clubs », confie l’intéressé, heureux de faire partager cette très belle expérience sportive mais aussi humaine.
Le volley au japon
« On joue dans de magnifiques Arena, comme celle ayant accueilli les Jeux Olympiques de Tokyo en 2021. Il y avait 12 ou 13.000 personnes. Pour la finale, dans une nouvelle salle de spectacle où évolue aussi l’équipe de basket de Shiba, c’était plein à craquer avec 10.000 supporteurs. Ce sont des shows incroyables. Avec les résultats de l’équipe nationale (5e des derniers Jeux, 2e de la Ligue des Nations), le retour de Ran Takahashi chez nous, une vraie star au Japon, il y a eu un cap important franchi au niveau de l’engouement. Sur certains postes, il y a aussi les meilleurs étrangers. C’est un gros championnat avec une ferveur qui a explosé. Sur les matchs à domicile, nous avons réuni plus de 115.000 fans sur l’ensemble de la saison à domicile. »
Le championnat japonais
« Je suis très fier d’avoir constitué un groupe qui performe, ayant faim de grands titres. La plupart des équipes de SV League (le championnat japonais) sont créées par de grandes compagnies comme Panasonic, Suntory, Toyota. Ce sont des énormes entreprises, parmi les fleurons du pays. Au sein d’un effectif, il y a des joueurs professionnels et d’autres qui travaillent ou travailleront aussi pour ces compagnies après leur carrière sportive. C’est un paradigme complètement différent. Il y a une sécurité de l’emploi, la fierté de l’entreprise qui est très cultivée. Tout est fait pour que tu puisses réussir. Il y a une grande vision mais sans pression négative comme en Europe. »
L’état d’esprit japonais
« La culture japonaise est basée sur le respect et la hiérarchie. Les codes dans les rapports humains sont différents. Les choses sont assez figées. Le mot d’ordre, quand on arrive, est d’abord de comprendre et de s’adapter. Il faut changer ses réflexes latins. Même lorsque les gens ne sont pas contents, il n’y a pas de plaintes, ou alors elles sont exprimées autrement. Cela peut paraître monocorde mais, une fois que l’on a compris que c’est de l’ordre culturel, il faut trouver la manière pour faire passer ces messages de la meilleure des façons. Les Japonais ont aussi une grande capacité à se mobiliser autour de quelqu’un qui montre la voie. Ce sont des soldats. On s’enrichit de cette différence culturelle. Vivre au Japon en tant qu’expatrié, c’est un pur bonheur. »
Pierre Samit