Décidément, la caserne Faron de Vandœuvre aura fait polémique jusqu’au bout. Depuis que l’ancien site militaire a été réquisitionné par l’état en 2013 pour héberger des demandeurs d’asile, il n’a jamais cessé d’être sous le feu des critiques.

Notamment de la part de l’ancien maire de Vandœuvre Stéphane Hablot qui s’est battu durant des années pour récupérer les lieux afin d’y lancer des projets d’aménagement urbain. Mais aussi de la part d’associations de défense des sans-papiers qui ont régulièrement dénoncé les conditions d’hébergement.

Eau et électricité coupée trois jours avant la fermeture

La fermeture programmée de la caserne dans le courant de ce mois de mai aurait donc dû régler tous les problèmes et satisfaire tout le monde. Elle a finalement créé une énième controverse, un ultime coup de chaud.

À l’appel de RESF (Réseau éducation sans frontière), une soixantaine de militants pro-migrants se sont, en effet, réunis à l’entrée de la caserne quasi-déserte pour un dernier coup de gueule.

Pourquoi ? « Pour protester contre la manière dont la préfecture a décidé de ferme Faron. Il était prévu que les dernières familles partent le 12 mai. Mais dès ce vendredi 9 mai, l’eau et l’électricité ont été coupés pour les forcer à quitter les lieux », s’insurge Johan Chanal, bénévole de RESF.

« Ce sont des personnes en détresse et on en prend moins soin que des animaux ! », s’indigne également Françoise Richard, de l’association catholique La Belle Porte. Son organisation doit prendre en charge pendant quelques jours la dernière famille encore présente sur Faron ce samedi : une mère de famille congolaise avec ses trois enfants.

« Une solution de relogement » pour tous, selon la préfecture

Tous les autres migrants, une trentaine selon les associations d’aide aux demandeurs d’asile, sont partis dès vendredi. La plupart « sans solution alternative d’hébergement », accuse Brigitte Delacourt, membres d’« Un toit pour les migrants ».

Ce que conteste la préfecture : « Chaque situation a fait l’objet d’un examen individualisé pour proposer une solution de relogement adaptée », indique son service communication qui assure que même les sans-papiers faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) n’ont pas été jetés à la rue et se sont vus offrir un toit.

« Mais à condition qu’ils s’engagent à retourner dans leurs pays. Cela s’appelle du chantage », dénonce M e Sonia Rodriguez, représentante à Nancy du Syndicat des avocats de France. Et la juriste de montrer une lettre de la préfecture demandant effectivement aux migrants sous OQTF de prouver leur départ prochain de France pour avoir un hébergement.

Une Arménienne de 79 ans, aveugle et en fauteuil, à la rue

D’autre part, au moins une famille hébergée à Faron a échoué dans la rue, complètement démunie. « J’ai retrouvé, vendredi, en fin de journée, une Arménienne de 79 ans, aveugle et en fauteuil qui s’apprêtait à passer la nuit sous des couvertures, dans le parc Biancamaria, avec son fils d’une cinquantaine d’années qui est malade », témoigne Rahim Faiq, président de l’ADEP (association de développement, d’éducation et de parrainage).

Avec une de ses adhérentes qui est infirmière, il a contacté le SAMU-social et réussi à obtenir la prise en charge de la vieille dame et de son fils dans une structure d’hébergement d’urgence : « Il a fallu négocier pendant deux heures. De toute manière, je n’aurais pas laissé cette femme et son fils dehors, quitte à les héberger chez moi ».