Paisible et fluette le plus clair de son temps, la Cagne inspire moins la crainte que le bucolisme. C’est pourtant mal connaître ce fleuve qui, à l’instar de tous ses congénères maralpins, a le sang chaud. Quelques grosses averses suffisent à le faire sortir de ses gonds. Colère accentuée par les nombreux vallons se transformant en entonnoirs géants et l’urbanisation galopante imperméabilisant les sols. Mais les inondations successives et parfois meurtrières suffisent-elles à éveiller les consciences, à faire adopter les bons réflexes? C’est ce que la Ville, la Métropole Nice-Côte d’Azur et la Maison régionale de l’eau vont essayer d’établir, durant les prochains mois, au travers d’un questionnaire en ligne (1).
« Nous souhaitons savoir comment les habitants, mais aussi les touristes de Cagnes-sur-Mer, perçoivent le risque inondation. S’ils le prennent au sérieux, s’ils en comprennent les causes et les conséquences. Quelles actions sont-ils prêts à entreprendre face à cette menace. En bref, si leur représentation du risque est en adéquation avec la réalité », expose Karine Viciana.
« La prise de conscience ne suffit pas »
La directrice de la Maison régionale de l’eau sera secondée dans cette mission par quatorze étudiants. Tous suivent le master Gestion territoriale des risques naturels et technologiques – sciences du risque, à Marseille. Durant le dernier week-end d’avril, ils ont multiplié les micros-trottoirs et le porte-à-porte, notamment dans le centre-ville, au Cros et au centre commercial Shopping Promenade Riviera (ex-Polygone), construit en zone inondable.
« Une fois analysées, les données recueillies nous permettront, avec une agence de communication, d’établir une stratégie de sensibilisation à partir de juin », poursuit Karine Viciana. L’occasion de rappeler les réflexes à adopter en cas d’alerte inondation, « parce que la prise de conscience ne suffit pas. Il faut passer de la pensée à l’action », martèle la directrice. Avant de donner quelques exemples: « Pour ne pas encombrer les voies de circulation et pour ne pas se faire emporter, il est primordial de ne pas sortir de chez soi. Même pour aller chercher ses enfants à l’école, où des procédures de mise à l’abri sont prévues. (…) Mais la gestion du risque se fait surtout en amont: ne pas garer sa voiture à côté d’un cours d’eau. Ou encore aménager sa maison pour la rendre plus résiliente. »
Des diagnostics à domicile
Sur ce dernier point, un bureau d’étude spécialisé assistera les particuliers dont les propriétés seront identifiées comme vulnérables. À partir du mois prochain et jusqu’en décembre 2026, ces diagnostics proposeront une série de mesures de protection: mettre hors d’eau les équipements sensibles, déployer des batardeaux, aménager un Velux en guise d’échappatoire, signaliser la présence d’une piscine enterrée, installer un dispositif anti-refoulement qui prévient les remontées d’eaux usées, etc.
« Bref, vivre un peu plus à la manière des Hollandais », conclut Louis Nègre. Artisan de la renaturation partielle du lit de la Cagne afin d’en limiter les crues, le maire n’aura de cesse de le rappeler: « Aux Pays-Bas, ils ont compris et il serait temps qu’on l’intègre aussi: il y aura des tempêtes, des inondations. Encore plus avec le dérèglement climatique. À nous d’apprendre à vivre avec ce risque, inévitable. »
1. Le lien du questionnaire: Ville.cagnes.fr/actualites-csm/face-aux-inondations-agissons-ensemble