Le président russe Vladimir Poutine a proposé dimanche des négociations « directes » et « sans condition préalable » entre la Russie et l’Ukraine dès jeudi à Istanbul, repoussant à de telles discussions toute possibilité d’instaurer le cessez-le-feu exigé par les alliés de Kiev.

Ces négociations directes sont « un premier mouvement mais il n’est pas suffisant » a réagi Emmanuel Macron. Le cessez-le-feu inconditionnel n’est pas précédé par des négociations, par définition », a déclaré le président français à des journalistes à sa descente de train dans la ville polonaise de Przemysl au retour d’un déplacement en Ukraine. Il a estimé que cette contre-proposition montrait que Vladimir Poutine « cherche une voie, mais il y a toujours chez lui la volonté de gagner du temps ».

Dans une rare démonstration d’unité occidentale, l’Ukraine et ses alliés européens, de concert avec les Etats-Unis, ont adressé samedi un ultimatum à Moscou pour accepter un cessez-le-feu « complet et inconditionnel » de 30 jours à partir de lundi, faute de quoi la Russie s’exposerait à de nouvelles « sanctions massives ».

Vers une médiation turque ?

Sans évoquer directement cette proposition, le président russe a reproché aux Européens de traiter la Russie « de manière grossière et à l’aide d’ultimatums » et a estimé que l’instauration d’une trêve devrait s’inscrire dans des discussions « directes » avec Kiev.

« La Russie est prête à des négociations sans aucune condition préalable (….). Nous proposons de commencer dès jeudi prochain, le 15 mai, à Istanbul », a déclaré Vladimir Poutine dans une déclaration à la presse, tard dans la nuit au Kremlin, précisant qu’il s’entretiendrait dans les heures qui viennent avec le président turc Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier, en contact régulier avec son homologue russe, a plusieurs fois proposé d’accueillir des pourparlers de paix.

La Turquie, membre de l’Otan, avait joué un rôle de médiation en 2022 pour la conclusion d’un accord permettant l’exportation de céréales ukrainiennes par la mer Noire, dont la Russie avait par la suite claqué la porte.

Vladimir Poutine a averti que des discussions devraient porter sur « les causes profondes du conflit » – qu’il a qualifié de « guerre » bien que ce terme soit rejeté par les autorités russes – « dans une perspective historique ».

« Nous n’excluons pas qu’au cours de ces négociations, il soit possible de se mettre d’accord sur de nouveaux cessez-le-feu », a-t-il ajouté, accusant Kiev d’avoir violé à de multiples reprises de précédentes trêves ou moratoires sur les frappes sur les installations énergétiques.

Une trêve de trois jours pas respectée

Alors que les cartes ont été rebattues par le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui a entamé un rapprochement avec Vladimir Poutine, Moscou a rejeté jusqu’à présent les appels au cessez-le-feu.

Le Kremlin s’est contenté de décréter unilatéralement une trêve de trois jours pour les commémorations des 80 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie, qui s’est achevée dans la nuit de samedi à dimanche.

L’Ukraine n’a pas fait état de frappes de missiles russes de longue portée sur ses villes pendant cette trêve mais elle a accusé la Russie de centaines de violations sur la ligne de front. Sur le terrain, dans la nuit de samedi à dimanche, après l’expiration de la trêve décrétée par Moscou, des alertes aériennes ont retenti dans de nombreuses régions ukrainiennes, dont à Kiev.

Non loin du front dans le nord-est du pays, le porte-parole de la brigade militaire Khartia a assuré qu’il n’y avait « pas de trêve » et que l’intensité des combats était restée « à peu près la même » que d’habitude, ses troupes ayant essuyé des tirs à l’arme lourde depuis jeudi, début du cessez-le-feu de trois jours décrété par Moscou.

L’ambassade américaine en Ukraine a mis en garde vendredi contre le risque d’une importante « attaque aérienne » russe ces prochains jours.