De l’action à revendre. Voilà peut-être le résumé de la trilogie Balle perdue, dont le troisième volet sort sur Netflix ce mercredi 7 mai 2025. Une telle promesse est plutôt rare dans le cinéma français. Elle est parfaitement tenue depuis juin 2020 et la sortie du premier film sur Netflix, avec d’incroyables cascades. Rebelote en 2022 avec la suite, toujours sur la même plateforme de streaming, qui laissait une sacrée question en suspense. C’est donc reparti pour un troisième, et normalement dernier tour, toujours incarné par Alban Lenoir, nouvelle star de l’action, qui effectue lui-même la majorité de ses cascades. Réalisateur de la saga depuis ses débuts, Guillaume Pierret nous en livre les secrets, en toute franchise.
Guillaume Pierret, réalisateur de Balle Perdue : « On fait un peu l’anti Fast & Furious »
Télé-Loisirs : Quel était le challenge de ce troisième volet ?
Guillaume Pierret : Le challenge, c’était de faire une bonne conclusion, plus épique encore que les deux premiers, de régler toutes mes frustrations par rapport aux deux premiers volets, des choses que je n’avais pas pu faire faute de moyens. Il fallait que ça carbure niveau action. Et aussi de conclure tous les arcs narratifs des personnages, de faire revenir tous les anciens, même ceux censés être morts, et introduire le grand méchant de l’histoire, incarné par Gérard Lanvin
Il y avait une volonté de faire un Fast & Furious à la française ?
G.P. : Ce n’est pas une saga à laquelle je me compare, c’est incomparable. On fait un peu l’anti Fast & Furious, on fait un maximum de choses en vrai, avec des véhicules qui ne sont pas sexy. Parce qu’on n’a pas le même budget non plus.
Comment expliquez-vous le carton des deux premiers volets ?
G.P. : Les plateformes comme Netflix ont une audience mondiale, et il y a beaucoup de fans de ce type de films dans le monde. Quand on aime l’action, peu importe la provenance du film, on regarde. Donc ça ne m’étonne pas que dans le monde, il y ait des gens qui aiment nos films. Si on prend les spectateurs américains, ils aiment bien qu’on fasse un maximum d’effets pratiques, qu’on fasse ça chez nous, avec des décors français qui sont exotiques pour eux. Le fait qu’on fasse des choses en vrai, avec des films qui sentent la transpiration, l’huile de moteur, ils aiment bien. Le budget ne permettait pas de faire appel à des effets spéciaux numériques. Et puis j’ai grandi dans les années 80-90, où tout était fait en vrai. Je suis infusé de cette époque-là, L’Agence tous risques, Les Blues Brothers, Die Hard 3…
Guillaume Pierret : « C’est le dernier Balle perdue… avant le prochain »
Comment s’est passé le tournage de l’impressionnante bataille finale ?
G.P. : Le grand défi du film, c’était le crash d’un hélicoptère. C’est la cascade qui nous a le plus mobilisé, qui a le plus mobilisé les équipes. Ce sont des semaines de discussion. Il fallait qu’un hélico en vol rencontre et un camion en mouvement. D’un coup, on le filme, c’est fini en une fraction de secondes et on ne peut pas le refaire. Le tournage a pris 68 jours, la scène d’action finale a pris neuf jours, ce qui est un délai très resserré, pour une scène qui dure dix minutes, avec des feux d’artifices tirés sur un hélico. Il faut anticiper, penser au montage avant de tourner, être certain d’avoir suffisamment de matière à la fin. C’est une pression qu’on a depuis six ans, avec laquelle on s’amuse beaucoup.
Alban Lenoir est devenu depuis le succès du premier Balle perdue une figure du cinéma d’action…
G.P. : Alban est un ami à la base, un acteur qui a émergé au moment où j’ai commencé à réaliser des courts-métrages un peu plus produits. Il a toujours été prévu qu’on se retrouve à un moment sur un film d’action. Je savais que j’allais pouvoir compter sur lui, il est très demandeur, il aime l’action. Il ne m’a pas déçu, j’ai eu l’Alban que j’avais commandé. En dix ans, il s’est découvert une nouvelle passion pour le pilotage, sur le plateau il a pu faire beaucoup plus de choses. Mais quand il y a un crash, on est obligé de faire appel à des cascadeurs, parce qu’il y a des explosions, trop de choses dangereuses qui peuvent mal se passer.
Tourner pour Netflix, c’est différent ?
G.P. : Non, parce que maintenant, les gens peuvent regarder les films sur leur téléphone, mais aussi avec un rétroprojecteur ou une télévision grand écran avec une barre de son de fou. Nos films sont pensés comme s’ils sortaient en salles. Il n’y a aucune limitation, aucune différence. On fait un vrai film, pas un téléfilm, avec les même temps de production et de montage. Je suis déjà chanceux de pouvoir faire un film, peu importe comment il sera diffusé. Aucun film n’est fait exclusivement pour le grand écran, la majorité de la vie d’un film sera à la télévision ou en streaming. Le temps de vie d’un film en salles est très court, même si c’est une étape très importante pour certains films.
Y aura-t-il un Balle perdue 4 ?
G.P. : Là, c’est le dernier… avant le prochain ! Je ne sais pas, on ne peut jamais savoir. En tout cas, ce troisième volet est la conclusion de Balle perdue, de cette histoire-là. Après, si ça repart, ça repartira sur autre chose. Tant qu’il y a des survivants à l’histoire, on peut continuer. Mais pour l’instant, ce n’’est pas le but. Ce n’est pas le genre d’idées que j’ai, il faut attendre la sortie du film. J’ai envie de continuer dans l’action, mais ce sera peut-être dans le domaine de la science-fiction, j’aimerais ouvrir un peu, aller vers des choses de plus en plus ambitieuses… Toujours en France. Hollywood ne m’intéresse pas du tout. Déjà l’anglais, puis la liberté, il me faut le final cut, si je ne fais pas le montage, c’est mort. J’ai envie de continuer de travailler avec mon producteur, qui est français, avec David Julienne, nos techniciens. On a un héritage cinématographique de cascades qui est unique au monde : on a les meilleurs cascadeurs !