Tristan Delacroix a tenu bon. Malgré le gros finish de Victor Loulergue et d’Antoine Raugel dimanche après-midi, lors de la troisième et dernière étape, le sociétaire de l’AVC Aix Provence Dole est parvenu à conserver son maillot jaune pour remporter le Circuit de Saône-et-Loire (voir classements), malgré un coup de chaud dans le final. Un grand bonheur pour l’ancien professionnel, qui est revenu sur ce succès inattendu auprès de DirectVelo.
DirectVelo : Que représente ce succès sur une course par étapes en France, quatre ans après avoir remporté le Tour du Kosovo ?
Tristan Delacroix : C’est vrai que je n’avais pas eu l’occasion de gagner un général en France jusque-là et je n’aurai, je crois, plus l’occasion de le faire (rire). Je vais la savourer, celle-là ! Le premier jour, j’avais dit que sur un malentendu, l’échappée pouvait aller au bout. Le deuxième jour, sur un malentendu, je prends le maillot, et puis aujourd’hui, j’avais dit que sur un énième malentendu, je pouvais le garder. C’est ce qui s’est passé. C’est génial, on a fait la course qu’on voulait faire en mettant Maël (Soranzo) et Charles (Marchandise) devant. Ça nous permettait de ne pas avoir à contrôler le peloton. Ensuite, on a juste eu à suivre les attaques.
Mais le final t’a donné quelques sueurs froides…
C’était juste avant le passage sur la ligne dans l’avant-dernier tour. Je me suis fait un peu surprendre. Je ne m’attendais pas à ce que ça soit si dur, mais Maël m’a super bien ramené avec Joseph (Brookes). Il fallait mettre tout ce que j’avais. Je savais qu’en ne pétant pas avant les 500 derniers mètres dans la bosse finale du dernier tour, je ne perdrais pas 18 secondes dans la descente et dans le sprint final.
« JE NE PENSAIS PAS POUVOIR GAGNER EN ÉLITES »
Victor Loulergue et Antoine Raugel t’ont-ils fait peur ?
J’ai tout mis, mais je suis resté à dix secondes. J’étais en gestion dans le dernier tour et demi. Je n’arrive plus à me mettre à fond comme avant. Je fais avec les moyens du bord. Aujourd’hui, les moyens du bord étaient suffisants, donc tant mieux. Je vais savourer. Je ne suis pas sûr de me retrouver encore dans cette situation cette année. C’est super. Franchement, je ne pensais pas pouvoir gagner en Élite dans ma vie après la redescente en amateur. Je n’ai pas les mots, parce que jeudi soir, je n’y pensais même pas. Je pensais peut-être faire un Top 10 sur une étape… Finalement, on va ramener le maillot jaune à Aix. C’est trop cool !
Pendant quelques kilomètres, tu semblais ne plus avoir forcément le contrôle sur la situation…
Je me suis dit que si tout le monde s’organisait, ils seraient capables de me faire perdre. Finalement, ça s’est regardé. La situation n’était pas complètement catastrophique non plus avec Mark (Lightfoot) qui était dans le jeu devant. Il était incroyablement fort aujourd’hui et aurait pu gagner dans d’autres circonstances, comme Maël. C’est vraiment le travail collectif qui a payé aujourd’hui. On a été super solides. Il n’y a rien à redire. La tactique qu’on a mise en place ce matin au briefing était exactement ce qu’on a fait aujourd’hui de A à Z, du départ fictif aux 500 derniers mètres. C’était du papier à musique.
« DES SEMAINES DE PRESQUE 60 HEURES AU TOTAL »
Et dire que l’an dernier, tu nous avais confié hésiter à arrêter le vélo !
J’ai continué et j’ai eu une opportunité de travail en plus que je fais en freelance avec la société Le French Cyclard, qui fait du textile pour les clubs. C’est un pote qui gère ça. Il me laisse la liberté de m’entraîner comme il se doit. Je m’étais déjà engagé avec Aix pour faire la saison à fond. Ça ne m’empêche pas de faire des semaines entre 20 et 30 heures de vélo, et entre 20 et 30 heures de taf à côté également. Je fais des semaines de presque 60 heures au total. Plus le trajet en voiture tous les jours… Mais on ne peut pas vivre du vélo amateur. Ce n’est pas du tout ma volonté. On trouve des solutions et ça n’empêche pas d’être performant.
Quels objectifs t’es-tu fixés pour ces prochains mois ? Espères-tu, par exemple, conserver ton maillot de Champion de la Région Sud PACA ?
J’aimerais bien, mais je serai au mariage d’une amie de ma copine la veille. Je serai présent, parce que c’est le club qui organise et que je suis tenant du titre. Le principal est que ce soit l’équipe qui ait le maillot. Après, que ce soit moi ou un autre, c’est secondaire. En octobre, je ne serai plus en Élite. Il vaut même mieux que ça soit porté par quelqu’un d’autre, en réalité. Pour le reste, il y aura très vite le chrono par équipes en Coupe de France (le Chrono Champenois, NDLR). Puis il y aura un gros bloc en juin avec le Beaujolais, le Nivernais et les Championnats de France. Mais on va déjà savourer cette victoire, sans trop relâcher la pression car le chrono de dimanche prochain sera très important pour l’équipe.