Début décembre 2021, à l’issue de la première édition de l’exercice Polaris – deux semaines de combat naval de haute intensité en Méditerranée – l’amiral Pierre Vandier, alors chef d’état-major de la Marine, déclarait: « La guerre de demain n’est pas écrite. Il faudra l’inventer ». Même conscient des tensions du monde à l’époque, l’amiral Vandier ne croyait sans doute pas si bien dire. Deux mois et demi plus tard, le 24 février 2022, la Russie décidait en effet d’envahir l’Ukraine, ramenant du même coup la guerre en Europe.

Axé sur les opérations amphibies

Depuis, la situation internationale ne s’est pas améliorée. Prises pour cible au large des côtes yéménites, plusieurs frégates françaises ont même dû tirer des missiles Aster afin de détruire les drones et autres missiles balistiques houthis qui les menaçaient! Loin de baisser la garde, surtout dans le contexte actuel de réarmement généralisé, la Marine nationale continue de se préparer au combat naval. Ainsi, à partir de ce lundi 12 mai et jusqu’au 15 juin prochain, elle va mener un exercice majeur de préparation opérationnelle à la haute intensité baptisé Polaris 25.

D’une moindre ampleur que la première édition qui avait rassemblé 6.000 militaires (dont 4.000 marins), Polaris 25 n’en reste pas moins impressionnant: quelque 3.000 militaires français et étrangers, une vingtaine de bâtiments de surface et une quarantaine d’aéronefs seront mobilisés. En l’absence du porte-avions Charles-de-Gaulle qui, après cinq mois de déploiement dans le cadre de la mission Clemenceau 25, nécessite quelques travaux de maintenance, l’exercice Polaris 25 sera très axé sur les opérations amphibies. Pour preuve: deux des trois porte-hélicoptères amphibies français seront engagés, auxquels s’ajouteront les Lyme Bay et Argus, deux bâtiments amphibies britanniques et le Galicia, leur équivalent espagnol.

Gagner la guerre avant la guerre

Autre nouveauté de cette année, Polaris 25 se déroulera sur la façade Atlantique et en Manche, et non en Méditerranée. « À cela plusieurs raisons, explique le capitaine de vaisseau Florian El-Ahdab, directeur du centre de combat naval. Polaris 25 est en quelque sorte une répétition de l’exercice Orion 26 qui se déroulera en Atlantique. C’est aussi, dans le cadre des exercices complémentaires Bourrasque et Cyclone, l’occasion d’entraîner les bases navales de Brest et Cherbourg à se défendre contre des actions hybrides qui seront menées notamment par les commandos Marine ».

Parmi les autres particularités, on notera que le nombre de pays étrangers participant à cet exercice interarmées Polaris 25 a encore augmenté. Ainsi, outre le Royaume-Uni et l’Espagne précédemment cités, l’Italie, les Pays-Bas, les États-Unis, le Portugal, l’Allemagne, et même le Brésil engageront des unités, notamment au sein du SNMG1, force navale permanente de l’OTAN. Pour le reste, la philosophie reste la même: « L’ambition de cet exercice multimilieux et multichamps est de permettre à deux forces navales – une bleue et une rouge – de s’entraîner de façon symétrique au combat naval. Le tout dans des conditions les plus proches du réel », glisse le commandant El-Ahdab.

Dans un communiqué de presse le ministère des Armées rappelle: « Le concept POLARIS, lancé en 2021, traduit la vision stratégique du chef d’état-major des armées de gagner la guerre avant la guerre et d’être prêt à s’engager en haute intensité ».