Par
Inès Cussac
Publié le
13 mai 2025 à 6h04
C’est « un panthéon de papier et d’écritures » qui entre aux Archives nationales. Ce lundi 12 mai 2025, l’actrice Line Renaud avait rendez-vous rue de Valois, au ministère de la Culture, pour faire don officiellement de ses correspondances, papiers et documents personnels et professionnels à l’État. Devant un parterre de journalistes et entourée de ses amis proches, Dany Boon et Muriel Robin notamment, la célèbre meneuse de revues des années 1960 s’est émue de cette cérémonie. « Voir aujourd’hui mes archives rejoindre les Archives nationales m’émeut plus que tout », a-t-elle indiqué devant la ministre Rachida Dati. « Une vie, une carrière, ça se construit. Pas seule, je dois tout au public. Le public a toujours été ma famille et Dieu merci il l’est encore. D’ailleurs, les archives que je vous confie ne sont pas seulement les miennes. Elles sont la chronique d’une époque. »
Succès, engagement et relations
L’ensemble documentaire offert par Line Renaud retrace en effet plusieurs pans de la vie personnelle et professionnelle de la comédienne de 96 ans et de son mari, le parolier Loulou Gasté. Comme cette lettre adressée à sa maman en 1945, à son arrivée à Paris. « Toute sa carrière est dedans. Elle promet à sa mère tout ce qu’elle allait faire pour réaliser son rêve », résume Michael Carton. Il œuvre depuis 15 ans aux côtés de Line Renaud pour collecter les éléments pouvant constituer un patrimoine historique de la chanson, de la danse, du music-hall ou encore du théâtre ou du cinéma français. « Tout était conservé dans des bureaux à Paris, dans sa maison à Rueil et à Las Vegas », explique-t-il derrière ses lunettes carrées. Lui, comme les biographes de l’actrice Bernard Stora, Jérémy Picard et David Lelait, sont les « garants » de son histoire. « Mes très chers amis, en prenant soin de ma mémoire, vous m’offrez une grande paix. Le jour venu, je partirai le cœur tranquille », a remercié Line Renaud, des trémolos dans la voix.
Dans le salon du prince Jérôme Napoléon, au premier étage du ministère où se déroulait l’événement auquel était d’ailleurs invitée la Première dame, Brigitte Macron, trois vitrines sont installées pour présenter une portion des archives de l’Étoile des neiges. L’une témoigne de la célébrité de la comédienne, avec des affiches de spectacle au Casino de Paris par exemple et des partitions comme celle de Ma cabane au Canada, de Loulou Gasté datant de 1949 et qui vaudra l’un des grands succès de Line Renaud.
Trois vitrines sont présentées au ministère de la Culture pour retracer les succès, l’engagement et les relations de Line Renaud. (©IC / actu Paris)
La deuxième vitrine retrace l’engagement pionnier de la comédienne pour lutter contre le Sida. Un album photo, des courriers de témoignages de personnes séropositives ou encore des remerciements de Pierre Bergé ou Elizabeth Taylor pour son combat mené avec force. « Vous êtes une femme d’engagement », a reconnu Rachida Dati dans son discours. « Avec le Sidaction, vous avez su montrer ce que le sens de la responsabilité suppose. Vous avez toujours rappelé combien la renommée engageait celles et ceux qui en bénéficient. »
« Elle donne tout »
Enfin, une troisième catégorie d’archives rassemble les courriers et les photographies souvenir des relations de l’actrice avec les personnalités politiques qui se sont succédé. Ainsi, par exemple, un cliché de Line Renaud et Jacques Chirac témoigne de leur longue amitié. « À la plus belle, à la plus grande, à la plus adorable, à Line, notre joie. Avec toute notre immense affection, bonne année (poil au ?)», avait noté le président pour souhaiter une bonne année 1988 à la chanteuse.
Parmi les archives, un agenda de 1978 est exposé avec tous les rendez-vous de l’actrice.
« Elle donne tout, elle ne cache rien », ajoute Michael Carton en montrant son agenda annoté de toutes sortes de rendez-vous pour le mois de mai 1978. « Sur 80 agendas, il ne doit m’en manquer que trois ou quatre », assure-t-il avant de préciser : « Line n’est pas passéiste, mais elle aime bien tout conserver. » Une quarantaine de costumes viennent compléter ces éléments désormais placés dans le sanctuaire de l’histoire, aux Archives nationales.
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