À 10 heures devant la préfecture, malgré la modeste mobilisation, les services publics sont représentés dans leur ensemble. Les chasubles des différentes organisations syndicales sont floquées d’un « éduc’action », « hôpital public », « enseignement supérieur », « finances publiques »… Dans sa diversité, la fonction publique a des revendications communes: il faut plus de moyens, revaloriser les salaires, maintenir la rémunération des congés maladie à 100% et abroger le jour de carence.
« On s’adresse à la population »
Pendant qu’une cinquantaine de personnes manifestent sur le parvis, une délégation de l’intersyndicale commence une discussion avec la préfecture. Manon Magagnosc, de la CGT du Var, résume ainsi l’issue de l’échange: « Comme à son habitude, la préfecture a été très attentive à nos demandes. Mais c’est toujours la même réponse conventionnelle: “Nous allons faire remonter ». La syndicaliste insiste: « Aujourd’hui, on s’adresse vraiment à la population ».
Ce message à la population résonne comme un avertissement dans les voix de Nadine et Valérie, respectivement infirmière et assistante sociale en psychiatrie. « Il y a une privatisation rampante de la fonction publique, quel que soit le secteur » avance la première avant que sa consœur ne complète: « L’attaque du service public a des répercussions directes sur la population. Si ça continue, il n’y aura bientôt plus de soins pour tous gratuit ».
Manifester pour le droit à être malade
Delphine, gilet de la CGT sur le dos, se distingue par la poupée Corolle qui pend à son cou. Ses petites mains en plastique tiennent une pancarte « Nous sommes les oublié.es ». L’auxiliaire en crèche, qui considère faire partie « des plus petits de la fonction publique » manifeste « pour le droit à être malade ». « C’est un épuisement professionnel, on nous casse! » déplore-t-elle. La fonctionnaire territoriale dénonce aussi le manque de moyens dans le secteur public de la petite enfance: « Les enfants n’ont plus de jouets et on doit payer nous-même nos pantalons et nos chaussures adaptées ».
Fonctionnaires et publics sont touchés
Cette « austérité » est aussi déplorée par les fonctionnaires de l’éducation nationale, qui regrettent des moyennes d’élèves par classe bien trop élevées. Avec six de ses collègues, Pierre, professeur de physique-chimie au collège Henri-Matisse de Saint-Maximin, a décidé de faire grève. À la rentrée, il s’était réjoui de l’ouverture de deux classes, de sixième et de quatrième, « qui ont permis de baisser le niveau de tension créé par des classes saturées ». Elles seront supprimées l’an prochain. Le professeur craint une dégradation de ses conditions d’enseignement, mais aussi d’apprentissage pour ses élèves.