Par
Thomas Rideau
Publié le
13 mai 2025 à 20h07
Une fête somptueuse s’annonce à Rouen (Seine-Maritime) pour le 14 juillet 2025. Un an après, il y aura comme à nouveau un goût de Jeux olympiques dans la capitale normande. Un projet à « plusieurs millions d’euros » de la Métropole de Rouen qui doit permettre de célébrer la Seine. Mais, à peine le projet évoqué, des élus de la majorité comme de l’opposition grincent des dents et pas qu’un peu.
« On nous demande de faire des choix ! » : la colère de certains élus
En effet, avant même d’évoquer cette célébration, le coût indiqué du projet fait s’étouffer certains élus. « On nous demande de faire des choix. On doit se battre pour des milliers ou des centaines d’euros pour les associations. Récemment, on a dit non pour 6 000 euros à une association des Sapins qui voulait réparer des vélos », fustige Jean-Michel Bérégovoy (EELV), membre de la majorité. Forcément, la venue d’un spectacle a priori dispendieux coince un peu.
Laurent Bonnaterre (Horizons), voit dans ce projet un double problème. De fond et de forme. « On nous prévient la veille d’un weekend de quatre jours pour une réunion importante le lundi. C’est tout le contraire de la transparence ! Et là, on organise une fête à 11 millions d’euros alors qu’on demande des efforts à tout le monde ! »
Une fête « électoraliste »
De son côté, l’élu écologiste dénonce une fête « qui fait un peu électoraliste. Il faut faire attention à ce qu’on fait. Là, on parle d’une fête à 2 millions d’euros [en fait 11 au total, dont 5 supportés par les collectivités, NDLR] pour une journée. On a l’impression que rien n’est trop beau alors qu’il y a de la souffrance de l’autre côté ».
Reste à voir les détails de la programmation. Est-ce qu’une délibération va être votée ? Est-ce que de l’argent privé va venir financer l’événement ? Nous pouvons déjà signaler que la chaîne de télé TF1 est sur le coup.
Laurent Bonnaterre, s’interroge aussi sur le timing. « Lorsque la fête aura lieu, on ne sera plus très loin de la période de réserve électorale [pour les municipales]. En termes de méthode… » Cette période de réserve débute en effet le 1er septembre. En tout cas, le projet, qui est déjà très avancé, ne connaît pas un développement très serein.
Une fête plus chère que l’Armada ?
Ce mardi 13 mai 2025, Marine Caron (élue Horizons d’opposition à la Métropole et à la ville de Rouen) ne mâche pas ses mots. « À Paris, Nicolas Mayer-Rossignol est prompt à dénoncer les passages en force et la brutalisation de la vie publique. À Rouen, il en est le meilleur ambassadeur. »
L’organisation de cette fête ne passe pas du tout. « Nicolas Mayer-Rossignol a demandé aux seuls élus métropolitains, sans consultation des élus municipaux rouennais, de signer un chèque en blanc de 5 millions d’euros pour un projet sur lequel le maire-président travaille avec une direction artistique depuis des mois. » Et d’ailleurs, l’élue se permet de souligner que cette fête ponctuelle « d’une durée d’1h30 » a un coût supérieur à celui de l’Armada (8,4 millions d’euros pour l’Armada dont 3 millions des collectivités).
L’élue demande la convocation d’un conseil municipal extraordinaire.
Les propos sont forcément plus mesurés chez Pascal Delaporte, membre du groupe PS à la Métropole et maire de Val-de-la-Haye. « C’est une belle mise en avant du territoire. C’est un beau projet. Mais effectivement, proportionnellement au temps que ça va durer, ça paraît cher. Alors que partout, on fait des efforts et les dotations baissent », rappelle-t-il.
« Là, maintenant, on va échanger tous ensemble. Il faut voir de quelles retombées peut profiter le territoire », glisse-t-il. Le vote s’annonce très serré.
« Des élus qui cherchent à exister »
Du côté de la majorité, Marie-Andrée Malleville, adjointe à la culture à la Ville de Rouen, accuse le communiqué de Marine Caron d’être un « tissu de mensonges par des élus qui cherchent à exister pour les besoins de leur campagne électorale municipale ».
Et tacle le fait que « s’ils étaient simplement venus à la réunion d’information hier, ils auraient eu les bonnes informations. Thomas Jolly était lui-même présent et a donné de nombreux détails. Mais ils ont préféré jouer la politique de la chaise vide ». Renseignement pris, nous pouvons tout de même noter que le groupe de Marine Caron était présent à cette réunion.
Avec cette méthode, ces élus font le choix de mettre en danger un projet dont les retombées pour l’agglomération rouennaise et Rouen pourraient être exceptionnelles. Ils agissent contre l’intérêt du territoire. Nous le regrettons vivement.
Marie-Andrée Malleville
L’ambiance lors des prochaines réunions des conseils municipaux et métropolitains risque d’être très tendue entre deux camps qui se rejettent la balle de la posture électoraliste. En attendant, le projet de fête exceptionnelle doit encore être validé par des votes. En tout cas, sa naissance se fait dans la douleur.
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