L’initiative vise à renforcer les règles existantes pour favoriser une meilleure valorisation des matériaux, notamment plastiques, issus des véhicules en fin de vie. Le texte prévoit notamment l’instauration d’objectifs obligatoires pour l’intégration de plastiques recyclés dans les nouveaux véhicules. Une mesure présentée comme ambitieuse, mais potentiellement structurante pour l’ensemble de la filière.
Des objectifs ambitieux, mais des défis techniques majeurs
Les constructeurs automobiles européens travaillent déjà à la conception de véhicules plus durables : plus résistants, utilisant moins de matières premières, et plus facilement recyclables, comme le souligne un récent rapport de l’Agence européenne pour l’environnement. Mais le secteur alerte sur la complexité du défi. Un véhicule reste un produit industriel parmi les plus complexes à fabriquer, et le recours à des plastiques recyclés se heurte à des contraintes strictes de sécurité et de performance.
L’industrie prévient : des objectifs trop élevés ou mis en œuvre trop rapidement pourraient aboutir à l’utilisation de plastiques de moindre qualité, inadaptés ou non conformes aux normes de sécurité. Elle plaide donc pour une période de transition réaliste – 72 mois pour les nouveaux types de véhicules – ainsi que pour le développement de nouvelles technologies de recyclage et la mise en place d’une méthode de calcul harmonisée du contenu recyclé.
Préserver l’équilibre entre circularité, sécurité et innovation
Pour les acteurs du secteur, la révision de la directive ne doit pas se traduire par des arbitrages défavorables entre objectifs environnementaux et autres exigences industrielles. La circularité ne doit pas compromettre la sécurité des véhicules, ni freiner l’innovation ou engendrer des émissions supplémentaires ailleurs dans la chaîne de valeur.
Un autre point de vigilance concerne l’origine des plastiques recyclés. Des propositions visant à restreindre leur provenance à l’Union européenne ou à une liste de pays jugés « éligibles » suscitent des inquiétudes. Selon les professionnels, ces limitations risqueraient de réduire l’offre disponible de plastiques recyclés, alors que la demande est appelée à croître. Elles pourraient également nuire aux efforts de coopération internationale, notamment avec des pays émergents engagés dans des démarches de recyclage durable.
Un enjeu au-delà de l’automobile
Au-delà de la seule réglementation des VHU, c’est la crédibilité de l’ambition européenne en matière d’économie circulaire qui se joue. L’objectif affiché est de faire de l’Europe une référence mondiale en matière de recyclage responsable, en conciliant exigences environnementales, faisabilité industrielle et ouverture à la coopération internationale.
La révision de la directive VHU apparaît ainsi comme une opportunité de poser les bases d’un modèle de recyclage ambitieux mais réaliste, adapté aux réalités du secteur automobile. Un équilibre délicat à trouver, mais essentiel pour que cette réforme puisse produire ses effets à long terme.