L’Europe s’attaque aux prix élevés de l’énergie – Les Vingt-Sept actent le principe d’une taxe redistributive visant les entreprises gagnantes de l’énergie chère – Le Monde lundi 12 septembre 2022



L’Europe s’attaque aux prix élevés de l’énergie – Les Vingt-Sept actent le principe d’une taxe redistributive visant les entreprises gagnantes de l’énergie chère – Le Monde lundi 12 septembre 2022

5 comments
  1. Bruxelles – bureau européen –

    A l’entrée dans l’été, alors que la guerre en Ukraine se prolongeait et que la Russie avait déjà drastiquement réduit ses livraisons de gaz, les Européens redoutaient par-dessus tout de manquer de cet hydrocarbure pour l’hiver. Depuis, le Kremlin a fermé le gazoduc Nord Stream 1 et continue à rationner les Européens. Pourtant, vendredi 9 septembre, les ministres de l’énergie des Vingt-Sept, qui se réunissaient à Bruxelles, ne s’en sont pas alarmés. A de rares exceptions près, ils estiment avoir fait le nécessaire pour assurer à leurs concitoyens une relative sécurité énergétique.

    Certes, la Slovaquie et la République tchèque restent dépendantes du gaz russe. Bien sûr, l’industrie allemande ne s’en est pas encore totalement affranchie. Mais dans leur grande majorité, aujourd’hui, les Européens peuvent vivre sans gaz russe : avant la guerre, celui-ci représentait 10 % de leur consommation énergétique ; aujourd’hui, le chiffre est tombé à 2,5 %. La hausse des stocks de gaz – les réserves sont remplies en moyenne à 83 % de leurs capacités au sein de l’Union européenne (UE) –, la baisse de la demande, l’amélioration des interconnexions entre les pays européens et le recours à d’autres fournisseurs – Etats-Unis, Algérie, Norvège, Qatar… – leur ont permis, en un temps record, dese défaire du joug moscovite.

    Mais en pesant de tout leur poids pour prévenir des ruptures d’approvisionnement de gaz, les Vingt-Sept ont contribué à son renchérissement en Europe. D’autant que le Kremlin a su « manipuler » les marchés, comme le répète Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission.

    **Juguler l’inflation**

    Dans la foulée, les prix de l’électricité se sont envolés. En effet, le marché unique de l’électricité prévoit, pour assurer l’approvisionnement de tous, que son prix soit déterminé par le coût de la centrale la plus chère – généralement, une centrale à gaz – qui sera mise à contribution pour répondre à la demande. La sécheresse, cet été, qui a réduit la production hydroélectrique, et les difficultés de plusieurs centrales nucléaires en France n’ont rien arrangé.

    Dans ce contexte, ce n’est plus l’approvisionnement en gaz qui inquiète les Vingt-Sept mais la flambée des prix de l’énergie, qui menace la compétitivité de leurs entreprises et attise les tensions sociales. « Nous avons géré le volet approvisionnement » , mais le problème aujourd’hui, « ce sont les prix élevés » , juge Tinne Van der Straeten, la ministre belge.

    Vendredi, les Vingt-Sept ont donc demandé à la Commission de leur faire des propositions législatives au plus vite – ce sera mardi 13 septembre – qui permettront de juguler l’inflation. « On ne laissera pas tomber nos citoyens et nos entreprises » , a insisté Josef Sikala, le ministre de l’industrie tchèque, dont le pays occupe la présidence tournante du Conseil de l’UE.

    Alors qu’Ursula von der Leyen a déjà présenté, le 7 septembre, plusieurs pistes de travail, les ministres des Etats membres ont cadré le travail de la Commission, en lui soumettant une feuille de route à partir de laquelle ils pourraient s’entendre malgré la différence de leurs mix énergétiques.

    Premier élément sur lequel ils pourraient se mettre d’accord : l’instauration d’un prélèvement sur les profits exceptionnels engrangés par certaines entreprises grâce à la flambée des prix de l’énergie. Ainsi, celles qui produisent de l’électricité à bas coûts (nucléaire, solaire, éolien, charbon…) et la vendent au prix du marché se verraient prélever leurs revenus dès lors que le mégawattheure dépasserait un niveau, compris entre 180 et 200 euros. Les acteurs de l’énergie fossile (géants du pétrole, raffineries…), dont les bénéfices se sont également envolés, se verraient pour leur part soumis à une « contribution solidaire » . Cet argent serait utilisé par les gouvernements pour aider les ménages et les entreprises vulnérables. Une manne appréciable pour les Européens, qui ont, selon le centre de réflexion Bruegel, dépensé 280 milliards d’euros pour faire face à la crise énergétique.

    **Les Vingt-Sept ont également demandé à Bruxelles d’élaborer un plan de réduction de leur consommation d’énergie.**

    Ursula von der Leyen avait évoqué une baisse obligatoire de 5 % de celle-ci aux heures de pointe, durant lesquelles, justement, sont mises en route les centrales à gaz les plus onéreuses. Mais plusieurs pays, dont la Pologne, refusent toute mesure contraignante. Un dispositif volontaire qui deviendrait obligatoire si la situation s’aggravait – sur le modèle de ce que les Européens ont fait quand ils ont décidé, fin juillet, de diminuer de 15 % leur consommation de gaz d’ici au 31 mars 2023 – pourrait permettre de trouver un point d’atterrissage.

    **Achat commun de gaz**

    Autre sujet sur lequel les Vingt-Sept « convergent » , pour reprendre l’expression d’un diplomate : le soutien aux fournisseurs d’électricité à court de liquidités avec des aides publiques accrues et des mécanismes de lutte contre la spéculation, alors que les difficultés de l’entreprise finlandaise Fortum ou de l’allemande Uniper font craindre une vague de faillite.

    Les Etats membres attendent de la Commission qu’elle explore toute autre piste qui permettrait de faire baisser leur facture énergétique, lui demandant notamment d’avancer sur le front de l’achat commun de gaz. S’ils n’excluent pas la possibilité d’introduire un plafond du prix du gaz russe, reprenant ainsi une proposition d’Ursula von der Leyen, ils n’ont pas caché leur scepticisme. « C’est le sujet le plus compliqué. Il faut donner du temps à la Commission » , assure Josef Sikala.

    Alors que le président russe, Vladimir Poutine, a prévenu qu’il ne vendrait plus la moindre goutte d’hydrocarbure aux Européens si une telle mesure devait être adoptée, Bratislava et Prague y sont opposés. A l’inverse, une majorité de pays, quinze, à en croire le ministre italien Roberto Cingolani, dont l’Italie, la Belgique, la Grèce ou encore la Slovénie, militent pour un plafonnement du prix du gaz acheté par l’UE, quelle qu’en soit l’origine. « C’est la seule manière de faire baisser la facture de manière directe, alors qu’on paie le gaz beaucoup plus cher qu’en Asie » , plaide Tinne Van der Straeten. Mais, s’alarment les Pays-Bas ou l’Allemagne, cela pourrait mettre en danger la sécurité de l’approvisionnement de l’UE…

    Virginie Malingre

  2. Mais, mais, Total paye déjà beaucoup de taxes bouhouhohu

    Le secteur privé bouhouhou

    C’est pas de l’évasion fiscale c’est de l’optimisation fiscale bouhouhou

    _____________________________

    Mangez vos morts.

  3. C’est quand même une sacrée pirouette de libéral…”on laisse les entreprises vendre plus cher, mais du coup on prend plus de taxes”, alors qu’il suffirait de plafonner le prix.

  4. >Ainsi, celles qui produisent de l’électricité à bas coûts (nucléaire, solaire, éolien, charbon…) et la vendent au prix du marché se verraient prélever leurs revenus dès lors que le mégawattheure dépasserait un niveau, compris entre 180 et 200 euros.

    Si je comprends bien, on s’est fait avoir en 2022 à cause de la disponibilité du parc nucléaire et maintenant que les réacteurs vont produire, l’Europe va prélever les surprofits d’EDF pour les redistribuer aux Européens ? Tout en continuant à obliger EDF à vendre 25% de son électricité à bas cout et ne taxer les revendeurs sur la partie du prix de vente au dessus de à 200 €/MWh ?

  5. Bah alors, les libéraux, elle est où l’auto-régulation ? Est-ce qu’on pourrait récupérer nos secteurs stratégiques nationaux concernant manger et se chauffer s’il vous plaît ?

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