L’ancien premier ministre et candidat déclaré à la présidentielle de 2027 sort la semaine prochaine Le Prix de nos mensonges (JC Lattès), un ouvrage avec un leitmotiv : «Si nous voulons avancer, arrêtons de nous mentir».

Édouard Philippe accélère. Concurrencé à la fois sur sa gauche par Gabriel Attal, qui pose ses jalons en vue de 2027, et sur sa droite par Bruno Retailleau, que d’aucuns considèrent comme le candidat naturel de son camp après sa très large victoire à la tête des Républicains (LR), l’ancien premier ministre, officiellement en lice pour la prochaine présidentielle, ne veut céder aucun pouce de terrain à ses probables concurrents dans la course à l’Élysée.

Si le maire du Havre (Seine-Maritime) demeure pour l’instant le meilleur atout du bloc central pour se qualifier au second tour et espérer ensuite l’emporter, quelle que soit l’identité de son adversaire du Rassemblement national (RN), les sondages ne révèlent aucune dynamique en sa faveur. À l’inverse, le ministre de l’Intérieur, renforcé par son élection, bénéficie d’une forte percée dans l’opinion.

Pour tenter de faire bouger les lignes, le patron du parti Horizons publiera, le 4 juin prochain, un nouvel ouvrage, Le Prix de nos mensonges (JC Lattès). Un «pamphlet», selon sa propre qualification dans une interview fleuve publiée mardi soir sur le site du Point . «Je suis en colère», écrit d’ailleurs Édouard Philippe en introduction de son livre, rapporte le magazine. Une formule choc pour résumer son sentiment face à la situation du pays, qu’il estime menacé d’«affaissement» et d’«effondrement». «Depuis longtemps, notre exceptionnelle aptitude à nous raconter des histoires m’agace. Nous nous mentons à nous-mêmes. Et donc nous ne réglons pas nos problèmes», détaille l’ancien bras droit d’Alain Juppé, qui le martèle : «Si nous voulons avancer, arrêtons de nous mentir.»

«Nous errons tous dans ce méandre»

Qui est alors responsable de l’état du pays ? «Nous ne sommes pas suffisamment conscients de ce que nous vivons, et nous aimons nous présenter la réalité d’une façon qui nous plaît, plutôt que de nous confronter à ce qu’elle est vraiment», répond Édouard Philippe, qui se refuse à «accuser tel ou tel.» «Nous errons tous dans ce méandre : les responsables politiques, la presse, les Français. Dans bien des domaines, nous refusons de voir la réalité», a-t-il affirmé.

Anticipant les attaques de ceux qui jugeraient son constat trop sombre, Édouard Philippe promet «ne pas chercher à être pessimiste», mais souhaite décrire une «situation difficile» dont il faudra sortir d’une manière ou d’une autre. «Si vous ne dites pas lucidement ce qui ne va pas, alors vous réduisez considérablement les chances de réparer ce qui doit l’être», indique-t-il, tout en soulignant qu’il y a «partout dans le pays, il y a de l’énergie, des pépites, une capacité de rebond». «Nous disposons d’énormes atouts», a-t-il certifié.

Lors de sa déclaration de candidature à la fin de l’été dernier, l’ancien premier ministre s’était engagé à présenter un projet «massif» aux Français. S’il a déjà mis quelques pistes sur la table, il faudra faire preuve de patience : rien ne sera dévoilé avant les municipales de 2026. Pour l’heure, Édouard Phillippe reste évasif. Et s’en tient à «proposer une transformation massive» sur «les éléments qui (lui) paraissent prioritaires», à savoir : «L’école, le modèle social et son financement, la réforme de l’État, la justice».