L’Assemblée nationale a approuvé mercredi la suppression des zones à faibles émissions (ZFE), initiées en 2019 et étendues en 2021 pour limiter les émissions de particules fines en excluant de leur périmètre certains véhicules très anciens et polluants.

« C’est vraiment décevant et terrible comme décision, c’est la santé qui va trinquer », a réagi auprès de 20 Minutes, Anne Lassman-Trappier, de France Nature Environnement, référente qualité de l’air et mobilités. Elle rappelle : « Le trafic routier est l’une des principales sources des pollutions de l’air. Et les ZFE ont fait leurs preuves en termes de réduction des émissions. En France, on parle de 30 % de baisse d’oxyde d’azote dans les villes qui les ont mises en place, accompagné d’une amélioration de la qualité de l’air. »

La spécialiste prend également l’exemple de la « plus grande ZFE du monde », qui couvre toute la métropole de Londres. « La ville britannique a indiqué avoir réduit de 44 % les concentrations de dioxyde d’azote, – associé au trafic routier –, depuis la mise en place de sa ZFE en 2019. »

Mais alors, quel est le bilan des ZFE déployées en France ? Focus sur Paris et Lyon, deux villes qui avaient déjà mis en place le dispositif depuis plusieurs années et qui avaient des très mauvaises qualités de l’air.

A Paris

D’après le dernier rapport de AirParif, un organisme qui surveille la qualité de l’air en Ile-de-France, les émissions de particules fines (PM2,5) dues au trafic routier ont diminué de 32 % depuis 2017, date à laquelle est entrée en vigueur la zone de faibles émissions parisienne, relate France Info. Sur cette diminution, trois points seraient directement attribuables à la ZFE de la métropole du Grand Paris, le reste concerne le renouvellement du parc de véhicules et la réduction des distances parcourues. Toujours selon les données d’Airparif, les émissions d’oxydes d’azote dues au trafic routier ont diminué de 42 % entre 2017 et 2023 dans la métropole parisienne. Et six points seraient directement attribuables à la ZFE.

Dans la métropole du Grand Paris, 77 communes, dont Paris, sont concernées. Dans la zone encerclée par l’autoroute A86, les véhicules les plus polluants, classés Crit’Air 3 ou plus, ont interdiction de circuler [des dérogations sont possibles] depuis le 1er janvier 2025. Cette nouvelle mesure pourrait permettre de diminuer de 14 % les émissions d’oxydes d’azote dues au trafic, et de 13 % des émissions de particules fines également dues au trafic, estime Airparif. Ainsi, le nombre d’habitants exposés « à des concentrations de polluant de l’air supérieures aux valeurs limites réglementaires actuelles » devrait diminuer de 40 %.

Dans un communiqué, la Ville de Paris a appelé à « rétablir cette mesure essentielle ». « La pollution de l’air cause plus de 8.000 décès prématurés chaque année en Ile-de-France », a-t-elle écrit. Les ZFE sont « un outil indispensable pour protéger la santé publique et répondre à l’urgence climatique », a ainsi souligné la Ville de Paris.

A Lyon

La ville de Lyon était, avec Paris, celle où l’on retrouvait la plus mauvaise qualité de l’air. Les premières interdictions pour des véhicules polluants datent alors de 2020, avec une ZFE qui s’étend sur cinq communes autour de la métropole. Selon les chiffres du Monde, cela concerne 24,2 % des véhicules qui étaient interdits ou dont la circulation était restreinte à l’échelle de la métropole.

Depuis 2019, les émissions de NOx ont été réduites de 22 % et celles des particules fines de 11 %, grâce à la ZFE, mais aussi à des mesures sur le chauffage, les transports en commun, selon les données d’Atmo, observatoire de la qualité de l’air, de la région Auvergne-Rhône-Alpes, partagées par la métropole de Lyon. Avec l’interdiction des véhicules Crit’Air 3, Atmo estimait une nouvelle baisse des émissions d’oxyde d’azote de 17 %.

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La collectivité de Lyon est donc passée sous le seuil européen de pollution, pour la première fois cette année. « Une avancée historique qui fait de nous la métropole de la région qui réduit le plus ses émissions », avait réagi Bruno Bernard, président de la métropole. D’après la métropole, ces résultats sont dus à la ZFE qui a permis d’enclencher le renouvellement du parc de véhicules et qui a été un « accélérateur de la transition vers des pratiques de mobilités durables ».

Face à la décision de suppression des ZFE, le président de la métropole s’est exprimé : « La pollution de l’air n’est pas une vague notion de qualité de vie. Elle tue. Elle fragilise. Elle vole des années de vie. Entre 2015 et 2017, notre métropole a enregistré 531 décès prématurés par an, 65 nouveaux cas de cancer du poumon et 193 naissances de bébés avec un poids insuffisant, tous directement attribuables à la pollution atmosphérique. » Selon Santé publique France, 5,3 % des décès annuels sont imputables au dioxyde d’azote généré par le trafic routier dans la collectivité.

Notre dossier sur les ZFE

Pour rappel, les dernières études de Santé publique France montrent que les particules fines sont responsables de 40.000 décès par an en France. Le dioxyde d’azote, dont la première cause d’émissions est le diesel, tue 7.000 personnes chaque année. La pollution présente dans l’air cause 12 à 20 % des nouveaux cas de maladies respiratoires chez les enfants et 7 à 13 % des nouveaux cas de maladies respiratoires, cardiovasculaires ou métaboliques chaque année chez les adultes.