Dans un entretien au Point, l’ancien premier ministre se dit «prêt à servir (son) pays», six mois après avoir été renversé par une motion de censure.

On commence à jouer des coudes sur la ligne de départ vers l’Élysée. À moins de deux ans de l’élection présidentielle, tous les prétendants à la fonction suprême, déclarés ou putatifs, avancent leurs pions. Dans un contexte politique inédit, où la Constitution interdit à Emmanuel Macron de se représenter, les ambitions s’affirment de plus en plus dans la coalition gouvernementale. C’est le cas d’Édouard Philippe, seul candidat officiellement déclaré dans l’espace reliant la droite et le bloc central ; c’est le cas aussi de Gabriel Attal et Gérald Darmanin, qui posent chacun à leur manière leurs jalons en vue de 2027 ; et c’est le cas désormais… de Michel Barnier.

Dans un entretien accordé au Point et publié ce lundi soir sur le site du magazine, l’ancien premier ministre affiche clairement ses intentions : «Je suis prêt à servir mon pays». Si l’ex-négociateur en chef du Brexit certifie ne pas avoir «d’enjeu personnel» et «chercher un poste», il considère que l’échéance élyséenne constituera «un moment clé». Huit mois après avoir été renversé par une motion de censure et cédé sa place à François Bayrou, il espère que ce scrutin donnera un nouvel élan à la vie politique. Et qu’il conduira à des législatives, indispensables pour débloquer la situation à l’Assemblée, devenue ingouvernable et à la majorité introuvable – celle-là même qui l’avait censuré en décembre.

Pour assurer la victoire de son camp, le successeur de Gabriel Attal à Matignon mise sur la désignation d’un unique «candidat de la droite et du centre». Selon lui, «cela devra être un candidat de la droite républicaine, capable de rassembler largement dès le premier tour en allant chercher des électeurs qui nous ont quittés, soit pour ne plus voter soit pour voter plus à droite encore, et des électeurs des formations centristes». Les yeux tournés vers la présidentielle, Michel Barnier se donne tout de même quelques mois pour réfléchir, estimant que «la France ne manque pas de candidats».

«Laisser les choses se décanter»

D’ici les élections municipales et sénatoriales, prévues l’année prochaine, le Savoyard prévoit de promouvoir son livre Ce que j’ai appris de vous (Calmann-Lévy), en librairie le 4 juin, le temps de «laisser les choses se décanter». «En ce qui me concerne, on a tous une part de destin. Nous verrons bien quelles seront les circonstances qui feront qu’on aura besoin de moi», fait-il valoir, estimant que, malgré ses 73 ans, il a encore «le temps» d’accomplir «un mandat», c’est-à-dire cinq années. Dans l’objectif de préparer les esprits à une candidature, Michel Barnier poursuit : «Si le destin m’oriente dans cette direction, comme à chaque étape de ma vie publique, est : “est-ce que je peux laisser une situation meilleure que celle que j’ai trouvée au terme de mon mandat ?”»

Invité lundi soir du «20 heures» de TF1, Michel Barnier a annoncé qu’il se fixerait «trois exigences» avant de prendre toute décision relative à la présidentielle. «Est-ce que je suis à la hauteur de la fonction ? Est-ce que j’ai le bon projet pour la France ? Est-ce que je peux rassembler les Français bien au-delà de mon camp», a-t-il énuméré, exhortant l’ensemble des candidats à l’Élysée à prendre son exemple avant d’entrer dans l’arène électorale.